Directeur de Funéraires de France, l’organisme de contrôle des bâtiments et équipements funéraires, Michel Chazottes a eu à pratiquer la dispersion ou l’immersion de cendres en mer. Si quelques grandes règles existent, des pratiques restent à inventer. Avec un mot d’ordre : respect et bon sens.

 Funeraire de France

COFRAC INSPECTION

À activité spécifique, réglementation précise et contrôles réguliers. C’est ce que Michel Chazottes se plaît à rappeler, lui qui est souvent sollicité dans l’urgence par des gérants de sociétés de pompes funèbres pris par une activité chronophage. Le directeur de la société Funéraires de France, accréditée par l’organisme officiel Cofrac, a pour tâche de dresser un constat de bon état du matériel et des locaux, réclamé par les préfectures en application du Code Général des Collectivités Locales (CGCT).

Véhicules de transport de corps, funérariums, crématoriums : son activité de délivrance de certificats obligatoires de conformité le conduit sur tout le territoire. Il intervient sur les bâtiments tous les six ans (trois ans sur les véhicules), et davantage sur le matériel, notamment en cas de mise en service, de renouvellement, de travaux, d’extension de bâtiment, ou simplement sur demande préfectorale. Les cas sont nombreux. C’est d’ailleurs pour que les entreprises n’oublient rien qu’il leur propose un service de rappel des échéances, pour peu que ses clients lui confient la copie des documents nécessaires. Dès lors, grâce à son réseau de contrôleurs, il garantit une intervention rapide, et la fourniture d’un rapport en 48 heures.

Nouvelles tendances du funéraire

Michel Chazottes est donc aux premières loges pour juger des nouvelles tendances du funéraire. Parmi elles, la crémation suivie de la dispersion des cendres, hors espace public et rivières. En mer, notamment.

L’expert du règlement funéraire a eu un peu par hasard à officier bénévolement dans ce dernier domaine, au profit de la Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM). La vedette de la SNSM était alors indisponible. Même si des règles basiques existent, un flou entoure encore cette pratique. "D’une façon générale, on voit encore bien des familles qui se demandent à la sortie des crématoriums ce qu’ils ont le droit de faire ou non avec l’urne.
La dispersion des cendres en mer nécessite préalablement d’avoir effectué une déclaration à la mairie du lieu de naissance du défunt, qui mentionne le lieu et la date de la dispersion. J’effectue aussi une déclaration à la mairie du port d’attache du bateau qui va immerger les cendres. Funéraires de France peut s’en charger pour la famille", précise Michel Chazottes. Les proches doivent aussi pouvoir fournir le certificat de crémation sur demande.

En Méditerranée, dans l’Atlantique : la pratique est encore naissante, et soumise à des règles que les pompes funèbres devront rappeler aux familles tentées par ces cérémonies maritimes en pleine nature. Il faut d’emblée dissocier dispersion et immersion, deux cas de figure différents. "Dans le premier cas, poursuit Michel Chazottes, on renverse les cendres dans l’eau depuis un bateau. Peu importe l’urne ayant contenu les restes du défunt. Mais dans le deuxième cas, il s’agit de déposer dans la mer l’urne pour qu’elle s’y enfonce. Nous demandons à ce que celle-ci soit alors biodégradable." Vendue pour se dissoudre rapidement, le choix de sa matière est restreint. Les fournisseurs proposent des urnes à base d’un bloc de sel marin, d’argile, de bois, de sable compacté, ou de carton.

Des distances obligatoires

"Pour disperser des cendres, il faut s’éloigner au moins de 300 mètres du rivage, rappelle le directeur de Funéraires de France. Pour une immersion, elle ne peut être faite dans les ports, les chenaux, les parcs de cultures marines, ni même à moins de 3 milles des côtes (ce qui représente un peu moins de 6 kilomètres)", afin que les courants ne poussent pas l’urne vers le rivage.

Si Funéraires de France se voit sollicitée, elle va mettre à disposition l’un des deux bateaux dont les membres de la société disposent. Un Benéteau Antares 30 Fly (une vedette) et un Lipari 41 de chez Fountaine Pajot (un catamaran). "Ils permettent aux familles d’avoir suffisamment d’espace pour se recueillir. Confortables, ils disposent de tous les équipements de sécurité indispensables. Notre point d’embarquement se trouve à La Grande Motte, près de Montpellier."
La cérémonie, elle, reste à inventer, dans le respect du défunt, des familles et des usagers de l’espace maritime. "Sur le bateau, les gens ont une collation, leur moment de tranquillité, la musique qu’ils souhaitent. Ils peuvent venir avec leur clé USB. Nous essayons de rendre ce moment aussi confortable que possible. S’ils le souhaitent, nous pouvons filmer la dispersion, ou leur fournir les coordonnées GPS. Il n’y a rien de vraiment écrit."

Les quelques fois où Funéraires de France a eu à disperser des cendres, la société a pris soin de le faire tôt le matin ou en soirée. "C’est du bon sens. Vous imaginez un bouquet de fleurs qui arrive parmi les estivants en pleine après-midi en bordure de plage ? Comme tout cela n’est pas vraiment encadré aujourd’hui, nous appelons à la mesure. Je le dis d’autant plus librement que cette activité pour nous est peu courante et bénévole. Notre métier reste le contrôle réglementaire."

Olivier Pelladeau

 

Résonance n°132 - Juillet 2017

 

 

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