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L’embaumement a été pratiqué à toutes les époques, dans toutes les cultures et sur tous les continents. De nos jours, la thanatopraxie moderne, souvent définie, à tort, comme un effet de mode, résulte de ces millénaires de pratique.

Le Moyen Âge

En France, c’est à l’époque du Moyen Âge que l’on a vu apparaître les premiers embaumements. Une volonté de veiller les morts, jusqu’alors inexistante, réservée aux rois, aux nobles et aux religieux. L’intérêt premier était de pouvoir conserver les défunts pendant leur transport jusqu’au lieu de sépulture, mais aussi de pouvoir les veiller à visage découvert.
L’efficacité du mode opératoire était plus qu’aléatoire. Pour ce faire, on retirait les viscères du sujet avant de lui entailler les muscles jusqu’aux os et de "farcir" le corps de poudres résineuses aromatiques et salines. Cette technique représentait tout de même entre 12 et 30 heures de travail.

Plus tard, sous l’Empire, Napoléon ordonna l’embaumement de tous les sénateurs.

La Renaissance

Ce n’est qu’au moment de la Renaissance que les méthodes ont réellement été modifiées. On a vu apparaître l’usage de baumes, d’onguents et de poudres dessicatives. C’est entre le 15e et le 18e siècle que l’on a vu se développer l’embaumement de pièces anatomiques, avec de multiples enjeux, tels que le transport, l’exposition, la dissection ou l’enseignement.
Durant trois siècles, cette technique n’a jamais cessé de se développer et on a vu apparaître de nouvelles pratiques, rationnelles et innovantes.

La thanatopraxie contemporaine

On estime à 1628 la date de la découverte du système artériel par William Harvey.
L’anatomiste hollandais Frederic Ruysche fut le premier à utiliser l’injection artérielle dans un but principalement scientifique, en l’occurrence la conservation de spécimens pour la recherche anatomique.

Il a fallu attendre le 19e siècle, et l’influence du médecin William Hunter, qui utilisa le système artériel pour la conservation de corps humain entier ainsi que Jean-Nicolas Gannal, chimiste français, précurseur en injection carotidienne d’acétate et de sulfate d’aluminium. Il fut le premier à retirer les gaz abdominaux.
En 1865, Thomas Holmes, qui avait assisté à une démonstration de Jean-Nicolas Gannal, rapporta cette méthode aux USA et expérimenta la thanatopraxie à grande échelle pour l’embaumement des soldats morts pendant la guerre de Sécession.

Ce n’est que quelques années plus tard, aux alentours de 1868, que la formule du formaldéhyde fut découverte par Hoffmann. Cette molécule révolutionnaire fut utilisée pour la première fois par le docteur Baudrian afin d’embaumer le corps de Léon Gambetta.

En 1900, on a vu apparaître, en Angleterre, les premières écoles de thanatopraxie, ces dernières étaient alors réservées aux médecins.

Il aura fallu attendre le début des années 60 pour que la thanatopraxie fasse son retour en France sous l’influence de Jacques Marette, qui, après l’obtention de son diplôme d’embaumeur au Lear Institut of Embalming, créa, en 1963, l’Institut Français de Thanatopraxie. La technique, depuis cette époque, est restée indentique.

La plastination

Descendante de la mercurisation des pièces anatomiques qui avait cours à la Renaissance, la technique de conservation par plastination a été inventée par le docteur Günther Von Hagens et consiste à imprégner les tissus de polymères. La conservation est alors définitive. On y découvre des applications dans des expositions et les écoles de médecine, même si ce procédé a fait l’objet, ces dernières années, de vives polémiques quant à l’éthique et à l’origine des corps.

Les soins de thanatopraxie, à l’origine réservés à une certaine élite de notables et de célébrités, comme Édith Piaf, Jean Cocteau ou Claude François, tendent à se démocratiser de manière significative. De nos jours, chaque famille endeuillée peut avoir accès à cette technique réalisée par des professionnels détenteurs d’un diplôme national.

La suppression des stigmates de la mort, la reconstruction après un accident, les bonnes conditions d’hygiène et de sécurité, une image apaisée du défunt et, par conséquent, apaisante pour la famille, voici une partie des nombreux intérêts de l’acte thanatopraxique. Ils ne sont plus à démontrer.

Claire Sarazin,
thanatopracteur


Mickaël Curti

 

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