L’année 2018 pourrait marquer une importante étape dans l’émergence du cercueil en carton. C’est ce qu’espère Pascal Defosse. Le gérant de la société ABPS Partners entend créer des synergies entre carton et bois, pointant du doigt l’intérêt qu’aurait une telle alliance commerciale.

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Cela fait 20 ans qu’est apparu en France le premier agrément donné au carton recyclé dont on a fait un cercueil. En technicien, Pascal Defosse, gérant d’ABPS Partners, précise que 2012 a marqué un tournant. "C’est là que l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail) a renforcé les éléments de contrôle mécanique et de crémation, extraits de la norme Afnor. Cela garantit les matériaux mais également le cercueil réalisé avec ces matériaux. À ce moment, les cercueils en carton destinés à la crémation ont été reconnus par la profession".

Dans cette chronologie, ABPS Partners a obtenu un avis favorable de l’Anses puis décroché un agrément en 2015 pour un cercueil en carton alvéolé plaqué bois, dont la distribution a été essentiellement confiée à l’entreprise Ecocerc. "Nous avons été les premiers à pouvoir proposer un cercueil en cellulose reconnu sans risques par l’État et qui ne peut donc plus être refusé pour des raisons sécuritaires par quelque crématorium que ce soit", estime-t-on chez Ecocerc.

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Un premier modèle fabriqué en Chine

Fabriqué à partir de cellulose recyclée, de placage de 3 mm de bois issu de la forêt raisonnée, de colle spécialement conçue pour sa fabrication et de vernis à l’eau non polluant, ce modèle biodégradable agréé a été jusqu’à présent produit en Chine. "J’ai commercé pendant 20 ans avec la Chine, confie Pascal Defosse. J’y ai des contacts qui ont permis d’identifier quelques fabricants de cercueils qui avaient déjà commencé à travailler sur ce type de produit. Et puis je recherchais un prix de revient adapté à un produit d’entrée de gamme. Un cercueil en carton avec plaquage bois conforme à l’agrément de 2015 et approvisionné en petites quantités aurait coûté bien plus cher à fabriquer en France". Afin de bénéficier des meilleures conditions financières d’acquisition, Ecocerc a d’ailleurs importé directement ses cercueils depuis l’usine sélectionnée.

Parallèlement, ABPS Partners a signé fin 2015 un accord de distribution sur le marché français avec LifeArt. But : y diffuser les modèles imprimés (conçus en Enviroboard : un eco-panneau de cellulose de haute qualité) développés par cette société australienne qui, sur ses terres, en a confié la fabrication et la diffusion au leader australien du funéraire et qui dispose également d’une usine en Chine et désormais en Grande-Bretagne. "Pour ce cercueil d’ores et déjà éprouvé sur de nombreux marchés et dont la dernière version issue de l’usine de Gloucester bénéficie d’une avancée technologique importante, les tests mécaniques ont été passés avec succès en 2015 à l’Institut technologique FCBA. Avant de le faire valider, j’attends un décret ministériel imminent qui doit clarifier la question des agréments".
Fort de ses deux partenariats, ABPS Partners lance l’opération Alterco, avec l’espoir de l’avoir bouclée d’ici au salon FUNEXPO 2018. Pascal Defosse assure avoir "engagé des discussions". L’idée : les coûts de distribution et de stockage ne permettent pas à la filière carton d’être viable seule. "Donc pour moi, on ne peut concevoir la vente de cercueils en carton que si on passe des accords avec des fabricants et des distributeurs de cercueils en bois. On sait que le carton ne peut occuper sa part de marché normale que s’il est véhiculé par quelqu’un qui est déjà actif sur le marché du cercueil. Il faudrait toutefois préserver une indépendance de la stratégie marketing et commerciale, de l’animation du marché, de l’explication des concepts et de la présentation des modèles".

La marque ombrelle Alterco

Sous la marque ombrelle Alterco, qui aurait la vocation de dominer son marché, les modèles d’Ecocerc (qui étudie le dossier) et LifeArt pourraient bénéficier du réseau de distribution d’un ou de plusieurs professionnels du bois, qui viendraient ainsi pour leur part investir ce terrain du carton. "Il faudrait un accord qui lie les destins, pourquoi pas capitalistique. Ce projet tourne le dos à la logique de conflit avec les entreprises du bois comme on l’a vu ces dernières années. Nous apportons une offre maîtrisée correspondant à ce marché spécifique. Nous sommes aussi conscients de la communication à engager en direction des pompes funèbres mais aussi du grand public intéressé par l’écologique et la personnalisation".

Après d’autres professionnels du secteur, Pascal Defosse estime que le carton peut représenter de 20 à 25 % du marché de la crémation d’ici cinq ans. Un marché en hausse, avec pour l’heure 35 % des cérémonies en moyenne. Soit donc près de 6 % du marché global des cercueils en France. Soit aussi, à l’entendre, quasiment autant que le marché australien, celui "qui a le plus travaillé jusqu’ici sur le carton". "Notre intérêt à tous est d’accepter le carton, produit de niche mais installé, quitte à l’avoir "dans les pattes", de dépassionner le débat, de réfléchir et de travailler de manière intelligente pour créer une dynamique".

Une usine implantée en France

Un tel développement passe par l’amélioration de la qualité des produits et de la logistique. "Avec son usine anglaise, LifeArt n’aura pas la capacité à terme d’alimenter le continent. L’Australien prévoit donc d’y ouvrir un centre de production. Je me bats actuellement pour que cette implantation s’opère en France, dans le Nord-Est par exemple ce qui permettrait d’approvisionner aussi le Benelux, l’Allemagne, la Suisse. Mais une mobilisation nationale autour de ce projet est nécessaire si on ne veut pas que cette usine aille s’implanter ailleurs".

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Et puis, la diffusion doit impérativement passer par des produits irréprochables.

Le modèle distribué par Ecocerc doit évoluer, pour Pascal Defosse. "Les premières générations de cercueils mis sur le marché ont souvent produit beaucoup trop de cendres, créant un problème avec les crématoriums. Ce problème auquel il faut mettre un terme n’a certes pas mis en péril leurs installations mais a été un frein important à la diffusion du produit.

En œuvrant à l’amélioration constante de la qualité de son fameux "Enviroboard" LifeArt travaille dans ce sens.

Enfin "Pour solutionner le problème rencontré avec les cercueils en carton avec placage bois et optimiser leur production, je suis en train de développer un nouveau partenariat avec une usine au Vietnam profitant des liens historiques et commerciaux qui nous lient à ce pays qui intensifie actuellement ses échanges avec la France. Je viens de recevoir les premiers cercueils, avec une diminution significative et surtout une bien meilleure maîtrise du taux de cendres.

Un produit qui sera commercialisé par la marque Ecocerc si Martine Saussol, gérante de l’entreprise, comme je le pense et je l’espère, rejoint Alterco".

Olivier Pelladeau

Résonance hors-série n°5 - Décembre 2017

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