Mendoza a accueilli la 5e édition de l’exposition funéraire argentine organisée par la FADEDSFYA, une des deux fédérations nationales (l’autre étant la FADAF), dans une ville créée en plein désert - au pied des Andes qui la côtoient avec leurs sommets enneigés (l’Aconcagua, le deuxième sommet au monde après l’Everest, est tout proche) - qui, avec plus d’un million d’habitants, constitue la quatrième conurbation du pays.

 Tanexpo 2018

Il s’agit d’une oasis qui s’est progressivement agrandie au fur et à mesure que la prospérité induite par la culture de la vigne, de l’olivier et des agrumes se répercutait sur les investissements urbains. Aujourd’hui, Mendoza, capitale de la province homonyme, est une ville riche en allées et places ombragées par une grande variété d’arbres qui amènent, dans la chaleur estivale, un soulagement certain à ses habitants. Ceux-ci peuvent également profiter d’un parc, le "Parque General San Martín" s’inspirant largement de Versailles, dans lequel se trouvent 700 espèces arborées disseminées sur plus de 700 hectares.
La ville est universellement connue pour être la capitale argentine du vin. N’oublions pas que l’Argentine est un des principaux producteurs de vin au monde, surtout dans la région que l’on vient d’évoquer. Le fleuron de sa production est obtenu à partir du malbec, cépage d’origine française (Sud-Ouest), qui, transporté dans l’hémisphère sud, donne un produit très différent de celui obtenu dans l’Hexagone, comme c’est le cas du cahors.
Les participants à Funexpo ont pu l’apprécier lors de la soirée de gala qui a eu lieu dans une "bodega" de Lujan de Cuyo, localité qui, avec Maipú, se trouve en plein milieu de vignes en tout point semblables à celles françaises.
La FADESDSFYA (Federación Argentina De Entidades De Servicio Funebre Y Afines) avait organisé les trois premières expositions, avec une fréquence biennale, dans la capitale Buenos Aires, la première ayant eu lieu en 2008.

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En 2014, la décision fut prise de se diriger vers les provinces, en commençant par Córdoba. L’édition suivante aurait dû se tenir en 2016, à Mendoza justement, mais, l’aéroport étant fermé pour être refait à neuf, elle a été reportée à 2017 dans un premier temps au mois de mars et finalement en septembre, pour ne pas interférer avec Miami Funer, l’événement organisé en Floride par TANEXPO, dont l’objectif déclaré est celui de rapprocher les producteurs européens et les clients d’Amérique latine.
Les dates de la prochaine édition de Miami Funer ont déjà été fixées : du 13 au 15 mars 2019 (si les cyclones le permettent bien sûr). Les perspectives de participation sont très élevées, car plusieurs exposants ayant choisi de s’abstenir cette année ont décidé de ne pas rater 2019 en raison des échos très favorables qui ont suivi le baptême de ce nouveau rendez-vous de la profession.
Cette modification de date a été possible grâce aux rapports excellents que TANEXPO entretient avec la fédération depuis plus d’un quart de siècle, et en particulier avec son président, Jorge Horacio Bonacorsi, qui a pris la succession du regretté Alfredo Peculo.
Comme les deux noms l’évoquent, il s’agit d’originaires de la péninsule (presque tous détenteurs du double passeport), qui constituent un tiers (dans certaines villes beaucoup plus comme Buenos Aires et Rosario, la plus italienne d’Argentine d’où nous vient Messi) des quasi 44 millions d’habitants du pays. Il convient de signaler que le pourcentage est encore plus important dans le secteur qui nous intéresse, où il atteint entre 50 et 60 %. Ce qui explique la large participation de clients argentins à TANEXPO, au point qu’en avril 2018 sont attendus à Bologne plus d’une centaine d’entrepreneurs en provenance de la terre des "gauchos", les cow-boys de la Pampa.
D’autant plus que, pour la première fois, les deux fabricants les plus importants de cercueils, Heccar de Buenos Aires (d’Hector Massarutto, originaire de la région de Venise) et Fiori de Córdoba, exposeront leur production. Le premier, qui réalise, entre bois et métal, presque 100 000 pièces, a déjà confirmé son inscription, tandis que le deuxième, plus que centenaire et de souche piémontaise, est sur le point de le faire.
Il se passe avec les Argentins comme dans les autres pays. Le travail de promotion à l’international que TANEXPO accomplit en profondeur depuis toujours, au prix d’investissements importants en finances et en hommes, porte ses fruits à la longue.
Ce n’est pas par hasard si aujourd’hui plusieurs milliers de visiteurs en provenance d’une soixantaine de pays parcourent les allées des trois pavillons qui hébergent TANEXPO. L’expo de Bologne est la "seule" qui participe systématiquement à tous les événements majeurs de la profession.

