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Le portage à l’épaule, un hommage aux défunts par l’élévation de la bière. Entretien avec Dominique Arotcarena.

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Dominique Arotcarena

Claire Sarazin : Dominique, le portage à l’épaule est un sujet qui te tient particulièrement à cœur.

Dominique Arotcarena : Le portage à l’épaule a toujours existé. En effet, lorsque la commune ne possédait pas de corbillard, le cercueil du défunt était alors porté à l’épaule, du village à l’église, puis au cimetière. Plusieurs équipes de porteurs se relayaient au cours du trajet selon la distance.

CS : N’est-ce pas plus lourd pour les porteurs ?

DA : Dans notre métier, nous pouvons être appelés à porter des charges lourdes. De nombreux salariés sont en arrêt de travail, souvent dû à une mauvaise technique de portage de fleurs, de corps et bien sûr de cercueil.

CS : Que dit la loi à ce propos ?

DA : Je me réfère à l’art. R. 4541-9 du Code du travail : "Lorsque le recours à la manutention manuelle est inévitable et que les aides mécaniques prévues au 2° de l’art. R. 4541-5 ne peuvent pas être mises en œuvre, un travailleur ne peut être admis à porter d’une façon habituelle des charges supérieures à 55 kilogrammes qu’à condition d’y avoir été reconnu apte par le médecin du travail, sans que ces charges puissent être supérieures à 105 kilogrammes. Toutefois, les femmes ne sont pas autorisées à porter des charges supérieures à 25 kilogrammes ou à transporter des charges à l’aide d’une brouette supérieures à 40 kilogrammes, brouette comprise." Pour les hommes de plus de 18 ans, la charge maximum est de 55 kg. Pour les femmes, la charge maximum est de 25 kg.

CS : Est-il possible d’intégrer des femmes dans les équipes de porteurs ?

DA : Lors d’une cérémonie funéraire, si le poids total dépasse 100 kg, cercueil compris, on ne peut pas avoir une équipe totalement féminine.

CS : Que faire dans ce cas ?

DA : Il peut être judicieux de rajouter deux poignées supplémentaires, portant ainsi le nombre total de poignées du cercueil à six, et donc six porteurs.

CS : Cette technique est-elle plus compliquée que le portage classique ?

DA : L’épaule est une partie du corps qui convient bien au portage du cercueil. Il est beaucoup plus facile de porter un cercueil à l’épaule qu’à bras.

CS : Mais j’imagine que, pour ce faire, il faut respecter certaines conditions bien déterminées ?

DA : En effet, avant de soulever le cercueil, il faut dégager tout obstacle autour de ce dernier, s’assurer d’avoir une vision claire et dégagée, tant aux pieds – le sol peut-être inégal – qu’à la tête. Il faut bien voir les entrées et les portes des églises et chapelles.

CS : La composition de l’équipe doit avoir son importance ?

DA : Oui, il faut s’assurer que les porteurs aient la même hauteur d’épaule. On peut avoir deux porteurs à l’avant qui soient de même hauteur d’épaule, même s’ils sont plus petits que les deux porteurs à l’arrière. L’essentiel étant qu’ils soient par deux de même hauteur d’épaule.

CS : Quel est le rôle du maître de cérémonie ?

DA : Le maître de cérémonie doit aider à la levée du cercueil, au moment de le placer sur l’épaule. Il se situera à la tête du cercueil. La levée de la bière se fera en synchronisation totale entre les porteurs, et la bière doit être levée droite.

CS : Justement, comment lève-t-on la bière ?

DA : Il faut plier les genoux et soulever avec les jambes plutôt que le dos ou les bras, et une fois le cercueil épaulé, adopter une position stable. Cela peut prendre quelques instants, en gardant les pieds écartés.

CS : Y a-t-il également des consignes particulières en ce qui concerne le départ ?

DA : Le maître de cérémonie doit veiller à ce que ses porteurs soient dans une position stable et soient prêts à démarrer la marche. Il pose la main sur l’épaule gauche du porteur de gauche, afin de donner le signal de départ. Le départ se fait toujours pied gauche en avant. La main droite, ou gauche selon le côté, posée sous le cercueil, le bras en équerre. L’autre bras positionné derrière le dos, poing serré.

CS : Pour quelle raison ?

DA : Pour différentes raisons : la main derrière le dos facilite le maintien de la posture et ainsi évite le mal de dos. La main derrière le dos a aussi pour effet de ralentir le pas. Ce sera de ce fait un pas très lent, qui permet de sécuriser l’équipe de porteurs, et offre une vision plus jolie du déplacement de la bière.

CS : As-tu un dernier conseil pour les porteurs ?

DA : Quand vous portez le cercueil, gardez vos épaules le plus possible uniformes, en évitant de tourner votre dos et gardez la tête bien haute.

CS : Merci Dominique. Je rappelle que FFADL et l’IFFPF forment en interne dans les entreprises au portage épaule, ce qui est une vraie plus-value pour l’entreprise. Des formations de perfectionnement pour les entreprises qui portent déjà à l’épaule peuvent également être dispensées.


Claire Sarazin
Thanatopracteur

Résonance n°114 - Octobre 2015

 

 

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