La surpopulation dans les cimetières est un réel problème. Aujourd'hui, les places sont chères. En cause ? Une décomposition des corps de plus en plus lente qui inquiète les experts. Interrogée par Atlantico, Claire Sarazin a accepté de répondre à quelques questions sur ce sujet.

 

Atlantico : Pour quelles raisons certains cimetières en Europe ne peuvent-ils pas accepter de nouvelles inhumations ? Est-ce un problème récent et récurrent ?
 
Claire Sarazin : On commence à manquer de place dans les cimetières, en particulier dans les grandes agglomérations, car ces derniers ne peuvent plus s’agrandir. La plupart d’entre eux devraient même être déplacés car ils sont situés trop près des habitations. S’il n’est pas vraiment récent, ce problème ne peut que s’aggraver.

A : En temps normal, comment un cimetière fonctionne-t-il ?

CS : Nous sommes locataires et non propriétaires d’une tombe. Une concession est "vendue" pour un certain nombre d’années. À la fin de ce qu’on pourrait appeler un "bail", si le concessionnaire ou ses héritiers ne le renouvellent pas, la mairie est alors en droit d’entamer une procédure de reprise afin de libérer la concession. Un délai de cinq ans doit être impérativement respecté après l'inhumation lorsqu'il s'agit d'une exhumation administrative. On procède alors à une exhumation administrative, les restes humains sont placés dans un reliquaire et peuvent être soit déposés dans un ossuaire, soit crématisés. Dans le cadre d'une réduction de corps, qui peut éventuellement permettre de faire de la place dans une tombe, les délais sont bien plus longs. À l'issue d'une procédure de renouvellement, la reprise de la concession ne peut avoir lieu si le corps est encore entier.
 
A : La décomposition des corps est aujourd'hui plus longue, sait-on pourquoi ?

CS : Il y a plusieurs causes possibles. L’obésité, due aux changements d’habitudes alimentaires, peut en être une. La pratique des soins de conservation employant le formaldéhyde également, mais les conséquences de la démocratisation de la thanatopraxie – survenue en France il y a 15 ans – ne seront vraiment visibles que dans quelques décennies.
Il est à noter que la nature du sol joue également un rôle dans la conservation des corps, mais sous nos latitudes, il y a assez peu de cas de momification naturelle.

A : En France, le problème est-il le même ? Si la situation empire, comment y remédier ?

Oui, le problème du manque de place dans les cimetières touche aussi la France, mais on y pratique de plus en plus de crémations et des solutions existent, comme des cimetières verticaux, par exemple. Il y a donc peu de risques pour que nos défunts se retrouvent un jour "SDF".

Voir article Résonance : "Inquiétant ralentissement de la décomposition des corps ensevelis", parution de juillet 2013 n° 92 p. 24

Résonance n'°110 - Mai 2015

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