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Dans le n° 98 de Résonance, l’A.NA.PE.C expliquait la nouvelle réglementation en matière de produit zéro phytosanitaire. Voici quelques expériences de pratiques dans les cimetières de Cherbourg (50), Les Joncherolles à Villetaneuse (93) et Versailles (78).

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Georges-Martinez
 

La ville de Cherbourg-Octeville dans la Manche compte 16 000 concessions, réparties sur 5 cimetières qui s’étendent sur 16 ha.

Un nouveau nettoyant biologique à base d’acide d’ortie plus respectueux de l’environnement et des personnes a régulièrement été utilisé en 2012 pour les inter-tombes afin de limiter la prolifération des "mauvaises herbes". Mais il faut admettre que ce type de nouveau produit a des effets moins longs que les produits phytosanitaires aujourd’hui interdits.

La première mise en action du zéro phyto a eu lieu en 2006, à la suite de la construction d’une usine de captage d’eau située auprès du cimetière des Ragotins qui est maintenant sur une zone protégée.

Depuis 2007, il n’est plus utilisé aucun produit phytosanitaire, ce qui est un véritable engagement en faveur du développement durable et se traduit par un retour à des méthodes de travail plus traditionnelles. Le désherbage manuel est réalisé avec des binettes sur les petites surfaces ou le long des bordures aux endroits où les engins mécanisés ne peuvent accéder. Le désherbage mécanique est réalisé au moyen d’une balayeuse dans nos allées – grâce à son balai acier, elle permet d’arracher et de balayer les résidus qui sont ensuite aspirés dans le bac – et de l’amazone qui arrache les mauvaises herbes dans les allées gravillonnées.

Ce changement s’accompagne également de la mise en place d’un fleurissement durable avec des plantes vivaces dans les massifs. Ce nouveau mode de fleurissement a permis de favoriser la biodiversité et de faire des économies d’eau grâce à l’utilisation de différents paillages dans les massifs : du miscanthus, de la paille de blé, des vivaces couvre-sol, ou encore des feuilles d’arbres.

Cherbourg-Octeville, classée au premier rang bas-normand

La ville de Cherbourg-Octeville est classée au premier rang bas-normand avec l’obtention du label ÉcoJardin en décembre 2013. Il permet de valoriser et de récompenser le travail de nos jardiniers mais aussi de sensibiliser les usagers aux pratiques écologiques des espaces verts et au développement durable.

La zone de terrain de réserve prévue pour l’extension du cimetière est utilisée en fauchage pour le foin.

Malgré une forte communication auprès des usagers par le biais d’articles de presse, de plaquettes explicatives ou d’informations diverses sur le développement durable, l’ensemble de ces nouvelles pratiques a été difficilement accepté. En complément et pour une meilleure communication, des panneaux d’information ont été installés à l’entrée de chaque site. Les services des cimetières ont également mis à disposition des binettes pour permettre à chacun de nettoyer sa ou ses concessions, comme le stipule le règlement interne du cimetière.


Les Joncherolles à Villetaneuse en Seine-Saint-Denis

Le cimetière intercommunal des Joncherolles, à Villetaneuse en Seine-Saint-Denis, couvre une superficie paysagère de 17 ha. Il recense 14 000 concessions réparties en 23 divisions, un columbarium de 2 400 emplacements lié à la présence du crématorium, et plusieurs espaces cinéraires. À compter du 1er janvier 2013, plus aucun produit phytopharmaceutique n’a été utilisé.

Un plan de désherbage a tout d’abord été effectué afin de mettre en place des méthodes alternatives. Le cimetière a été classifié en 3 niveaux :

- Les zones de niveau 1 – important – sans tolérance pour les herbes spontanées impliquant un désherbage manuel, thermique ou mécanique.
- Les zones de niveau 2 – modéré – avec tolérance d’un enherbement limité et contrôlé impliquant un désherbage manuel, thermique ou mécanique mais avec une fréquence d’intervention moins forte.
- Les zones de niveau 3 – rustique – avec recherche de colonisation de l’herbe impliquant la tonte, la fauche ou le passage du coupe-broussailles.

Ainsi, chaque espace, massif, ou zone a été répertorié selon sa surface, sa typologie, son type de couvert, sa nature de perméabilité, sa pente, son niveau de gestion (1, 2 ou 3) et la pratique alternative recommandée :

- chauffage thermique pour le désherbage inter-tombes,
- brossage et balayage mécaniques pour les allées et voiries imperméables,
- combiné multifonction (scalpeur, niveleur, rateau-griffe, herse-rouleau) pour les surfaces perméables de type stabilisé sablé,
- désherbage manuel (binette, sarcloir et couteau) pour les massifs, par exemple.

En parallèle du plan de désherbage, des solutions de réaménagement ont été préconisées, telles que le paillage par la mise en place de copeaux, ou de gravillons sur géotextile, ainsi que l’engazonnement de certaines surfaces inter-tombes ou la reprise de l’asphalte quand le revêtement est trop abîmé pour être rejointoyé.

Enfin, un plan de communication par panneau et affichettes a été mis sur pied afin d’informer les usagers du changement d’aspect du cimetière et de les encourager à ne plus utiliser de produits phytosanitaires.
Après une première saison où le désherbage a été démarré en sous-traitance, un peu tardivement, pour cause de passation d'un nouveau marché, il s’avère que la méthode thermique à flamme a été très chronophage et très consommatrice en gaz, avec un résultat peu probant car, compte tenu des surfaces, à peine une division terminée, il fallait recommencer. Le passage du coupe-broussailles fut plus démonstratif, mais il ne peut s’exercer en tout lieu et le désherbage manuel requiert de la main-d’œuvre et du temps. La nouvelle saison devrait voir l’emploi d’engins mécaniques de type rotobrosses métalliques et un meilleur équilibre parmi les méthodes alternatives en usage. Chantier à suivre donc …

À Versailles, dans les Yvelines

La politique de la ville en termes de zéro phyto, démarrée dès 2004, s’étend aux cimetières en 2009.

Le cimetière paysager des Gonards, créé en 1879, d’une superficie de
12 ha, entouré par la forêt domaniale et le centre horticole de la ville, est à la fois le plus récent et le plus grand de la ville. Il contient plus de 16 000 sépultures et est entretenu par une équipe de 12 agents, à savoir 2 maçons,
3 jardiniers-fossoyeurs et 7 jardiniers.

Le gestionnaire du site des Gonards a mis en place, depuis cinq années, un plan de gestion différenciée définissant l’entretien à mener en fonction des aménagements et des strates végétales en place.

Une cartographie est associée à ce plan. Les produits chimiques ont été totalement proscrits sur ce site avec la mise en place de la charte "zéro phyto" sur l’ensemble des espaces verts de la ville.
3 axes furent privilégiés par la direction des espaces verts :
1) Le maintien de la végétation basse par la tonte, le débroussaillage et le désherbage thermique ;
2) La végétalisation par l’engazonnement, la plantation de couvre-sol, de vivaces et de végétaux et le paillage de l’ensemble des massifs ;
3) La minéralisation de certaines inter-allées afin de contraindre la flore.

Une véritable place a été faite à la nature spontanée et sauvage sur ce site. Le gestionnaire a ainsi fait le choix de laisser s’enherber des bordures et des recoins entre les sépultures, et d’aménager des prairies sur certaines parties du site, dissuadant les usagers de fréquenter et piétiner ces zones. Ce site comprend également une zone boisée.

Une réflexion est menée sur l’intérêt écologique des espèces végétales. Grâce à l’excellente connaissance par le gestionnaire de la faune et de la flore, et aux inventaires réalisés par le personnel, au recensement de l’avifaune par une association naturaliste, la flore spontanée est laissée au maximum sur le site. Les plantes sans intérêt écologique sont remplacées par des plantes mellifères, à baies, etc. Cette démarche est en lien avec les 4 ruches installées sur le site. La zone boisée est très peu entretenue et laissée en évolution naturelle : nettoyage une fois par an et éclaircissement une fois tous les 3 à 5 ans.

L’aspect paysager a été fortement pris en compte sur le site, avec la réalisation d’un travail sur le volume, les formes, les couleurs et les vues. Ces travaux ont rendu le cimetière beaucoup plus agréable pour les usagers.

En termes de communication, un véritable travail d’information et d’explication de la gestion menée sur le site a été instauré, afin d’assurer l’acceptation par les usagers de la végétation spontanée et sauvage. Les jardiniers prennent le temps d’expliquer les pratiques qu’ils mènent sur les sites. Des informations sur la charte "Zéro phyto" sont installées à l’entrée du cimetière. Chaque remarque est recueillie dans un carnet de liaison, répertoriée (suivi annuel de l’évolution des plaintes) et fait l’objet d’une réponse. Les équipes de terrain ont été soutenues par leur député-maire, F. de Mazières, et son adjointe à l’environnement, Mme Ordas, qui ont répondu d’une même voix aux questions des usagers sur cette nouvelle gestion durable des cimetières.
Des visites et animations avec les scolaires (ruches, plantations) sont organisées sur le site.

La ville de Versailles a obtenu, pour la 1re fois en France, en 2012, le label EcoJardin pour les cimetières des Gonards et de Notre-Dame.

RES99P26a RES99P26b RES99P26c RES99P26d RES99P26e
Cimetière Joncherolles.

Versailles
ou la révolution
du cimetière écologique.

Cimetière
de Cherbourg-Octeville.
Versailles, cimetière des Gonards.

 

En conclusion

L’observation de ces 3 sites démontre une réelle volonté environnementale des gestionnaires de cimetières. Le changement de méthodologie prend du temps. Il s’appuie sur des expériences diverses pour lesquelles il est important d’examiner ce qui s’est fait ailleurs avec plus ou moins de succès pour économiser son énergie.

La communication est essentielle, en premier lieu vis-à-vis du personnel, qui doit s’adapter et se convaincre du bien-fondé de ces nouvelles méthodes de désherbage, car ce sont les agents qui devront bien souvent expliquer aux usagers les nouvelles bonnes manières en matière d’entretien des tombes. Affichettes, pictogrammes et panneaux d’information ont toute leur raison d’être pour informer et expliquer aux familles et aux visiteurs la démarche zéro phytosanitaire et les moyens déployés.

N’hésitez pas à prendre contact avec l’A.NA.PE.C pour plus d’informations ou pour qu’elle vous aide dans cette action.

 

L’A.NA.PE.C
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Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations