C’est au début des années 70 que la petite commune d’Éloie (Territoire de Belfort) a vu sa population augmenter de façon considérable, ceci étant certainement dû au phénomène d’exode rural, plus que récurrent au siècle dernier. Quelques années plus tard, et jusqu’alors co-utilisatrice du cimetière de la commune voisine de Grosmagny, devenu trop petit, Éloie s’est vue invitée à assurer elle-même ses propres sépultures.

 07 jardin anges fmtLe Jardin des Anges

 

La question de la parcelle s’est vite posée, et ce n’est que suite à de nombreuses études de sol que le choix des conseillers municipaux s’est porté sur un terrain bordé d’une bande boisée. La volonté première des concepteurs était d’élaborer un cimetière forestier, à l’image des cimetières américains, si particuliers. Finalement, le conseil municipal d’Éloie s’arrêtera sur un projet de cimetière paysager incluant des bandes engazonnées et des espaces forestiers.

La première inhumation en son sein date de la fin des années 75, suite au décès de M. Lucien Duguet, concepteur et fervent défenseur du projet. Selon ses volontés, son corps sera déposé au pied d’un grand chêne.

Ce n’est que bien plus tard, en 2004, suite à une convention signée entre le conseil général du Territoire de Belfort, le centre hospitalier de Belfort-Montbeliard et la commune d’Éloie, que l’on a vu émerger le columbarium, le jardin du souvenir et un espace spécialement dédié aux enfants mort-nés, le "Jardin des Anges", qui peut accueillir jusqu’à 52 sépultures.

Que dit la loi?

"Avant 8 semaines d’aménorrhée, on parle d’embryon et non de fœtus. Dans le cas d’un avortement provoqué ou spontané, il ne peut pas être établi de certificat médical d’accouchement, l’embryon ne peut pas figurer sur le livret de famille et il ne peut prétendre ni à une sépulture, ni à des funérailles.
Passé ces 8 semaines, l’embryon devient un fœtus, et s’il naît sans vie, il est alors possible pour ses parents de choisir s’ils souhaitent lui donner un prénom qui peut être ajouté au livret de famille (si celui-ci existe, car la naissance d’un enfant sans vie ne permet pas d’en obtenir un) ainsi que de lui organiser des funérailles. Ils peuvent également décider de laisser l’enfant mort-né à l’hôpital, qui se chargera de le faire crématiser.

Si l’enfant a vécu même brièvement après sa naissance, il a alors le même statut que n’importe quel autre défunt, doit être déclaré en mairie et figure sur le livret de famille avec ses nom et prénom."

La mort périnatale, impensable dans l’esprit de jeunes futurs parents, surgit pourtant de manière brutale. S’ensuit alors un incontournable désir, de la part de l’entourage de ces familles, à oublier ces instants funestes et à passer à autre chose, le plus vite possible. Cette insupportable indifférence ne facilite pas, loin de là, l’avancée des parents sur le chemin du deuil.

Les sociologues s’accordent pour dire que ce travail de deuil est d’autant plus difficile que l’enfant n’aura laissé que peu de traces de son passage dans ce monde, peu de souvenir et un vécu "ensemble" presque inexistant. Sans oublier le sentiment de culpabilité que peuvent ressentir ces jeunes parents de ne pas avoir réussi à donner la vie, comme ils souhaitaient le faire. La mobilisation des proches, famille, amis est alors primordiale, tout comme la possibilité d’avoir un lieu de recueillement à disposition.

Ça, la commune d’Éloie, l’a bien compris

Lorsqu’on pénètre dans ce cimetière, c’est par un petit portail métallique, gris, sans prétention, qui débouche sur une grande allée arborée, bordée de bancs en pierre. À ce moment-là, un sentiment un peu oppressant vous envahit, certainement dû à la hauteur des chênes qui trônent là, formant une voûte au-dessus du visiteur. Il vous faut remonter entièrement cette allée, alors recouverte d’un épais tapis de feuilles mortes, pour déboucher sur une sorte de petite clairière engazonnée sur laquelle reposent quelques monuments funéraires. C’est là que se dressent le columbarium et son jardin du souvenir, matérialisés par des grandes colonnes de granit clair.

La partie forestière du cimetière est des plus étonnantes

En restant sur l’allée principale, on distingue entre les arbres, centenaires pour certains, des tombes qui semblent surgir du sol et qui donnent l’impression de jouer à cache-cache entre les fourrés. Cette impression de désordre n’est qu’illusoire, on détecte alors la volonté des concepteurs de vouloir se rapprocher de l’ambiance des cimetières américains.

Enfin, on peut apercevoir le "Jardin des Anges"
 
Ressemblant, au premier abord, à un simple mur de pierre paysager bordé d’arbustes décoratifs, on devine sa fonction de mémorial en s’en rapprochant. Il est parcheminé de petites plaques carrées sur lesquelles on peut lire un nom et une seule date. Sa disposition circulaire l’intègre parfaitement dans ce paysage naturel. Ce qui le distingue des autres monuments du cimetière sont les petites têtes de chérubins présentes à plusieurs endroits et significatives de la triste fonction de cet édifice. Le silence s’impose de lui-même quand on se trouve ici, le recueillement est de mise.

Il n’existe, actuellement, que très peu d’endroits comme celui-ci en France, et c’est bien dommage. Il serait souhaitable, à l’avenir, que bon nombre de communes prennent conscience de l’importance de tels lieux de recueillement pour ces familles déchirées. Cette année, cela fait 10 ans que ce projet a vu le jour, et cela méritait d’être souligné.


Claire SarazinSARAZIN Claire 2014 si fmt

 

 

et Mickaël CurtiCurti Mikael02 fmt

 

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