Le rôle des jurés dans l’évaluation pour l’obtention des diplômes de conseiller funéraire et de maître de cérémonie.

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Yves Messier, responsable
du centre de formation EFFA.

Je sais quel peut être le rôle des jurés lors des évaluations pour l’obtention des diplômes de conseiller funéraire et de maître de cérémonie. Trouvez-vous cette affirmation un peu étrange ? Je l’avoue, elle arrive comme un cheveu sur la soupe. Mais, comme je dis souvent aux étudiants d’EFFA, quand j’énonce quelque chose, j’ai une bonne raison de le faire.

Quelle est cette raison ?

La voici : dernièrement, une jeune femme qui a obtenu son diplôme de conseillère funéraire en province me révélait une chose étonnante. Lors de son évaluation orale pour le diplôme de conseillère funéraire les jurés convoqués par le centre où elle a suivi sa formation lui ont dit : "Vous ne méritez pas le diplôme mais on vous l’accorde quand même." Je lui ai demandé ce qui était à l’origine, selon elle, d’une telle déclaration. Elle m’a dit qu’une question de réglementation lui avait été posée. Les jurés ont estimé la réponse insatisfaisante. D’un air exaspéré, ils ont rabroué la candidate. Pourtant, selon les textes réglementaires, la réponse de la candidate était la bonne.

Cette histoire a suscité en moi quelques réflexions sur le sujet de l’évaluation, des jurés et de l’attitude des formateurs et des évaluateurs dans le cadre de la formation des adultes. La candidate évoquée plus haut a gardé un goût amer de cette histoire et du fait qu’on lui ait dit qu’elle ne méritait pas le diplôme qu’on lui décernait malgré tout. Elle a éprouvé aussi de la colère quand elle a constaté que la réponse qu’elle avait donnée était juste.

Comme je dis souvent aux étudiants d’EFFA : "Vous êtes ici dans un centre de formation pour adultes, et non dans une école secondaire." J’ajoute toujours que je m’attends de leur part à un comportement d’adultes, et ils peuvent s’attendre à la même chose de la mienne. À la lumière du témoignage de la jeune femme, je me pose une question.

L’évaluation est-elle, pour certains :
- un moment d’humiliation ?
- un moment de souffrance ?
- un moment de rabaissement ?

Une évaluation est-elle le moment de rabaisser un candidat "pour voir comment il réagit" ? Est-ce le moment de voir quel est son niveau de résistance ? Est-ce le seul but de l’évaluation de tester l’aptitude à résister et à se maîtriser en situation de dénigrement ? Selon moi, l’évaluation est autre chose. L’évaluation est le moment où le candidat se mesure à lui-même. Le candidat peut évaluer sa prestation ou son action en entreprise. La recherche en éducation démontre depuis près de 30 ans que les candidats qui s’autoévaluent sont souvent bien plus durs envers eux-mêmes que tout évaluateur externe.

L’évaluation est un moment d’apprentissage s’il est bien mené par les évaluateurs. S’ils sont rompus aux techniques de la formation des adultes, ils savent pointer les forces, les compétences et les lieux de perfectionnement vers lesquels le candidat a la liberté de se diriger. Si l’évaluation se passe mal, le candidat ne repart pas exagérément découragé. Il dispose encore du capital d’estime dont il a besoin pour se retrousser les manches et continuer. Pour savoir si l’évaluation est bien faite, il faut définir ce que l’on cherche.

Yves Messier
Responsable du centre de formation EFFA

Résonance n°121 - Juin 2016

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