Le plus ancien cimetière découvert à ce jour a plus de 16 500 ans et se distingue des champs funéraires préhistoriques par la présence de monuments. Le mot "cimetière" vient du grec ancien et signifie "dortoir". Il s’agit donc bel et bien d’un lieu dédié au repos des morts… Et où les vivants peuvent venir les visiter.

 

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Claire Sarazin,
ancien gardien de cimetière.

En France, les cimetières furent tout d’abord situés autour des églises, avant d’être déplacés par peur des épidémies aux abords des villes et enfin rejoints par ces dernières qui n’ont cessé de s’étendre. Qu’il soit immense ou minuscule, urbain ou bucolique, chaque cimetière, à travers ses tombes et ses enfeus, est un livre d’histoire.

Nombreux sont les passionnés qui, à l’instar d’André Chabot, photographe "nécropolitain", qui leur a consacré l’ensemble de son œuvre, aiment se promener dans les cimetières. Ils constituent une part importante de notre patrimoine culturel et artistique et reflètent également les traditions régionales.

Le plus visité est sans doute le Père-Lachaise, qui abrite nombre de célébrités et de personnages historiques, mais beaucoup de cimetières moins connus méritent eux aussi le détour, comme le cimetière de Préville à Nancy, qui regorge de monuments Art nouveau et regroupe pas moins de 312 chapelles, dont certaines sont gothiques ou romanes.

cimetière des sanguina fmtLe cimetière des Sanguinaires à Ajaccio.

Au cimetière Nord de Mulhouse, on peut admirer de nombreuses statues, véritables œuvres d’art, sur les sépultures. Le cimetière de Brasse, à Belfort, dont la chapelle est classée monument historique, abrite une tombe ornée de la reproduction d’une tour fortifiée.

Un des plus impressionnants, par sa taille et la majesté de ses monuments, est probablement le cimetière des Sanguinaires à Ajaccio, où repose Tino Rossi, véritable ville dans la ville avec ses rues et ses places. La plupart des défunts ne sont pas enterrés, mais "empierrés", ce que le climat de la Corse du Sud permet, et l’on peut apercevoir les cercueils parfaitement conservés, à travers les vitres des chapelles.

Lieux de repos pour les morts, de recueillement ou de promenade pour les vivants, les cimetières sont également le reflet de la vie à l’extérieur de leurs murs. De la simplicité du Tarn gris à la beauté scintillante du Labrador bleu, les tombes nous renseignent sur leurs occupants. La violence et les tensions sociales s’y expriment aussi parfois, malheureusement, par le saccage et la profanation des sépultures. Ainsi, la colère des vivants peut se tourner vers les morts.

Tout comme pour un appartement, il est plus simple d’acquérir une concession dans un cimetière de campagne qu’en ville, où les places sont comptées, et l’on en sera sans doute délogé moins rapidement. L’essor de la crémation, qui prendra peut-être un jour le pas sur l’inhumation, ne marquera pas pour autant l’abandon des cimetières. De nouvelles formes de sépultures s’y développeront simplement davantage et les morts continueront à voisiner avec les vivants.

Claire Sarazin
Ancien gardien de cimetière

Résonance "Hors-série" Spécial Cimetière - Décembre 2015

Instances fédérales nationales et internationales :

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