C'est à Toulouse, ville chantée par Claude Nougaro et chère aux amateurs de l'ovalie, que se sont réunis, le 26 septembre dernier, bon nombre des gestionnaires de crématoriums français à l'occasion du colloque UGCF 2012. Une nouvelle fois sous l'impulsion de Pierre Vidallet, cette journée aura été l'occasion de traiter de divers sujets tels que l'optimisation du coût du combustible, une projection de l'évolution possible du métier au vu du cas espagnol, le lobbying, la gestion émotionnelle du personnel, les évolutions techniques en matière de filtration, ou encore, la résomation. Très riche d'enseignements, ce colloque s'est également vu être l'occasion pour Jean-Pierre Sueur, président de la commission de révision des lois du Sénat, de s'exprimer sur diverses problématiques relatives à l'ordre du jour.

 

Ce colloque UGCF 2012 avait pour thème : "Ensemble, fédérons un métier !"
Alors quoi de plus logique que la métaphore du rugby, des valeurs et de la cohésion qu'exige ce sport… quoi de plus logique que le berceau du Stade Toulousain pour accueillir les gestionnaires de crématoriums venus assister au séminaire. Pierre Vidallet, président de l'Union des Gestionnaires des Crématoriums Français (UGCF), ayant confié l'organisation de ces journées à l'agence "À la Une" dont le dirigeant n'est autre que Didier Lacroix, ancien joueur du Stade Toulousain, que les participants ont eu le plaisir de visiter, la veille, découvrant les infrastructures du club champion en titre du Top 14.

Le lendemain matin à 8 h 30, rendez-vous était donné aux participants, exposants et autres intervenants. En ouverture, Pierre Vidallet a tout d'abord souhaité la bienvenue aux personnes présentes puis a passé en revue le programme de la journée avant de laisser la parole au premier intervenant.

 

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Pierre Vidallet, président de l’UGCF.
 
"Comment réduire la facture de gaz en faisant jouer la concurrence"

 

L’intervention de Jean-Michel Philip, DGA du SIGEIF (Syndicat Intercommunal pour le Gaz et l’Electricité en Île-de-France) a suscité le plus grand intérêt auprès du public car elle abordait l'un des aspects financiers de la gestion d’un crématorium et par voie de conséquence, sa rentabilité.

Le SIGEIF, créé en 1904, fait aujourd'hui autorité dans l’organisation de la distribution publique de l’énergie en Île-de-France pour 184 communes, soit près de 5,3 millions d'habitants. Depuis 2004, il est le coordonnateur d’un groupement de commandes gaz, mais pourquoi un tel regroupement ?

Ce groupement se compose de 267 membres (122 communes, 12 offices publics de l’habitat, la région IDF et ses 360 lycées, les conseils généraux du 92, 94, 78 et leurs collèges, 97 collèges et lycées, 7 structures intercommunales, la chambre des métiers et de l'artisanat du 93, 12 hôpitaux et 12 CCAS) soit 5 000 sites et représente une consommation de 1,7 TWh.
Un contrat pour de tels volumes est forcément soumis au Code des marchés publics, ce qui présente certains avantages, notamment depuis la suppression du monopole de fourniture depuis 2004. D'une part, ce type de procédure évite l'effet d'érosion des relations fournisseur/client, et d'autre part, il actionne un certain nombre de leviers tels que l'effet "volume" ou l'effet "image" (ici : Les collectivités d'île-de-France) qui stimulent véritablement la concurrence entre les différents fournisseurs tout en simplifiant leur démarche.
Concernant les membres de ce regroupement, le fonctionnement se veut très simple. Passé les formalités d'adhésion, le SIGEIF recense et centralise les besoins de l'adhérent, l'accompagne et analyse pour lui les offres tout en lui laissant toutes ses prérogatives de "client".

Au final, le SIGEIF réalise près de 4 millions d'euros d'économie par an, dont il fait bénéficier ses 267 membres. Voilà un bel essai transformé qui n'a pas laissé les participants indifférents, au contraire. Les similitudes en termes d'entités et de besoins sont telles qu'une même démarche serait tout à fait envisageable au travers d'un regroupement de crématoriums !

 

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De gauche à droite Jean Neveu,
Jean-Michel Philip, DGA du SIGEIF.

 

"L’impact de la crise sur la transformation ultrarapide du métier en Espagne : Un destin inéluctable pour la France ?"

 

L’intervention de Juan Antonio Zarco, directeur d’Hygeco International Espagne, filiale du groupe 'De Facultatieve', s'est avérée fort intéressante. Elle était consacrée à une projection possible de l'évolution du mode de gestion des crématoriums en France, en se basant sur la situation espagnole actuelle. En effet, austérité économique oblige, les Ibères ont assisté à une privatisation progressive des crématoriums et il est d’ores et déjà acquis que les équipements de Madrid devraient l'être d'ici 2016.

 

l'assistance fut très attentive dès lors qu'il s'agissait d'une évolution possible de leur quotidien

 

Le second intérêt de cette intervention était un large tour d'horizon du marché funéraire espagnol et de son évolution, le tout s'appuyant sur de nombreux chiffres dont on retiendra que le nombre de décès moyen est de 380 000/an sur l'ensemble du territoire national, pour une proportion de crémation en 2010 qui avoisine les 22 %, les villes de Madrid, Barcelone, Valence et Séville enregistrant ces dernières années un taux de crémation moyen de 45 %. Enfin, le coût de la crémation, en Espagne, varie de 95 € pour la ville de Soria à 900 € pour Salamanque.
Là encore, l'assistance fut très attentive dès lors qu'il s'agissait d'une évolution possible de leur quotidien.

 

"Intervention vidéo de Jean-Pierre Sueur, président de la commission des lois du Sénat."

 

Après une courte pause-café, l'assistance a pu assister à la projection d'un enregistrement vidéo de l’intervention de Jean-Pierre Sueur, réalisé quelques jours plus tôt au Sénat, exclusivement pour ce colloque UGCF 2012. Le président de la commission des lois y présente sa vision actuelle du secteur funéraire ainsi que sa volonté de revoir certains des aspects législatifs qui le régissent afin qu’ils soient en parfait accord avec les pratiques modernes contemporaines.
Avant de parler d’une possible négociation à venir avec les professionnels du secteur, à propos d’un schéma directeur des implantations de crématoriums visant à stopper la création irréfléchie de sites qui sévit ces derniers temps, le sénateur Sueur a jugé les exigences, en termes de filtration, tout à fait normales, et a suggéré aux gestionnaires de crématoriums qui n’auraient pas encore équipé leur site, de ne surtout pas jouer "la montre", cela étant à ses yeux une très mauvaise idée à tous points de vue.
Pour conclure, il a abordé le thème de la formation, soulignant qu’il serait judicieux d’établir un programme adapté aux spécificités professionnelles propres aux sites de crémation.
 
"Le lobbying : Un atout pour notre profession ?"

 

L’intervention de Stephan Denoyes, diplômé en droit public, consultant dans un cabinet de lobbying et en communication stratégique avait pour thème le lobbying. Inconnu ou plutôt méconnu de beaucoup, le lobbying ne laisse pourtant rien au hasard. M. Denoyes est venu présenter son métier et ainsi expliquer à l'assistance tout l'intérêt de ces démarches qui ont pour but, in fine, de faire de ceux qui les utilisent, des acteurs incontournables auprès des pouvoirs publics, dans les prises de décisions ou dans l'élaboration d'un projet de loi. Le fait qu'un tel sujet soit abordé laisse présager de la volonté de l’UGCF de peser, à terme, dans la balance et d'interagir avec le législateur aussi bien au niveau français qu’européen.

 

L’objectif est vraiment d’accompagner cette décision publique, de circonscrire ses effets, et surtout, de ne pas la subir

 

Pour bien réussir une action de lobbying, il vaut mieux que celle-ci s'appuie sur une stratégie. Il ne faut pas agir trop tard, au coup par coup ou dans un schéma d'action/réaction, il est préférable d'agir sur le long terme, en tenant compte des tendances politiques et de subordonner les moyens aux objectifs.

En conclusion, M. Denoyes a réaffirmé la vocation du lobbying qui est de peser sur la décision publique, parce celle-ci, quelle que soit sa forme, peut présenter des avantages, mais peut aussi et surtout, présenter un risque pour les acteurs économiques et sociaux. L’objectif est vraiment d’accompagner cette décision publique, de circonscrire ses effets, et surtout, de ne pas la subir.


"Comment gérer la charge émotionnelle du personnel dans nos établissements ?"

 

Le contenu de l’intervention de Cynthia Mauro, psychologue, docteur en psychologie et vice-présidente de la société de thanatologie, fait l'objet d'un article dans la rubrique "Dossier" de ce magazine page xxx.

À suivre

 

Steve La Richarderie

 

 

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations