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Lorsque l’on écrit un livre, que ce soit un roman, un polar, un recueil de nouvelles, peu importe, le plus dur n’est pas forcément l’écriture en elle-même, mais de trouver un éditeur.

 

Lorsque le manuscrit est terminé vient la grande course à l’édition ; l’auteur va d’abord s’adresser aux "grandes" maisons, mais elles ont souvent un quota pour l’année, et l’on arrive souvent trop tard. Vient ensuite le temps d’envoyer son manuscrit aux "petites" maisons d’édition, là, elles n’ont pas forcément de quotas, mais parfois c’est juste un manque de moyens. Publier un livre, c’est cher, je sais de quoi je vous parle, alors parfois il manque les fonds, on a déjà ses propres collections, ses propres auteurs. L’écrivain débutant se voit refuser son texte, certains laissent tomber, d’autres renvoient ad vitam aeternam le même manuscrit, qui tourne dans les maisons d’édition. 

 

Puis vous avez les courageux, ceux qui se disent : "Et si tout seul, j’y arrivais ?" Enfin dans le cas présent, toute seule, car je vais vous parler d’un livre qui a été publié en "auto-édition" : Au fil des morts de Gaëlle Perrin.

 

Mike Carpenter est professeur de criminologie, comme tous ses collègues, il a une grande passion : les tueurs en série, leurs modus operandi, leurs psychologies, tout cela le passionne, à tel point qu’il a écrit un livre : "Comment devient-on tueur en série ?"

 

L’ouvrage est un carton, dès la sortie en librairie le public se rue sur le livre, Mike est aux anges, jusqu’au jour où il reçoit un mail, avec une pièce jointe, la photo d’une femme recroquevillée, morte, vivante ? Un message l’accompagne : "Je t’offre celle-ci en cadeau. La prochaine… Au chapitre suivant".

 

Un tueur en série n’a pas aimé le livre, il a décidé de jouer avec Mike, et la partie risque d’être sanglante. Rajouter à cela que le frère de Mike est flic. Lorsque le chapitre devient cadavre…

Un livre avec un sujet bateau, oui, les tueurs en série, on les mange à toutes les sauces, depuis que Thomas Harris a créé Hannibal Lecter, c’est un des sujets récurents, donc un exercice difficile, et bien je dois dire que Gaëlle s’en sort très bien. Ne vous fiez pas à son charmant minois, Gaëlle va faire sombrer Mike, qui a une belle petite vie rangée avec une épouse charmante et deux enfants en pleine forme dans le cauchemar total, dans la psychose. Une descente aux enfers, où l’angoisse va complètement envahir notre criminologue, sombrera-t-il dans la folie, tel Jack Torrance, ou tel Harry Callahan fera-t-il régner l’ordre ?

Eh bien je vous laisse découvrir cela dans ce très bon livre que l’on trouve en librairie, sur le site de l’auteur(1) et sur les sites marchands.

 

Rencontre avec Gaëlle Perrin

 

gabrielle perrinGaëlle Perrin.

 

Sébastien Mousse : Bonjour Gaëlle, ma première question c’est : comment, un jour, on se décide à se lancer toute seule dans l’aventure ?

 

Gaëlle PERRIN : Bonjour Sébastien. En fait, ce saut dans l’auto-édition était un pari avec moi-même. Quelques années auparavant, j’avais été éditée par une petite maison d’édition qui avait réussi à vendre 500 bouquins en très peu de temps. Ne trouvant pas d’éditeur pour le suivant, j’ai voulu tenter l’aventure. Et avoir un vrai retour de lecture de la part de lecteurs que je pourrais côtoyer directement, sans passer par une tierce personne (en l’occurrence, l’éditeur). Et je me suis jetée à l’eau ! Ça n’a pas été simple tous les jours. J’ai du me battre pour avoir droit de participer à certains salons, pour me faire connaître. Mais avec du temps, de l’énergie et pas mal d’amis, on arrive à beaucoup de choses !

 

SM : C’est un véritable sport, cela fait quelques années que l’on se croise dans les salons, depuis cette église de St-Chef(2), je t’ai vue évoluer et faire ta place auprès des grands auteurs, pas trop?

 

GP : C’est surtout très enrichissant. Ces quelques années, j’ai fait de très belles rencontres sans lesquelles tout ce chemin parcouru depuis n’aurait jamais pu exister. Les lecteurs sont parfois redoutables dans leurs avis. Mais ce n’est rien par rapport aux collègues qui eux, sont sans pitié. Et ça, c’est précieux. Les gens que j’ai croisés et qui ont su être là pour m’aider à avancer l’ont fait sans complaisance. J’ai pris des coups de pied au derrière, des ratures sur mes textes en rouge foncé et des coups de fil assez! Mais j’en redemande encore. Parce que ça m’a permis de corriger des erreurs, d’améliorer le style, la forme. Et rien que pour ça, je marcherai sur les genoux s’il le faut, accablée de fatigue, mais je continuerai ma route. Avec le sourire. Pour leur rendre hommage aussi. Parce qu’ils en ont abattu du travail, avec moi ! Crois-moi…

 

SM : De toute façon, cela paye, tu t’es fait connaître, tu as participé à l’exquise nouvelle(3), tu viens de signer chez Ex Aequo, chez l’Atelier Mosésu, tu fais partie du collectif des auteurs du noir depuis deux ans et l’on trouve tes livres à France Loisirs, comme quoi ce n’est pas parce que l’on ne trouve pas d’éditeur, que l’on n’a pas de talent, tu es fière du chemin?

 

GP : Oui, évidemment Mais comme je te l’ai dit à ta question précédente, sans certaines personnes, je n’en serais pas là. C’est aussi grâce à elles. Je ne les citerai pas (pour ne pas faire de jaloux et surtout, ne pas écrire un annuaire téléphonique !) mais elles se reconnaîtront. Et je les remercie du fond du cœur.

 

SM : Sans éditeur, pas de diffuseur – c’est lui qui fait la publicité des ouvrages auprès des libraires –, tu as pris comme substitution les réseaux sociaux tel que Facebook, ils ont apporté notoriété à tes livres ? Pas d’effet pervers ?

 

GP : En ce qui me concerne, pas d’effet pervers,! Je dirais même que ça été plus que bénéfique ! Mon livre s’est vu affiché sur des pages de gens que je ne connaissais pas. J’ai même fait pas mal de ventes grâce à ces réseaux sociaux. Et des bloggueurs m’ont aussi découverte par ce biais. Encore une fois, j’ai eu beaucoup de chance.

 

SM : Quel est ton actualité littéraire du?

 

GP : Le recueil des auteurs du Noir, publié à l’Atelier Mosésu, verra le jour en mai, comme mon nouveau roman qui sortira le même mois aux Éditions Ex Aequo.
En attendant, On peut toujours se procurer "Au fil des morts" en version papier sur mon site ou en numérique sur le site France Loisirs. Et dans les prochains mois, je devrais voir mon "Embaumeur" sortir à son tour.

 

SM : Gaëlle, je te remercie de cette entrevue, et d’avoir pris de ton temps pour répondre à mes questions.

Merci à toi.

 

 

Sébastien Mousse,

thanatopracteur,

directeur littéraire. 

 

Nota :

(1) http://www.syblio.com/au-fil-des-morts

(2) Oser vendre un livre qui s’appelle " le sourire du diable " dans une église, fallait oser !

(3) Voir Résonance N°69

Instances fédérales nationales et internationales :

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