Certaines maladies infectieuses interdisent la pratique des soins de conservation, énumérées par l’arrêté du 17 novembre 1986, comme le V.I.H, les hépatites ou la maladie de Creutzfeld-Jakob, et imposent une mise en bière immédiate après le décès. Une question se pose, dont la justification des normes d’hygiène est la réponse : on ne peut savoir si la personne défunte elle-même était informée de son état, d’autant plus que, bien souvent, la contamination par le V.I.H. n’est pas signalée sur le certificat de décès (auquel le thanatopracteur n’a pas toujours accès) faute d’informations ou parfois même, de manière délibérée… Certaines maladies ont une période d’incubation longue, comme celles du système nerveux central, et les symptômes apparaissent tard. Une personne peut donc avoir été contaminée et être porteuse "saine" sans avoir connaissance de cette maladie, par conséquent, tout corps doit être considéré comme une source de transmission possible et nécessite de respecter un certain nombre de précautions. C’est pour cette raison que tout contact direct doit être évité avec les composants du corps du défunt et la peau et les muqueuses du personnel funéraire, et pour le thanatopracteur, veiller à ce que chacun puisse s’approcher du corps sans prendre de risques. Ainsi lui-même se protège avec une tenue qui sera une blouse lavable ou à usage unique, ou les deux à la fois, une paire de gants jetables, un calot, un masque, des lunettes de protection, des sur-manches et des sur-bottes. Telle est en tous cas la tenue exigée à l’examen pratique de thanatopraxie. Il procédera toujours à un lavage du corps avec une serviette jetable à l’aide d’un antiseptique, exécutera les soins de conservation dans les meilleures conditions possibles, selon le cas où il se trouve en salle de préparation prévue à cet effet ou à domicile. Les salles de préparation sont elles-mêmes soumises à des règles d’hygiène incontournables, comme un revêtement carrelé plus facile à nettoyer et à désinfecter, un système de ventilation comprenant un système de filtration-désinfection de l’air, dont la sortie doit être située au niveau du sol pour l’évacuation des molécules, plus denses, des désinfectants utilisés. La table de préparation doit être conçue dans un matériau non-poreux, résistant aux liquides organiques et aux produits chimiques désinfectants, lavable et désinfectable. L’emploi d’un sèche-mains électrique est interdit, puisque favorable à la dissémination des germes, ainsi que celle d’un essuie-mains en tissu. L’utilisation d’un distributeur de serviettes en papier est donc destiné à éviter toute contamination causée par la circulation d’air chaud. Toute salle de préparation se doit d’être équipée de containers spéciaux - bacs jaunes - pour recevoir les déchets de soins à risques infectieux, récupérés de façon régulière par des sociétés spécialisées d’incinération. Tout matériel employé et réutilisable lors d’un soin doit être désinfecté et stérilisé dans un autoclave de bonne dimension, pouvant contenir les tubes de ponctions et le matériel de drainage, et doit lui-même être nettoyé avec précaution. Il existe des formules appropriées pour nettoyer son matériel dans de bonnes conditions, à savoir que le formol n’annihile pas de nombreux agents transmissibles susceptibles d’être présents dans les corps traités. La stérilisation des instruments évitera la propagation des germes d’un corps à l’autre, pouvant provoquer bien des surprises après le départ du thanatopracteur suite à son soin.
Comme encore aucune contamination n’a pu être démontrée si les règles d’hygiène étaient respectées, c’est-à-dire, en évitant tout contact avec la peau ou les muqueuses, souhaitons que chacun s’y tienne, dans ses propres fonctions de thanatopracteur, toiletteur ou de porteur…
Mais avant toutes les normes, les obligations légales, l’hygiène est une question d’amour-propre. Aimer le travail bien fait, c’est mettre de l’ordre dans sa méthode et l’exécuter dans les règles de l’art, car en anatomie, en physique et en chimie, elles sont immuables. Et cela, c’est l’image de ce que nous renvoyons aux familles, c’est notre devoir envers elles, remettre un peu d’ordre dans leur confusion, leur donner ce qu’elles attendent en amenant l’idée que leur défunt part dans de bonnes conditions. En agissant tel qu’il le fait, le thanatopracteur donne une seconde vie au défunt, en ouvrant la voie de l’éternité dans la mémoire de ses proches.
Christian Raffault
Diplômé BIE-LONDRES
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