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La transmission : pérenniser la lumière du savoir

La transmission est ancrée au plus profond de la nature humaine. Bien avant l’apparition de l’écriture, nos ancêtres cultivaient la transmission orale, une façon de léguer aux générations suivantes des conseils pratiques, une forme de philosophie de la vie, une identité propre, une culture sociale et artistique. Pourquoi transmettre et ne pas laisser ceux qui viennent après nous se forger leur propre expérience en commettant des erreurs ? Peut-être parce que ce témoignage sera fort utile pour affronter les tourments de l’existence, et viendra cultiver le souvenir de celles et ceux qui furent les émetteurs de cette transmission, mais surtout, sera une forte valeur ajoutée patrimoniale à une somme de connaissances immémoriales. Transmettre, c’est avant tout communiquer en prenant le risque de ne pas être compris, mais surtout, c’est révéler chez l’autre l’envie de recevoir, sans entraver sa liberté et son libre-arbitre.

L’éducation des enfants en est une démonstration évidente, et démontre également la fragilité subtile des messages que nous leur adressons.

Recevoir est une chose, mais le plus important est l’appropriation de ces recommandations, afin de les faire siennes pour être en mesure un jour de les transmettre à son tour, enrichies de ses propres erreurs, qui sont toujours, il faut le reconnaître, sources d’apprentissage et de progrès. La transmission est un don, mais c’est également une dette. On peut considérer notamment que c’est un droit qui génère des devoirs, dont le premier est de devenir à son tour un passeur de flamme, un relais sensible et exigeant d’un patrimoine et d’une sagesse intemporels.

C’est sans doute ce qui anime les forces vives de notre profession, dont l’esprit repose sur la conjugaison intime du savoir-faire et du savoir-être. Quelle que soit la puissance de l’inné chez les individus, l’acquis est irremplaçable dans la construction de "l’être parfait" dont nous souhaitons tous l’avènement. Vœu pieux, me direz-vous, mais, dans notre communication des valeurs et détails pratiques et fonctionnels, il y a toujours l’espoir de voir l’élève dépasser le maître et, à son imitation, de revoir nous-mêmes nos propres certitudes en polissant cette pierre cachée au plus profond de nous. Cette vision néo-platonicienne de la rectification permanente s’inscrit bien dans l’affirmation de nos valeurs.

Transmettre et socialiser sont des engagements quotidiens qui se veulent les gardiens de tout ce qui fonde nos actions. C’est également accepter de recevoir et de s’en trouver modifié, de devenir un maillon d’une chaîne intemporelle au service du bien commun. Ce que d’aucuns appellent la "modernité", nous le nommons "éternité". Nous évoquions supra le "désir de recevoir". Il convient de préciser cet acte de recevoir. Nous sommes passés depuis quelques décennies d’un impératif de transmission à un nouveau modèle basé sur l’acte d’apprendre, où nous avons créé des "apprenants", des entités impatientes qui revendiquent la capacité de construire seules et surtout selon leurs propres intérêts, leur propre savoir. Erreur funeste…

La transmission ne repose pas sur le profit immédiat, mais commence par l’humilité, tant du point de vue de l’émetteur que de celui du receveur. De l’humilité naît une forme de sagesse qui va devenir le ciment utile de la transmission. Le maître apprend autant que l’élève. Faire renaître ce couple, dont la magie a été estompée par la remise en cause des fondements pédagogiques à tous les niveaux, est un impératif catégorique auquel nous ne devons pas nous soustraire. On voit le résultat à bien des égards aujourd’hui, non sans craintes évidentes pour la suite des événements…

Commençons par nous interroger sur les différents cadres de transmission que nous mettons en œuvre dans le contexte professionnel qui est le nôtre et qui, cependant, ne nous exonèrent pas de nos propres responsabilités et devoirs initiaux, ce que nous avons tendance parfois à mettre en sourdine, reconnaissons-le. Oui, le savoir a besoin de temps, mais il a besoin, aussi et surtout, d’une volonté affirmée, de relais efficients, d’empathie, d’humilité et d’expertises reconnues. Un philosophe malien, Amadou Hampâté Bâ, dans un discours à l’UNESCO, avait souligné métaphoriquement : "Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle." Combien de bibliothèques devrons-nous voir brûler pour reprendre sérieusement en main puis pérenniser notre devoir de transmission ?
 
Steve La Richarderie
Rédacteur en chef

Instances fédérales nationales et internationales :

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