À l’occasion du salon FUNÉRAIRE PARIS 2025, la CRAMIF investit le nouveau "village institutionnel", un espace inédit dédié à la prévention et à la santé au travail. Trois jours durant, l’organisme francilien y déploiera un dispositif interactif et pédagogique pour présenter ses outils, dialoguer avec les professionnels et mettre en lumière le Guide des bonnes pratiques du funéraire, récemment publié. Grâce à ce stand vivant, à la conférence qui sera proposée et aux rencontres avec les fabricants, les responsables d’établissements, la CRAMIF entend rappeler que la sécurité n’est pas une contrainte, mais une exigence de respect… de soi, du métier et de la dignité qu’il incarne.

Le funéraire s’ouvre à la prévention
C’est une première dans l’histoire du salon FUNÉRAIRE PARIS : un village institutionnel prendra place cette année au parc des expositions du Bourget, réunissant la DGCL (Direction Générale des Collectivités Locales), la CRAMIF (Caisse Régionale d’Assurance Maladie d’Île-de-France) et les principales Fédérations nationales et internationales du secteur. Ce nouvel espace traduit l’évolution d’un univers longtemps perçu comme figé : celui des métiers du funéraire, désormais pleinement engagés dans la modernisation de leurs pratiques et dans la prise en compte des risques professionnels.
Du 19 au 21 novembre 2025, la CRAMIF y tiendra un stand dédié, pour y rencontrer des professionnels. L’idée n’est pas seulement d’y présenter des outils, mais d’y cultiver le dialogue, l’échange et la réflexion autour d’un enjeu majeur : la prévention au service des métiers du funéraire. "Nous voulons être à l’écoute, entendre ce que vivent les professionnels sur le terrain", confie Sébastien Bourges, ingénieur à la CRAMIF. "Notre rôle n’est pas de prescrire, mais d’accompagner."
Trois jours pour écouter, montrer et accompagnerDurant ces trois jours de salon, la CRAMIF déploiera un programme à la fois dense et accessible, organisé autour de trois axes clés :
1 - Montrer et expliquer les outils de prévention
Au cœur du stand, des bornes interactives permettront de naviguer dans l’univers numérique de la prévention : le site de l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité), la plateforme OiRA, ou encore le portail en ligne de la CRAMIF. L’outil OiRA (Online interactive Risk Assessment), proposé par l’INRS, offre une approche simple et gratuite d’évaluation des risques professionnels. Destiné aux petites structures, il guide pas à pas les dirigeants dans la construction de leur document unique. Sur le stand, les visiteurs pourront notamment tester cet outil, apprendre à l’utiliser.
La CRAMIF y présentera aussi son Guide des bonnes pratiques du funéraire, fruit d’un long travail collectif associant les Fédérations professionnelles (FNF, FFPF et UPFP) et le service de santé au travail ACMS. Ce Guide, illustré de croquis, qui recense les aménagements adaptés, les équipements recommandés pour réduire les risques. "Ce n’est pas un manuel figé", souligne Sébastien Bourges. "C’est un outil vivant, qui évoluera selon les retours des professionnels et par l’intermédiaire des visites d’établissements."
2 - Accompagner les entreprises dans la mise en œuvre
Sur le stand, la CRAMIF aidera les visiteurs à s’orienter :
- comment naviguer sur les sites institutionnels,
- quelles mesures de prévention privilégier selon son activité,
- quelles aides financières éventuelles peuvent être sollicitées.
Si le secteur funéraire ne dispose pas encore d’un fonds spécifique, plusieurs dispositifs nationaux peuvent être mobilisés, notamment dans le cadre de la lutte contre les TMS (Troubles Musculo-Squelettiques) via le FIPU (Fonds d’Investissement pour la Prévention de l’Usure professionnelle). Les équipements les plus cités ? Brouettes électriques, tables élévatrices, potences, ou encore tables à hauteur variable – autant d’outils susceptibles de transformer le quotidien des agents funéraires. La Fédération Nationale du Funéraire (FNF) animera d’ailleurs une conférence, en collaboration avec la CRAMIF, à destination des décideurs.
