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Dans la métropole parisienne, les cimetières intercommunaux ont une place déterminante. En cette Toussaint 2016, le Syndicat Intercommunal Funéraire de la Région Parisienne (SIFUREP) les a placés au cœur de son colloque annuel, tenu le 13 octobre dernier dans la capitale. Un état des lieux et des enjeux qui s’adosse à une étude dense menée par l’Atelier Parisien d’URbanisme (APUR).

 

Les cimetières intercommunaux ont été créés à partir de 1956 pour compenser la saturation des cimetières communaux. Depuis, les enceintes intercommunales se développent dans le bassin d’action du SIFUREP (96 collectivités, 3,8 millions d’habitants). On en trouve ainsi à Clamart (92), à Villetaneuse, Bondy-Le Pré-Saint-Gervais, La Courneuve et Tremblay-en-France (93), à Chevilly-Larue et Valenton (94).

"Ces cimetières assurent toujours une partie importante de l’activité funéraire, tant dans les inhumations de cercueils (caveaux et pleine terre) que dans l’offre cinéraire (dispersions et inhumations d’urnes)", explique Frédéric Bertrand, architecte urbaniste à l’APUR et intervenant au colloque. "Ils proposent une importante diversité de grands équipements (crématoriums, funérariums, salles de cérémonie...), d’offres de sépulture (ossuaires, jardins du souvenir, columbariums, enfeus). Tous possèdent désormais des carrés confessionnels (israélite, musulman, orthodoxe)."

"Plus de soixante ans après leur création, les cimetières intercommunaux gardent un potentiel de développement funéraire important. Il convient d’intégrer les résultats de cette étude dans l’aménagement des communes, des intercommunalités, de la métropole, tout en gardant comme objectif l’amélioration de la qualité du service public", estime pour sa part Jacques Kossowski, le président du SIFUREP, par ailleurs député-maire de Courbevoie.

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Outre la question de la gestion de la place disponible pour les sépultures dans la région, à lire l’étude, à écouter les débats, nous avons là une sorte de photo en temps réel des pratiques funéraires régionales.
 
De 2003 à 2014, la part d’activité est en hausse quasiment partout. La part du cinéraire y est plus élevée que dans les cimetières communaux. Elle atteint même 65 % à Valenton (Val-de-Marne). Les inhumations d’urnes sont plus courantes que les dispersions dans cinq des sept cimetières concernés. Mais l’inhumation des cercueils restait très largement dominante en 2014, en pleine terre plus qu’en caveau. Aucun lieu ne manque encore de place. Deux d’entre eux pratiquent toujours la concession perpétuelle. Dans un autre domaine, trois (Bondy, Tremblay et Villetaneuse) n’ont plus recours aux produits phytosanitaires pour l’entretien des lieux.

Des sanctuaires patrimoniaux et artistiques

Lieux du souvenir pour les familles des défunts, les cimetières intercommunaux sont aussi des sanctuaires patrimoniaux et artistiques. Certains accueillent de véritables œuvres d’art : Le cippe monumental de Maurice Calka au cimetière du Parc à Clamart, "La Lanterne des morts" d’Henri-Jean Calsat à La Courneuve ou "Les Âges de la vie" de Pierre Székely à Valenton. Cinq d’entre eux sont aussi des arboretums à ciel ouvert. "Ils contribuent de manière importante au patrimoine du XXe siècle en matière d’art, d’architecture, de paysages et d’arts appliqués", souligne Jacques Kossowski.

Le cimetière des Joncherolles (Villetaneuse, au nord de Paris) est à cet égard exemplaire. Conçu par l’architecte et urbaniste Robert Auzelle (1913-1983), il accueille une des œuvres phares du sculpteur Maurice Calka, "Les Trois Parques". Les mosaïques de la grande salle du crématorium ont été réalisées par le peintre et architecte Atila Biro (1931-1987). Quant aux magnifiques portes d’entrée monumentales rouges en lave émaillée, elles sont l’œuvre du sculpteur Pierre Sabatier (1925-2003).

À la croisée de deux communes, Pierrefitte-sur-Seine et Villetaneuse, le site des Joncherolles est aussi l’un des plus grands cimetières paysagers de la région parisienne. Les aménagements réalisés ces dernières années (nouvelles entrées, mobilités douces, accessibilité handicapés, gestion écologique, etc.) en ont fait aussi un lieu de promenade pour les habitants.

Souvent de véritables parcs

À l’instar des parcs et jardins, les cimetières intercommunaux sont devenus des îlots de nature dans la ville. "Ce sont de véritables parcs. Ils contribuent à la trame verte et au rafraîchissement", estiment les auteurs de l’étude, qui notent que "les règlements d’urbanisme des communes (Plan Local d’Urbanisme - PLU) protègent généralement les cimetières intercommunaux tant pour leur vocation que pour leur valeur paysagère".

En sus de cette gestion au quotidien, les cimetières intercommunaux, avec leur réserve foncière, peuvent constituer une réponse au nouveau défi de la gestion de décès massifs dans le cadre du plan ORSEC (Organisation de Réponse de SÉcurité Civile). "Les récents événements nous ont montré qu’il convient maintenant de faire face à ces situations qu’il faut savoir traiter avec dignité et souvent dans l’urgence", note Jacques Kossowski.

"Les cimetières intercommunaux peuvent être des outils de mutualisation de compétences", estiment les auteurs de l’étude et le SIFUREP. Une démarche de valorisation de ces équipements mériterait d’être poursuivie, tant du point de vue culturel (pour les Journées du patrimoine) que dans le cadre d’un observatoire plus large (échange de savoir-faire entre cimetières intercommunaux et communaux, évolution de l’activité, des offres funéraires et des modalités de gestion...). Telle est la conclusion de cette journée d’étude qui a rassemblé plus d’une centaine de professionnels du funéraire.

Au colloque du SIFUREP

Créé en 1905, le SIFUREP gère pour 96 collectivités de région parisienne le service extérieur des pompes funèbres, sept établissements funéraires par gestion déléguée : cinq crématoriums (Mont Valérien à Nanterre, Val de Bièvre à Arcueil, Parc à Clamart, Champigny-sur-Marne, Montfermeil) et deux chambres funéraires (Nanterre, Montreuil).
Lors du colloque du 13 octobre, se sont exprimés Emmanuel Bellanger (chercheur au CNRS), Frédéric Bertrand (architecte urbaniste à l’APUR) ainsi que des gestionnaires de cimetières : Catherine Peligat-Lagrange (Clamart), Brigitte Tripon (Tremblay-en-France). Étaient également présentes à la tribune Valérie Bailly, responsable du développement et de la centrale d’achat du SIFUREP, et sa collègue du syndicat Fanny Beck, directrice juridique.

Résonance n°125 - Novembre 2016

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations