Le 28 avril dernier au cimetière de Nogent-sur-Marne a été inaugurée la reconstruction d’une Kouba en mémoire des soldats musulmans, morts pour la France pendant la guerre de 1914-1918 et décédés à l’hôpital bénévole du jardin colonial de Nogent.

 
Un peu d’histoire

"Le 16 juillet 1919, dans ce cimetière de Nogent-sur-Marne (94), fut élevée et inaugurée une Kouba. Ce monument qui dans les pays de tradition islamique signale la tombe d’un pieux personnage, honorait le dévouement et la mort, au cours de la Première Guerre mondiale, de soldats musulmans provenant de l’espace colonial français. Cependant, peu entretenus dans les années qui suivirent, ses vestiges furent finalement détruits en 1982.

C’est principalement à Émile Piat que l’on doit la construction de la Kouba de Nogent. Consul général, attaché au cabinet du ministre des Affaires  étrangères et chargé de la surveillance des militaires musulmans dans les formations sanitaires de la région parisienne (Nogent, Carrières, Moisselles), il opta pour ce type de mausolée afin d’honorer le souvenir collectif de soldats musulmans décédés.

Il y parvient grâce à l’assistance de M. Brisson, maire de cette ville à l’époque, et d'un donateur généreux, M. Héricourt, entrepreneur de monuments funéraires qui voulut bien faire construire un monument à ses frais dans le cimetière de Nogent-sur-Marne. La Kouba fut édifiée à la fin de la Première Guerre mondiale grâce à une conjonction d’initiatives : la politique de gratitude et de reconnaissance de l’institution militaire à l’endroit des soldats venus du domaine colonial, l’empathie d’un consul entreprenant et l’entremise d’un officier des affaires indigènes en poste à Alger, le soutien d’un édile communal et la générosité d’un marbrier. Cette osmose dépassait toute politique d’intérêts au sens étroit.

Ce surplus de signification en fait un symbole d’une mutuelle reconnaissance qui a toutes raisons d’être rappelée aujourd’hui. La reconstruction de la Kouba du cimetière de Nogent, projet porté par la ville, marque comment la République assume, par-delà le temps, son devoir de mémoire à l’égard de tous ceux qui ont laissé leur vie pour défendre ses idéaux. Elle constitue à quelques encablures de la cité nationale de l’histoire de l’immigration, un excellent lieu de mémoire et d’histoire".*

Écoute et respect

L’inauguration qui a eu lieu sous le haut patronage du ministre de la Défense, M. Gérard Longuet, symbolise l’aboutissement d’un projet porté par l’association des Études Coloniales et la ville de Nogent-sur-Marne. Y ont pris part de nombreuses personnalités politiques et religieuses parmi lesquelles M. Jacques J.P. Martin, maire de Nogent-sur-Marne, M. Sébastien Eychenne, adjoint au maire de Nogent-sur-Marne, délégué au Devoir de Mémoire, M. Gérard Lamoine, représentant le préfet et M. Daniel Lefeuvre, professeur des Universités et président de l'association des études Coloniales. Y participait également le piquet d'honneur constitué d'une délégation du 11e Régiment d'artillerie de Marine (RAMa). Pour la musique signalons la présence d'un clairon et d'un tambour de la Musique Principale des Troupes de Marines.

Lors de son intervention, M. Daniel Lefeuvre a rappelé que durant le premier conflit mondial 450 000 volontaires étaient issus des colonies et que 73 000 d’entre eux étaient morts pour la France.

Aujourd’hui, la reconstruction à l’identique de ce monument a été rendue possible par une conjonction de collaborations réunissant l’historien Michel Renard, l’association des Études coloniales, des personnalités du monde politique et notamment les successifs représentants du ministère de l’Immigration lequel a pris en charge une partie du financement de l’édifice, ainsi que des contributeurs privés.

Faisant suite à cette première prise de parole, M. Martin accompagné de M. Lamoine et de M. Lefeuvre a déposé à l’intérieur d’un coffre au sein de la Kouba une clé ainsi qu’un parchemin retraçant l’histoire et la symbolique de ce monument afin qu’ils y soient scellés ultérieurement.

Un devoir de mémoire unanimement salué

M. Jacques J.P. Martin dans sa prise de parole a rappelé que cet événement était placé sous le signe de la fraternité au service d’une grande cause, la liberté.

Il a également évoqué qu’à l’occasion de la Grande Guerre, la ville de Nogent-sur-Marne avait été fortement impliquée dans un service aux armées en accueillant sur son territoire plusieurs services hospitaliers dont trois hôpitaux auxiliaires. Ainsi, parmi les combattants issus des colonies, nombreux sont les soldats venus se faire soigner à Nogent : tirailleurs marocains, sénégalais... Ils y ont bénéficié de soins attentifs durant leur convalescence.

Depuis bientôt trois décennies, Nogent avait une "faille" dans son devoir de mémoire eu égard à ce passé et il convenait d’y remédier en reconstruisant à l’identique la Kouba qu’elle avait abritée durant plus de soixante années. Aujourd’hui, la requalification de cette partie du cimetière qui contient déjà un monument à la mémoire des combattants de l’Indochine et un second en l’honneur des combattants du Vietnam s’enrichit d’une nouvelle kouba, édifice dédié aux soldats musulmans. Il s’agit donc véritablement d’un site qui incarne la reconnaissance, le respect profond pour ceux qui sont tombés sur les champs de bataille.

Avant que ne s’achève cette cérémonie, M. Gérard Lamoine intervient pour rappeler l’engagement de près de neuf millions de "Poilus" dont un pourcentage important de soldats en provenance des quatre coins de l’empire colonial français : Asie, Océanie, Afrique. Il souligne qu’un grand nombre d’entre eux après s’être retrouvés engagés dans l’infanterie en tant que fantassins ou tirailleurs, ont péri aux côtés des soldats français. En reconstruisant ce monument symbolique, la population de Nogent et les représentants de la ville et des municipalités voisines reconnaissantes ont voulu leur rendre un dernier hommage.

Enfin, rappelons la tenue, du 28 avril au 19 mai 2011, dans le hall de l’Hôtel de ville de Nogent-sur-Marne, d’une exposition consacrée à cet épisode de la Première Guerre mondiale.

*Extrait du texte de présentation pour l’association Etudes Coloniales rédigé par Daniel Lefeuvre et Michel Renard

 

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations