La dignité est-elle à géométrie variable ?
 
À l’heure où ces quelques lignes s’écrivent, une autre "affaire", - une de plus, me direz-vous -, vient défrayer la chronique médiatique dominicale de ce 11 mai. Une défunte reposant en chambre funéraire se fait dépouiller de quelques valeurs. Acte sordide s’il en est. Transférée à titre conservatoire dans une seconde chambre funéraire, une nouvelle violation sera réalisée quelques heures après. Le degré zéro de l’indécence est atteint.
 
Hasard ou acharnement ? L’enquête le dira.
 
Le respect et la dignité pour les personnes défuntes sont des devoirs fondateurs de notre humanité. Ces valeurs ne sont pas à géométrie variable, et selon le philosophe Paul Ricœur, cette notion de dignité renvoie à l’idée que "quelque chose est dû à l'être humain du fait qu'il est humain".
 
Apparemment, ce n’est pas compris par tout le monde.
 
Un petit rappel s’impose donc : le Conseil constitutionnel a élevé la dignité au rang de "principe à valeur constitutionnelle" au sujet de la loi dite "de bioéthique". La dignité est donc considérée comme partie intégrante des droits de la personnalité, qui sont, est-il besoin de le souligner, inaliénables.
 
La dignité est un devoir moral et une nécessité impérieuse. Kant, dans sa "Critique de la raison pratique", accorde ce concept à tout homme en tant que "qu’être raisonnable". Une nouvelle fois, on est en droit de se demander ce qui anime les individus se livrant à de tels actes répréhensibles, ou ceux qui, se prétendant spécialistes du funéraire, exercent leur profession de manière dévoyée, oubliant que la dignité en est la clé de voûte.
 
Mais, sommes-nous toujours dans le domaine du raisonnable ?
 
La dignité n’est pas un quelconque argument publicitaire de façade, elle ne s’applique pas au chronomètre de façon empirique pendant les heures d’ouverture et selon l’humeur du moment. La dignité est un état d’esprit, et pour ce qui est des métiers du funéraire, une réelle vocation professionnelle, la pierre angulaire de notre édifice. 
 
Aussi, il est triste, mais de notre devoir, de rappeler à l’ordre celles et ceux qui, personnellement ou professionnellement, semblent s’en affranchir pour des motivations variées. Il en va de la représentation de notre profession, de son image globale, de notre éthique d’accompagnants de familles en deuil.
 
Si la dignité est un état d’esprit, sa flamme s’entretient notamment par la sélection, l’apprentissage et la formation continue des dirigeants et des personnels. Honnêteté et probité, respect et dignité, accompagnement et loyauté, tels sont les mots qui guident nos quotidiens. 
Quand - ils - marchent dans la vallée de l’ombre de la mort, ils ne craignent aucun mal, car nous sommes les garants de leur dignité.
 
C’est notre devoir premier.
 
Maud Batut

Maud Batut 

Rédactrice en chef

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