Un exemple ?

Le mois de septembre verra la présence de TANEXPO à Salzbourg (Autriche) pour la "mini BEFA", et à Batalha (Portugal) pour l’expo lusitanienne. Octobre suivra, avec le partenariat "Necropolis-Tanexpo World Russia" à Moscou et, dans la foulée, la NFDA à Boston. 2017 se terminera, enfin, en beauté avec "FUNÉRAIRE PARIS", qui retrouve Le Bourget après la parenthèse de Villepinte due à la "Conférence mondiale sur le climat".
Il n’y a pas d’autres organisateurs de salons qui puissent se prévaloir de la même intensité promotionnelle à l’international. D’autre part, c’est dans un esprit "gagnant-gagnant" que Conference Service organise son activité, dans la satisfaction générale. Et c’est bien ce qu’elle doit à ses clients.
"FUNEXPO Mendoza" a vu la participation d’une quarantaine d’exposants et d’une bonne moitié des 1 500 entreprises de pompes funèbres qui opèrent en Argentine. Il s’agit de chiffres qui paraissent modestes par rapport à ceux d’autres pays. Il faut toutefois tenir compte des vicissitudes très complexes qui ont caractérisé son histoire depuis plusieurs décennies. Y compris la crise financière gravissime du début de ce siècle, et ensuite la néfaste présidence Kirchner (d’abord Néstor, et ensuite la veuve Cristina, comme s’il s’agissait d’une dynastie). Sans évoquer le péronisme populiste et toutes les périodes pendant lesquelles le rôle de l’armée a été déterminant.
Le pays est richissime, avec des ressources sans fin, au point qu’il y a presque un siècle, les puissances européennes investissaient (surtout le Royaume-Uni, la France - dont la présence est encore visible dans les édifices haussmaniens qui ornent la capitale - et l’Allemagne) massivement dans tous les secteurs d’un pays qui était, sur le plan des affaires, un des plus attrayants au monde.
Après les longues années d’incertitude politique et institutionnelle qui l’ont marquée, l’Argentine retrouve un chemin de croissance grâce au travail du nouveau president Mauricio Macrí, originaire de Calabre, un entrepreneur à succès, dont les premières mesures ont commencé à porter leurs fruits. Le chemin est encore long, mais la voie semble être la bonne. Cela se ressent aussi dans le domaine du funéraire. La morosité d’autrefois est chassée par un vent nouveau qui amène des idées innovantes et des initiatives originales.
Les cercueils commencent à être plus variés en formes et en couleurs. La couleur noire ou très sombre dominait jusqu’à il n’y a pas longtemps. Pour la forme, l’ "oval" reste un "must" pour les enterrements importants, même si les prix des modèles haut de gamme peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros. C’est bien sûr l’exception, car le prix moyen d’un service est de 2 000/2 500 € (qui deviennent 1 000/1 500 dans les zones rurales et 3 000/3 500 dans les grands villes). Cela correspond, comme en Europe, à 2/3 mois d’un salaire mensuel moyen.
Il est intéressant de souligner qu’en cette occasion une nouvelle convention collective a été signée par les syndicats et les deux fédérations, qui, contrairement à ce qui se passe en Italie, entretiennent entre elles des relations très cordiales et constructives. Elle prévoit que le salaire minimum à l’entrée dans l’entreprise sera de 900 €, en augmentation d’au moins 1 % tous les ans. Il faut tenir compte du fait que le coût de la vie (logement, etc.) est beaucoup plus bas qu’en Europe.
La qualité des accessoires est également en hausse, ainsi que celle des corbillards, comme on l’a constaté sur le stand de Vivian (originaire du Frioul), qui présente des modèles qui s’éloignent de ceux que l’on voyait il y a seulement quelques années quand on pouvait même rencontrer des Jaguar, des Rolls Royce, etc., construites avec des châssis et des moteurs n’ayant rien à voir avec lesdites marques...
La crémation est, comme partout ailleurs, en augmentation rapide et constante. Surtout dans les grandes villes, où elle atteint des pourcentages de 60 % et plus. Le principal producteur local, la INCOL de Osvaldo Campillo, a confirmé son expansion non seulement sur le marché domestique, mais également à l’export, notamment en Colombie, qui est probablement le pays où l’incinération présente le pourcentage le plus élevé. L’intérêt suscité par ce marché a été confirmé par le stand du brésilien BRUCKER, qui a exposé à Tanexpo en 2016. Il s’agit des deux leaders de la crémation en Amérique du Sud.
La prévoyance funéraire est très développée en raison d’un plan funéraire garanti par l’État aux fonctionnaires.
Parmi les visiteurs étrangers, à signaler la présence du Chilien Juan Pablo Donetch Odriozola, qui, selon toute vraisemblance, prendra, lors de la prochaine assemblée générale en République dominicaine, la succession de la Bolivienne Teresa Saavedra, qui, après 14 ans, laisse la présidence d’ALPAR, pour se consacrer uniquement à la FIAT-IFTA (qu’elle préside également).
Parmi les autres étrangers présents, des Brésiliens (Bignotto, un des plus importants producteurs de cercueils du Brésil, en tant que visiteur ; et Rigon, également fabricant de grande notoriété, en tant qu’exposant), des Mexicains (parmi lesquels les organisateurs des deux expos du pays : Ildefonso Gonzalez, pour celle qui se tiendra dans quelques mois à Queretaro, et Carlos Lozano O’Reilly, pour celle de Guadalajara), l’Équatorien Pablo Cevallos, le president de Memorial International, l’entreprise de Miami partenaire de Tanexpo dans l’organisation de Miami Funer, et Pepe Altstut, Argentin installé au Brésil, qui, dans son empire économique (hôtels, immobilier, etc.), compte aussi à Santos, depuis 1983, le cimetière vertical "Memorial Necrópole Ecumênica" (le plus haut du monde avec ses 109 mètres de hauteur pouvant contenir 25 000 défunts), ainsi que "Brillo Infinito", qui réalise des diamants à partir des cheveux du défunt.
Camilo Jaramillo, le thanatopracteur colombien (diplômé de la Mac Allister Academy de New York où il a exercé pendant sept ans), connu dans toute l’Amérique latine, a tenu une conférence très suivie sur la thanatopraxie. De même, les interventions de Dario Loinaz, consultant en marketing funéraire mondialement connu, et de Jorge Bonacorsi, le président de Fadedsfya, ont été appréciées par des centaines de participants.
Funexpo Mendoza 2017 aura été, une franche réussite. Le stand Tanexpo a, comme d’habitude, attiré des visiteurs en très grand nombre, parmi lesquels ceux qui ont confirmé leur présence au salon italien.
Ça promet pour Bologne…

Pietro Innocenti

Résonance n°133 - Septembre 2017

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations