Après le rappel de l’importance des questions religieuses en matière funéraire faisant suites, notamment, au rapport rendu au ministre de l’Intérieur en septembre 2006, seront étudiés sous la forme de tableaux et encadrés les principes relatifs aux rapports entre les opérations funéraires et les religions.

 

I - Personnes publiques, religions et funéraire

 

Rapport "Machelon"

Alors que les sénateurs Jean-Pierre Sueur et Jean-René Lecerf préconisaient dans leur important rapport sur le bilan et les perspectives de la législation funéraire ("Sérénité des vivants et respect des défunts" : Les rapports du Sénat 2005-2006, n° 372 p. 92) de ne pas modifier la législation concernant la question des carrés confessionnels et de respecter les recommandations édictées dans les circulaires de 1975 et 1991 (voir, sur le régime juridique des carrés confessionnels : D. Dutrieux, "Cimetières : les carrés confessionnels" : Le Journal des Maires, mars 2001), la "Commission" présidée par le professeur Jean-Pierre Machelon, mise en place par le ministre de l’Intérieur, vient faire des propositions de modifications importantes (Rapport de la Commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics présidée par le professeur Jean-Pierre Machelon, rendu au ministre de l’Intérieur le 20 sept. 2006).

 

Développement des carrés confessionnels

En effet, outre la prise en compte de la volonté exprimée par les personnes décédées tant concernant le pouvoir de police des maires que la délivrance des concessions funéraires (art. L. 2213-9 et L. 2223-13 du CGCT), la Commission souhaite un développement des carrés confessionnels notamment en privilégiant le cadre intercommunal. Toutefois, afin d’éviter un "afflux", dans les carrés confessionnels déjà créés, de demandes d’inhumations de personnes décédées dans les communes environnantes, la Commission propose même de prévoir la possibilité de vérifier la domiciliation des intéressés (à noter que cette proposition a de quoi surprendre en ce sens que le droit à l’inhumation appartient à d’autres personnes que celles domiciliées dans la commune ; art. L. 2223-3 du CGCT).

La Commission va cependant plus loin en indiquant que s’il s’avérait que la solution de compromis que constitue le carré confessionnel se révèle trop fragile (en relevant qu’une privatisation d’un espace public comme un cimetière communal ne paraît acceptable), il vaudrait finalement mieux permettre par voie législative, malgré les risques de crispation communautaire, d’autoriser l’agrandissement, voire la création de cimetières privés (le préfet - art. R. 2213-32 du CGCT - délivrant les autorisations d’inhumation, le maire étant chargé de la police de ces lieux de sépulture - art. L. 2213-10 du CGCT).

 

Pluralité d’ossuaires

Par ailleurs, si la prohibition de l’inhumation sans cercueil est rappelée, la Commission, concernant l’expiration des concessions funéraires, invite les maires à créer au moins deux ossuaires afin que l’un d’entre eux puisse accueillir les restes des personnes ayant manifesté leur opposition à la crémation, et insiste pour qu’existent des ossuaires spécifiques à chaque carré confessionnel.

Il demeure que ces propositions, s’inscrivant dans la volonté revendiquée de ne pas modifier la conception française de la laïcité, ont pour effet, une fois encore, de faire reposer sur des initiatives locales initiées par les maires soucieux de gérer au mieux les différentes revendications des communautés, la gestion de questions sur lesquelles devraient intervenir, plutôt que de simples circulaires, le législateur, voire - en cas d’obstacle constitutionnel - un référendum, afin de proposer de vrais principes permettant une intervention municipale juridiquement sécurisée (les carrés confessionnels - il est important de le rappeler - demeurent de simples situations de fait sans reconnaissance légale).

 

II - Religions et opérations funéraires


Trois questions seront traitées :
- la crémation,
- le don d’organe,
- la préparation des corps et les sépultures.

Ces tableaux sont nécessairement limités ; peuvent être utilement consultés, pour ceux qui souhaitent approfondir ces questions, les ouvrages suivants : "La mort : Actualité des religions", guide hors série, 2002, et Muriel Ghys, "Guide pratique - Rites funéraires et religions" : Les Amis du Musée Funéraire National (AMFN), février 2004 (1).

 

A – Religions et crémation

Attitude des religions à l’égard de la crémation

Religions qui admettent ou préconisent la crémation :
- Catholicisme :
            Église anglicane,
            Église catholique libérale,
            Église catholique romaine,
            Église vieille catholique,
            Église du Christ (scientiste),
            Mormons,
            Témoins de Jéhova.
- Protestantisme :
            Baptistes,
            Calvinistes (réformés),
            Luthériens,
            Méthodistes,
            Moraves,
            Presbytériens,
            Salutistes,
            Société des Amis (quakers).
- Bouddhisme.
- Hindouisme.
- Sikhisme.
- Adventistes du 7e jour.
- Juifs libéraux.

Religions qui n’admettent pas la crémation car elle contrarie leur dogme :
- Église orthodoxe grecque.
- Église orthodoxe russe.
- Juifs orthodoxes.
- Parsisme (zoroastrisme).

Religion qui "ignore" la crémation et donc ne la pratique pas :
- Islam (Musulmans).

 

Source : "Dossier crématiste" réalisé par la Fédération Française des Crématistes (FFC) en 1985

 

B – Religions et dons du corps et d’organes

 

  Don d’organes Don du corps à la science
Judaïsme "Théoriquement" autorisé mais interdit en pratique Interdit
Catholicisme Autorisé Autorisé
Orthodoxie Autorisé avec l’accord du donneur Réserves
Protestantisme Autorisé Autorisé
Islam Autorisé pour sauver une vie (précautions particulières) Interdit
Hindouisme Autorisé Autorisé
(corps incinéré ensuite)
Bouddhisme Autorisé avec l’accord du donneur Autorisé

 

C – Religions, préparations du corps et sépultures

 

  Toilette rituelle Mise en bière Délai Soins de conservation Cercueil Sépulture
Israëlites Oui (Tahara) Dispositions spéciales Le plus bref possible (24 h) Interdits Simple et étoile de David Étoile de David, tables de la Loi ou citation en hébreu
Catholiques Non Entreprise de PF Non Autorisés Crucifix ou croix Pierre tombale et croix
Orthodoxes Non Entreprise de PF (icône ou croix) Non Autorisés Croix simple Croix orthodoxe
Protestants Non Entreprise de PF Non Autorisés Croix nue ou huguenote Tombes sans signe ou simple croix
Musulmans Oui
(important)
Dispositions spéciales Le plus bref possible (24 h) Interdits Sobre, vert, éventuellement un croissant Vers La Mecque, symboles de l’Islam
Indhousites Oui (habillage rituel) Pas de
dispositions
Le jour même Interdits Pas de
particularités
Crémation systématique (dispersion des cendres)
Bouddhistes Non Entreprise de PF (et rites particuliers) Non Autorisés Pas de
particularités
Pas de
particularités

 


Damien Dutrieux,
consultant au CRIDON Nord-Est, maître de conférences associé à l’Université de Lille 2.

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations