Vu l'augmentation du taux de crémation en France ces dernières années, beaucoup de collectivités songent à l'aménagement d'un espace cinéraire au sein de leurs infrastructures.

Entre contraintes législatives ou économiques et attentes des administrés, nombreuses sont les problématiques auxquelles sont confrontés les élus dès lors qu'ils entament ce type de projet.

 

Les espaces cinéraires

 

Le développement de la crémation en France étant un fait avéré, nombre de communes ou de collectivités réfléchissent à l'implantation d'un site cinéraire sur leur territoire. Ce type de site, généralement composé de columbariums, de jardin du souvenir et de cavurnes, suivant la façon dont a été pensé le projet, offre, dans la plupart des cas, l'opportunité d'une refonte esthétique de tout ou partie du cimetière qui se traduit souvent par l'apparition d'espaces paysagés contrastant avec les alignements minéraux des cimetières traditionnels.
Ensuite, du point de vue de la responsabilité, sauf rares exceptions, la majeure partie des éléments ou monuments sont à la charge de la commune ou de la collectivité tels que la pérennité des modules (columbarium et structure de dispersion), leur entretien, l’accessibilité aux divers zones et éléments du site ou encore l'esthétique de celui-ci.


La pérennité

 

À propos de la pérennité d'un columbarium, eu égard à la législation relative au respect des défunts, dès lors qu'une seule des concessions de ce columbarium est occupée, il est clair qu’en principe et sauf accord de l’ensemble des ayants droit d’une ou des familles, aucune des concessions occupées ne peut être ni ouverte, ni transformée, ni déplacée. Cela signifie pour une collectivité, lorsqu'elle entame une étude de faisabilité pour la mise en place d'un columbarium, qu’il lui est nécessaire de mener, en amont, une réflexion approfondie, notamment au niveau du lieu de son implantation, de telle sorte que la pérennité du monument soit garantie pour lui éviter, ultérieurement, des problématiques de gestion très complexes.

 

L’entretien.

 

De l’importance du choix initial des matériaux dépendent les frais futurs d'entretien. En effet, l’entretien des lieux tels que cimetières ou espaces cinéraires relève de la collectivité, pour ce qui est du foncier, et il en sera de même pour celui des columbariums.
Là encore, une réflexion en amont est fortement conseillée, au niveau climatique par exemple, afin que le choix des matériaux employés pour la construction des columbariums soit fait en conséquence. Il s'agit là d'éléments clés qui permettront à une collectivité d'optimiser ses coûts de personnel au niveau de l'entretien régulier, et de minimiser ses investissements futurs en termes de rénovation ou de réhabilitation.
Cela dit, si aujourd'hui encore, au vu de la majorité des cimetières, il est vérifié et vérifiable que le granit est le matériau le plus usité, et ce depuis des siècles, alors que les concessions funéraires étaient, il y a encore peu, perpétuelles, il va sans dire que c'est pour ses qualités, connues, de longévité et de résistance face aux intempéries et aux ravages du temps.
Fort de ce constat, on peut difficilement proposer de nouveaux matériaux, car nombre d’entre eux demandent un investissement programmé pour leur entretien. Peinture ou ravalement pour le béton, nettoyage particulier pour des matériaux susceptibles de rouiller ou d'afficher des signes de vieillissement, ces frais, quels qu'ils soient, représentent un surcoût budgétaire à prévoir pour une collectivité.
Pour d’autres encore, de la volonté d'égalité et d’impartialité entre les administrés va dépendre le choix des matériaux. Lorsque les concessions sont individuelles (mini sépultures…), certains administrés, parfois à coup d’efforts financiers voire parfois d’endettement, procéderont à un traitement ou une personnalisation de celle-ci, pour qu’elle soit au moins aussi honorables que celle du voisin, (ce qui est aussi le cas des sépultures funéraires), les columbariums collectifs lorsque bien choisis, respecteront ce principe de traitement d’égalité.
Tous ces critères sont à prendre en ligne de compte, et ce, sans oublier un facteur des plus regrettables… le vandalisme…

 

L’accessibilité

 

Aujourd'hui, le respect des règles d’accessibilité dans les espaces collectifs est une obligation.
Aussi, lorsqu'un maire initie un projet de site cinéraire, avant même l'ouverture du chantier, il doit avoir à l'esprit le fait de pouvoir garantir, à tous, l’égalité d’accès.
Il serait en effet dommage, et surtout de mauvaise presse, dans le cadre de la création d'un nouvel espace dédié aux familles pour le souvenir de leurs défunts, de ne pas avoir pensé aux PMR (Personnes à Mobilité Réduite), que ce soit au niveau des accès, ou encore, dans la mise à disposition de columbariums mal proportionnés qui ne permettraient pas l’accès au recueillement pour tous.
Dans une autre sensibilité, il faut tenir compte de l'importance de la volonté d'individualité des familles, de leur besoin d'intimité dans le recueillement.
En effet, nous constatons parfois que des columbariums hors normes, plus ou moins bien réussis, sont plus proches de "casiers de rangement" ou de "boîtes aux lettres", que de l'idée que l'on a aujourd'hui d'un monument respectueux, autant de la mémoire des défunts que des familles.
Certaines entreprises proposent, aujourd’hui, des études d’aménagement d’espaces cinéraires qui intègrent ces critères "humains".

 

L’esthétique

 

Aujourd'hui les maires ont bien compris qu’il est plus que nécessaire de prendre en compte et d’améliorer sans cesse l’accueil des familles, et surtout, de les accompagner.
Les adaptations et les aménagements que nécessite un espace cinéraire, s’il est traité à la façon d'un jardin de recueillement paysager, pourra permettre au maire d’apporter des réponses à ses administrés.
Le rôle de l’esthétique et de la sensibilité qu'elle traduit, la sérénité d’un espace vert aménagé, ampli de calme et de respect, sont autant de ressenti, au-delà des aspects pratiques et/ou techniques, qui révèle de la prise en compte et de la prise en charge de l’affect des familles. C’est très important, car cela aidera les familles dans le processus de deuil. Elles auront ainsi, et à juste titre, l’intime conviction d’être accompagnées et confortées dans le respect des défunts.
Ce "confort" pour les familles et cette prise en compte de leurs attentes par les élus auront forcément des répercussions positives au sein de la collectivité, et au final, c'est là tout l'intérêt de cette réflexion.

 

En conclusion :

 

Les évolutions qu'impliquent ces "nouveaux" cimetières que sont les espaces cinéraires, seule réponse digne et adaptée à l'augmentation de la crémation, tant au niveau technique ou pratique, qu’en termes d'aménagement et d'esthétique, sont de véritables opportunités à saisir pour les collectivités.
Celles-ci pourront ainsi contribuer à l’amélioration de l’accueil des familles et de leur bien-être dans l'intimité du recueillement, en créant dans les cimetières, souvent austères, une ouverture paysagère. Une "Promenade du Souvenir" dans un jardin pourrait, par exemple, contribuer à rééquilibrer un site généralement très minéral, lui conférant ainsi harmonie, calme et sérénité. À n'en pas douter, il en ressortirait une vraie notion de respect vis-à-vis des familles et de leurs défunts.

 

RES85P80a

Espace cinéraire du cimetière de la commune de Concarneau.

 

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations