Au départ, EMC (Europe Métal Concept) était une société de revalorisation des métaux précieux, créée il y a une quinzaine d’années. Aujourd’hui, cette entreprise de la région PACA apporte son expérience, son savoir-faire et son expertise dans les activités satellites que sont le traitement des déchets issus de la crémation et le développement (+ la production) d’un trieur broyeur de calcius.

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La recherche et l’innovation étant des moteurs économiques indispensables pour une entreprise se situant sur un secteur concurrentiel en plein essor, nous avons rencontré Louis Piazza, dirigeant d'EMC, afin qu'il nous dévoile notamment les dernières évolutions techniques de son trieur broyeur de calcius.

Résonance : Tout d'abord, quelle est la carte d'identité (situation géographique, effectif, domaines d'expertise, etc.) d'EMC ?

Louis Piazza : Notre siège social est situé à Cannes, mais notre unité de fabrication et notre pôle de traitement des déchets se trouvent, eux, à Graveson (Bouches-du-Rhône), au centre d’un triangle Avignon/Nîmes/Salon-de-Provence. Cette situation géographique particulière nous permet d’avoir accès très facilement et rapidement aux principaux axes autoroutiers de notre région (vers Marseille et Lyon/Paris, vers l'Italie, l'Espagne et vers le Centre de la France) et d’être à proximité de la gare Avignon TGV.

Notre trieur broyeur de calcius est entièrement fabriqué sur ce site de production. Nous sommes six salariés à Graveson, plus deux commerciaux pour la France, et quatre répartis sur l’Espagne et l’Italie.

À la base, le cœur de notre activité est la revalorisation de métaux précieux. C’est un monde très fermé qui se divise en différents secteurs : celui concernant les particuliers avec le rachat de bijoux, le secteur professionnel avec notamment les déchets électroniques (or, argent, platine, rhodium, palladium, etc.), le monde de la dentisterie avec les prothèses dentaires et, pour finir, les bijoutiers. Évidemment, on ne peut pas tout faire, et EMC s’est donc spécialisé dans le recyclage et la revalorisation des prothèses et autres déchets liés à la pratique dentaire. L’avantage est ici le nombre considérable de cabinets existants et donc une source d’approvisionnement régulière importante.

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R : Comment en êtes-vous arrivés, à partir de ce savoir-faire maîtrisé, à travailler avec les crématoriums ; et ensuite à la conception d'un processus innovant d'élimination des calcius ?

LP : Au fil des années, nous avons remarqué que certains clients nous apportaient plus de déchets dentaires que d’autres. Après leur avoir posé quelques questions, nous avons appris qu’une partie de ceux-ci venaient de crématoriums se trouvant proches de chez eux. Sur le moment, nous avons été surpris, mais après réflexion, je me suis dit que cela pouvait être un moyen supplémentaire pour nous alimenter en matière à traiter. Par précaution, nous avons consulté notre cabinet juridique afin de connaître la réglementation en vigueur sur la récupération des déchets métalliques issus de la crémation. Ayant été informés du fait que ces résidus doivent être obligatoirement revalorisés et que, donc, nous étions légitimes dans cette récupération, nous sommes allés voir les crématoriums pour leur proposer nos services. Cela a été très bien accueilli, d’autant plus que nous offrions d’autres spécificités, comme la prise de matériaux bruts non triés, ce qui représente un gain de temps pour eux. C’est aujourd’hui devenu une de nos spécialités, avec plus de trente-cinq établissements pour lesquels nous gérons ce traitement des résidus.

Une fois cela acté, force est de constater que le marché est assez fermé et que les perspectives de développement sont faibles. Il ne se crée pas un crématorium tous les jours. Comme nous sommes trois sociétés à intervenir sur l’ensemble du territoire, c’est quasi verrouillé. Dans le même temps, nos processus évoluaient, les "crémas" nous laissant de plus en plus de calcius dans les conteneurs. Nous nous sommes donc retrouvés avec des quantités de plus en plus importantes à travailler. J’ai donc décidé de développer un système qui permet d’éliminer d’une manière simple les calcius sans utiliser de produits nocifs. Ce procédé est naturel, avec seulement de l’eau, de l’oxygène et de la chaux. Il a été validé par la DREAL (Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) et entre dans notre certification ISO 9001.

R : De là, nous arrivons au trieur broyeur de calcius que vous concevez en 2011 et que vous améliorez aujourd’hui. Est-ce exact ?

LP : Oui. De l’utilité de ce travail pour les crématoriums est venue l’idée de développer un nouveau type de trieur broyeur de calcius qui permettrait de séparer les métaux avant broyage, de manière à rendre à la famille une urne ne contenant que les calcius du défunt. Nous avons finalisé ce projet en 2011 et installé les cinq premiers modèles. Après usage, bien que le broyeur soit efficace, nous avons noté quelques imperfections techniques qu’il était nécessaire d’améliorer. Principalement concernant la maintenance de certaines pièces mécaniques (vibreur, séparateur à aimants, etc.) qui se révélaient perturbatrices et difficiles d’entretien.

Nous décidons donc aujourd’hui d’abandonner ce type de dispositif pour passer à une nouvelle génération de broyeurs n’ayant plus d’éléments mécaniques. Partant du constat que les os calcinés sont très friables, et d’autant plus s’ils sont chauds, nous optons pour un broyage par multi-injections d’air sous pression qui les agite fortement et les réduit en broyats. Leur densité et leur poids étant faibles, ils sont aspirés à travers un filtre (et un long conduit pour le refroidissement) pour arriver dans l’urne à 25/30° (température de 600° estimée au départ) en un temps record de 4 à 6 minutes. Les éléments perturbateurs que sont les métaux sont beaucoup plus lourds et ne sont donc pas aspirés.

Ce principe est réellement novateur. La mise au point a pris un peu de temps, mais nous sommes actuellement dans la phase finale de test et les premiers exemplaires ont été produits. Nous allons effectuer des essais in situ avec un premier broyeur en place à Avignon en présence du responsable du crématorium qui pourra en valider le bon fonctionnement et/ou nous indiquer des points de perfectionnement. Dès que la validation est acquise, nous honorons trois autres clients : les crématoriums de Perpignan, Pont-à-Mousson et Viriat.

R : Quelles sont vos perspectives pour 2015 ?

LP : Les perspectives sont pour l'instant plutôt bonnes, car nous avons déjà une commande ferme en Italie et notre principal concurrent semble intéressé pour commercialiser notre produit. Pour 2015, nous espérons avoir un carnet de commandes allant de 40 à 50 unités de notre broyeur trieur de calcius.

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations