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Christophe Lafond, président
du conseil de surveillance
"La Maison des Obsèques".

 

"La Maison des Obsèques" intrigue, "La Maison des Obsèques" intéresse… "La Maison des Obsèques" fait peur ! Afin d'en savoir un peu plus sur le premier réseau funéraire mutualiste, sur ses objectifs et sur les valeurs qu'il défend, nous sommes allés à la rencontre de M. Christophe Lafond, président du conseil de surveillance "La Maison des Obsèques".

 

Résonance : Monsieur Lafond, il y a quelques années, la majeure partie des mutuelles ont retiré le volet prévoyance obsèques de leurs contrats. À l'inverse, on constate aujourd'hui un regain d'intérêt, de la part des organismes mutualistes, pour le secteur funéraire… Pourquoi ce revirement ?

Christophe Lafond : Tout d'abord, nous pourrons observer que les mutuelles ont toutes des pratiques très différentes en matière de prévoyance obsèques. Cela étant, elles affichent toutes une même volonté d'apporter des solutions concrètes à leurs adhérents.
Ensuite, et là, je ne parlerais que de la MGEN, nous avons, de tout temps, été porteurs d'une offre globale, jusqu'en 2015, puis de plusieurs offres globales qui intègrent une prestation pour frais funéraires ainsi que le versement d'un capital. Pour autant, MGEN propose depuis plus de dix ans, en offre additionnelle ou complémentaire, la possibilité de souscrire un contrat de prévoyance obsèques, et, si je ne m'abuse, il en est de même chez Harmonie Mutuelle.
De fait, nous ne nous sommes jamais vraiment détournés de la partie funéraire… nous avons simplement adapté notre offre globale aux attentes de nos adhérents. En effet, lorsque cette offre englobait la prévoyance obsèques, le coût de la cotisation s'en ressentait inévitablement. Aujourd’hui nos adhérents recherchent des solutions globales mais ne sont pas prêts à en supporter les coûts dans une prestation obligatoire, Il nous faut être agile pour être en capacité de répondre à leurs attentes et leur proposer des solutions adaptées et différentiées selon leurs besoins … C'est aussi simple que cela.
De plus, il faut bien être conscient que l'écoute de nos adhérents et les adaptations qui en découlent sont d'autant plus nécessaires que le secteur mutualiste est devenu ultra concurrentiel. Nos interlocuteurs sont, aujourd'hui, des consommateurs avertis, et il est primordial, pour nous, de rester en phase avec leurs attentes afin de leur proposer une offre qui soit en parfaite adéquation avec leurs besoins.

R : Bien plus qu'un simple contrat obsèques, la MGEN, Harmonie Mutuelle, Harmonie Services Mutualistes et MUTAC viennent de donner naissance à "La Maison des Obsèques". Pouvons-nous faire un bref retour sur la genèse de ce projet ?

CL : À l'origine, tout part du partage d'un constat… un constat relatif à un secteur sur lequel nos adhérents attendent que les mutuelles agissent. Ce constat implique l'intervention de plusieurs organismes mutualistes disposant chacun de ses sensibilités et de son savoir-faire.
Forte de ses compétences et de son implication dans le secteur funéraire, c'est MUTAC qui a été l'aiguillon de ce projet. Ensuite, Harmonie s'y est jointe car cela sonnait comme une évidence, tant en termes de population couverte – Harmonie Mutuelle – que de réalisations d'établissements de services et de soins – Harmonie Services Mutualistes – et, pour finir, MGEN dans son ensemble puisque tout y est regroupé.
Nous avions tous trois une envie très forte de collaborer et de travailler ensemble sur ce sujet, d'autant que nous étions arrivés individuellement à la même conclusion : travailler séparément serait trop exigeant par rapport à nos moyens et compétences respectifs. Aussi, ce regroupement à quatre, Harmonie Mutuelle et Harmonie Services Mutualistes étant deux entités distinctes, nous a permis d'atteindre la taille critique qui nous permettrait d'agir sereinement et surtout efficacement au vu des compétences pluridisciplinaires cumulées.
Dès le début 2015,  ce projet a pris la forme d'une création de SAS s'appuyant sur un capital de 30 millions d'euros – nous aurions largement préféré la création d'une mutuelle ou d'une union de mutuelles, mais cela n'était malheureusement pas possible dans ce secteur – et affichant, sans ambages, la volonté de construire un réseau funéraire mutualiste présent sur l'ensemble du territoire. Étant des mutuelles nationales, nous souhaitons apporter ce service à tous nos adhérents, où qu'ils soient… à Paris, Soissons, Orléans, Bergerac ou Espalion… Aussi, il va nous falloir travailler à la recherche de solutions pour décliner tout cela, et nous aurons certainement recours à différents modes de développement pour atteindre nos objectifs. Nous sommes disposés à travailler avec tous ceux qui sont de bonne volonté.

R : Vous avez évoqué l'aspect ultra concurrentiel du secteur mutualiste. “La Maison des Obsèques“ regroupe, à ce jour, quatre actionnaires : MGEN, Harmonie Mutuelle, Harmonie Services Mutualistes et MUTAC. Faut-il en conclure que l'entrée au capital est fermée, ou d'autres organismes mutualistes auraient-ils la possibilité ou seraient-ils déjà susceptibles de vous rejoindre ?

CL : À très court terme, ce n'est pas prévu. En revanche, dans un second temps, les actionnaires fondateurs ne sont pas opposés à cette possibilité, et c'est avec beaucoup d'attention que nous étudierons les propositions des organismes qui souhaiteraient nous rejoindre. Je dirais simplement qu'il faut laisser du temps au temps. Nous devons d'abord édifier et consolider notre réseau.

R : "La Maison des Obsèques", à travers MGEN et Harmonie Mutuelle, c'est près de 8 millions d'adhérents cumulés, et environ 150 000 contrats de prévoyance obsèques souscrits auprès de la MUTAC. Au regard des attentes de vos souscripteurs et adhérents, quelle est la vocation première de "La Maison des Obsèques", et quelles réponses va-t-elle leur apporter ?

CL : La vocation de "La Maison des Obsèques", c'est, tout d'abord, de mettre les mutualistes que nous sommes en capacité d'agir dans le secteur funéraire et d'y apporter des réponses et des solutions à nos adhérents. Bien sûr, nous ne serons pas en mesure d'apporter les mêmes réponses et de proposer une offre uniforme sur l'ensemble du territoire dès janvier 2017, mais nous nous inscrivons dans une belle dynamique de développement. Nous sommes ouverts pour travailler, d'une part, avec l'Union du Pôle Funéraire Public (UPFP), c'est tout le sens des accords que nous avons signés en novembre dernier à l'occasion du salon FUNÉRAIRE PARIS 2015. Mais aussi avec le secteur privé, par le biais d'acquisitions, avec des entrepreneurs qui souhaitent se rapprocher de nous afin d'envisager soit une cession ou une reprise, soit une continuité sous une forme à définir.

R : À l'évidence, votre stratégie de développement s'appuie à la fois sur une croissance interne et sur une croissance externe. Quels sont vos objectifs à plus ou moins court terme ?

CL : Bien sûr, lorsque j'évoquais différents modes de développement, c'est bien évidemment à cela que je faisais allusion.
Nous ambitionnons la création d'environ 400 agences sur huit ans, et pour atteindre cet objectif, il ne va pas seulement falloir attendre la venue de ceux qui souhaiteraient nous rejoindre, nous nous devrons d'être proactifs et dynamiques pour aller au-devant de nos interlocuteurs afin de mailler intelligemment et de façon cohérente le territoire. Là encore, notre partenariat avec l'UPFP revêt une importance capitale.

R : Justement, ce partenariat avec l'UPFP, que représente-t-il pour "La Maison des Obsèques" ?

CL : Cette signature avec l'UPFP, elle est marquante, parce qu'elle représente la volonté d'un rapprochement entre les élus, les communes, les collectivités et le monde mutualiste. C'est assez inédit, et ça a du sens… une certaine idée de citoyenneté et de proximité.
Pour le moment, nos accords concernent essentiellement de grandes agglomérations telles que Paris, Lyon, Tours… Mais nous sommes aussi en contact, bien avancé, avec des villes plus modestes, en Bretagne par exemple, où nous serons bientôt en capacité de nouer de nouveaux accords. C'est là tout notre challenge, essayer de mailler au plus près de nos adhérents et de toutes les familles, secteur par secteur, région par région, et parvenir progressivement à couvrir l'ensemble du territoire.
De plus, vous n'êtes pas sans savoir que MUTAC est déjà partenaire de l'UPFP depuis de nombreuses années, et les valeurs que nous défendons avec MUTAC, nous les partageons également avec l'UPFP… Elles sont le socle de notre partenariat !

R : Outre les 8 millions d'adhérents cumulés, MGEN, Harmonie Mutuelle, Harmonie Services Mutualistes et MUTAC, ce sont également près de 600 établissements de services et de soins. Dès lors, quand vous parlez de proximité, vous maîtrisez le sujet. À l'image des opticiens mutualistes, souhaitez-vous faire de "La Maison des Obsèques" une sorte de prolongement de cette proximité vis-à-vis de vos adhérents ?

CL : Oui, absolument…
Nous partageons avec nos adhérents – mais aussi nos partenaires, et pas seulement du secteur public, puisque nous collaborons également avec des acteurs privés – une certaine façon de voir les choses, des valeurs de respect, d'humanité, de citoyenneté et de responsabilité, ainsi que nombre de concepts… la proximité en est un, l'accessibilité est un autre. Ces derniers nous tiennent d'ailleurs particulièrement à cœur !
Comme vous l'aurez compris, "La Maison des Obsèques", c'est un partage de valeurs, mais aussi et surtout une volonté de répondre, dans une grande diversité de solutions. Nous ne cherchons pas à occuper le marché, nous pensons que l’idéal serait que chaque famille ait le choix entre un acteur public, un acteur privé et un acteur du non-lucratif
L'accessibilité, je le répète, mais c'est vraiment une notion qui nous est très chère, est un point crucial. Nous avons pour volonté de faciliter l'accès, pour nos adhérents, à des prestations de qualité avec des “restes à charge“ maîtrisés ou des coûts qui soient maîtrisables. C'est une volonté, humaniste, de faire en sorte qu'il y ait une certaine équité, tant au niveau du territoire, qu’au niveau des situations ou du pouvoir d'achat… Équité entre celui qui aura le choix de l'opérateur, et celui qui n'aura que deux agences dans son département, afin que tous deux puissent bénéficier du même niveau de prestations, tant en qualité qu'en services proposés. C'est la raison d'être de "La Maison des Obsèques" et c'est la vocation de notre réseau funéraire mutualiste.

