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Saviez-vous que "Heureux comme Dieu en France" est un proverbe allemand ! Ce proverbe n’est plus uniquement germanique. À l’image de Dieu, les Français sont aussi, d’après un sondage réalisé par BVA du 19 mars 2015 au 20 mars 2015, très majoritairement heureux dans leur vie et leur pays. Réjouissons-nous de cette situation. Elle contredit le tableau, souvent morose, dressé par divers commentateurs.

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Yves Messier, responsable
du centre de formation EFFA.

Que veut dire ce proverbe ou bien quelle signification peut-on lui accorder dans le contexte du funéraire ?

Voici une piste : l’idée du "souvenir du disparu" est conditionnée par la culture des groupes humains. La finalité est habituellement la même : se rappeler le défunt et, dans certains cas, attirer ses bonnes grâces. Face à une personne qui vient organiser les obsèques d’un proche, comment est-il possible de l’aider à imaginer les opérations qui lui permettront de réaliser ce souvenir ? Dans quel état d’esprit faut-il être (soi-même) et dans quel état d’esprit faut-il placer cette personne pour qu’elle révèle simplement ce à quoi elle pense ? Ce dont elle rêve ? Enfin, les choix faits par la personne qui organise les obsèques pourraient-ils être dictés par une certaine "résistance". Mon propos peut vous paraître encore étrange, mais bon… poursuivons.

Un des enjeux de la formation est, d’une part, de comprendre l’endeuillé et, d’autre part, de lui faire dire ce dont il a besoin ou ce qu’il aimerait avoir pour commémorer le souvenir du défunt. Mais il est parfois difficile de révéler ce qui se cache en son for intérieur. Notre monde porte en lui les terrifiants "qu’en dira-t-on ?" mais aussi "quelle réponse dois-je donner ?". Nous agissons souvent en fonction des autres, comme si notre propre originalité représentait, en premier lieu, un danger pour celui qui s’exprime bien avant d’en être un pour celui qui écoute. Certains d’entre vous me disent déjà : "C’est la faute à notre éducation, notre culture, notre famille…" Je vous l’accorde… les empreintes laissées par ces trois structures sont souvent fortes. En revanche, n’est-ce pas le propre de "l’adulte" de reconnaître l’empreinte de l’éducation, de la culture et de la famille pour ensuite, selon les circonstances, en moduler l’impact, voire la neutraliser ?

Le courage de révéler ce que notre originalité peut avoir de bon pour la collectivité est souvent difficile. Rappelons-nous que la peur et le doute sont parfois salvateurs, tout comme ils peuvent être de bien mauvais conseillers.

Marc Dugain, en 2002, dans son roman intitulé "Heureux comme Dieu en France", évoque l’idée de "résistance" et de "don de soi" dans ce roman dont la toile de fond est la Deuxième Guerre mondiale, la résistance face à l’adversaire et face à l’oubli d’un amour perdu. Ce que vit le héros de ce roman est peut-être le miroir des situations vécues par les endeuillés ? Ceux qui organisent les obsèques de l’un des leurs ne seraient-ils pas dans la même dynamique : faire vivre, au moins un temps, le souvenir du disparu ?

Yves Messier
Résonance n°111 - Mai 2015

 

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