R : Vous parlez de collaboration avec des acteurs privés, certains vous ont donc déjà manifesté leur intérêt pour "La Maison des Obsèques" ?

CL : Bien sûr, certains l'ont même fait en amont de FUNÉRAIRE PARIS 2015, alors que la SAS venait tout juste d'être constituée.
Ces prises de contact et les négociations qui s'ensuivent sont un travail de longue haleine… Nous sommes en relation depuis plus de six mois avec certains privés, et la première concrétisation vient d'avoir lieu fin juin. "La Maison des Obsèques" vient de faire sa première acquisition d'une entreprise familiale privée. D'autres devraient également être signées dans les semaines à venir…
Dans le cadre de notre croissance externe, nous souhaitons laisser le temps de la réflexion à nos interlocuteurs, et, une fois cette étape dépassée, nous instaurons une phase d'échanges, avec les entrepreneurs souhaitant continuer à nos côtés.
Notre méthodologie, quant aux procédures d'acquisitions, s'inscrit en droite ligne avec nos valeurs et nos convictions mutualistes.

R : Pour conclure, "La Maison des Obsèques" éveille beaucoup d'intérêt, beaucoup de curiosité, voire des craintes pour certains… Si vous deviez définir en quelques mots ce réseau funéraire mutualiste et les valeurs qu'il porte, quels seraient-ils ?

CL : Dans un premier temps, et afin d'apaiser les craintes, nous n'avons pas la volonté d'occuper le marché, mais simplement celle d'être l'un de ses acteurs… un acteur mutualiste avec des valeurs mutualistes. Et comme tout bon organisme mutualiste, nous nous devons d'être partout.
Ensuite, je préciserais que notre seul et unique objectif est de répondre, au mieux, aux attentes de nos adhérents respectifs… et dans le plus grand nombre. En effet, nous souhaitons satisfaire le plus grand nombre, car, avec Harmonie Mutuelle, nous sommes en passe de construire une grande union mutualiste de groupe qui rassemblera, au-delà de MGEN et d'Harmonie, d'autres mutuelles, certes plus modestes, mais qui porteront tout de même le nombre d'adhérents cumulés de 8 à 10 millions.
Prime donc, pour nous, la satisfaction de nos adhérents et, plus largement, de l'ensemble des mutualistes. Cela étant, tous ceux qui s'adresseront à "La Maison des Obsèques", mutualistes ou non, bénéficieront du même accueil et des mêmes prestations. Vous évoquiez les “Opticiens Mutualistes“… Aujourd'hui, leurs prestations ne sont plus seulement réservées à nos adhérents, tout le monde peut y avoir accès, avec un concept, des principes et des valeurs qui caractérisent le monde mutualiste. Pour "La Maison des Obsèques", il en sera de même. Là encore ressort notre souci d'équité.
De même, notre conception de la satisfaction de nos interlocuteurs va de l'accessibilité de nos offres à la capacité que nous aurons à répondre à leurs demandes de personnalisation… aussi diverses et insolites soient-elles, et à la proximité que nous pourrons avoir avec eux.
C'est afin d'établir cette proximité avec les familles que notre développement sera polymorphe. Nos accords avec l'UPFP en sont une forme, la croissance externe en est une autre. De plus, nous ne sommes pas fermés à des opportunités de franchises et d'autres formes de partenariat. Je le répète, mais notre objectif, “in fine“, est de disposer de près de 400 agences dans les huit prochaines années.
Enfin, le spectre générationnel de nos adhérents étant très large, toujours dans l'idée de renforcer ces notions d'accessibilité et de proximité qui nous sont chères, nous misons également énormément sur la multicanalité, tant pour l'information que pour la diffusion de nos offres… C'est essentiel !

R : Monsieur Lafond, merci pour toutes ces informations. Y a-t-il une dernière précision que vous souhaiteriez nous apporter ?

CL : Les accords avec l'UPFP étant les premiers à avoir été signés, et les premiers sur lesquels nous avons communiqué, beaucoup nous assimilent au public. Je tenais simplement à réaffirmer une nouvelle fois notre volonté de collaborer également avec les acteurs privés du secteur funéraire. C'est avec plaisir que nous échangerons avec eux, et, s'ils le souhaitent et s'ils partagent nos valeurs, que nous les accueillerons au sein de "La Maison des Obsèques".

Steve La Richarderie

Résonance n°122 - Juillet 2016

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