3 - Observer, écouter, anticiper : la veille technologique
Enfin, la présence de la CRAMIF ne se limite pas à la diffusion d’informations. Elle s’inscrit dans une démarche d’observation active du secteur : aller vers les fabricants, tester les innovations, comprendre comment les nouvelles technologies peuvent renforcer la sécurité au travail. Chaque innovation, aussi modeste soit-elle, contribue à rendre le travail plus sûr et plus digne. La CRAMIF encourage les fabricants à poursuivre dans cette voie et se positionne en partenaire : elle ne se contente pas de contrôler, elle contribue à l’évolution des techniques. Cette démarche illustre une approche constructive : la prévention comme moteur d’innovation, et non comme frein à la modernité.
Un Guide qui change le regard sur les métiers du funéraire
La publication récente du Guide des bonnes pratiques du funéraire marque un tournant pour la profession. Longtemps, la sécurité a été vécue dans ce secteur comme un sujet secondaire, voire distant de la réalité du terrain. Le Guide a voulu rompre avec cette vision en adoptant une approche pragmatique et pédagogique, nourrie d’exemples concrets. On y parle de manutention manuelle, de postures, d’ergonomie des postes, mais aussi de prévention des risques psychosociaux. On y évoque les risques infectieux ou chimiques, notamment l’exposition au formaldéhyde – substance encore utilisée en thanatopraxie –, au cœur d’une campagne de sensibilisation prévue début 2026 en partenariat avec l’ARS (Agence Régionale de Santé).
Le document insiste également sur l’importance de l’organisation collective du travail : mieux répartir les tâches, anticiper les manutentions, maintenir le dialogue dans les équipes. Pour Sébastien Bourges, "il était essentiel de proposer un contenu qui parle aux professionnels. Nous avons voulu quelque chose de visuel, accessible, rigoureux, à travers des croquis clairs et des exemples issus du terrain".
La CRAMIF souhaite que cette participation au salon du FUNÉRAIRE PARIS 2025 soit un moment d’écoute et d’échanges afin de recueillir les besoins, les freins, les initiatives locales, avec l’objectif d’ajuster ses futurs outils. "Notre Guide n’est qu’un début", précise Sébastien Bourges. "Nous voulons le faire évoluer grâce aux retours de terrain." Cette démarche marque un changement d’époque : la prévention n’est plus descendante, elle devient collaborative. Elle s’élabore à plusieurs voix.
Le funéraire : un secteur à risque, un enjeu humain
Derrière la solennité du métier, les risques sont bien réels. Les chiffres de l’INRS sont sans appel : plus de 77 % des maladies professionnelles reconnues dans les services funéraires concernent les TMS. Les manutentions répétées de cercueils, les postures contraintes, la conduite de véhicules ou le travail en extérieur dans des conditions parfois extrêmes pèsent lourd sur la santé physique des agents.
À cela s’ajoutent des risques chimiques (formaldéhyde, produits de désinfection), biologiques (manipulation de corps, contacts avec des liquides biologiques), ou psychosociaux, liés à la charge émotionnelle propre à la confrontation quotidienne avec la mort et la souffrance des familles.
Ce métier, empreint d’une grande humanité, mérite d’autant plus qu’on lui accorde les outils et la reconnaissance nécessaires pour protéger ceux qui l’exercent.
En Île-de-France, région pilote des actions de la CRAMIF, les résultats sont encourageants : alors que la sinistralité augmente au niveau national, elle diminue sur la zone expérimentale francilienne. "Les résultats, encore à consolider, montrent une baisse des accidents et maladies professionnels", indique Sébastien Bourges.
Un moment charnière pour la profession
Le salon FUNÉRAIRE PARIS 2025 marque une étape importante pour les acteurs de la prévention. En occupant une place centrale dans le village institutionnel, la CRAMIF affirme la maturité d’une démarche amorcée depuis plusieurs années : faire du funéraire un secteur exemplaire en matière de santé et sécurité au travail. Cette présence n’est pas symbolique. Elle incarne une philosophie : celle d’une prévention positive, participative et porteuse de sens. Elle traduit aussi une conviction : investir dans la sécurité, c’est investir dans la qualité du service, dans le respect du défunt comme du professionnel. Pour Sébastien Bourges, "la prévention n’est pas une contrainte réglementaire. C’est un moyen d’assurer la continuité du métier, de protéger les savoir-faire et les femmes et les hommes qui le font vivre".
Continuité et nouvelles actions
Forte du succès annoncé du salon parisien, la CRAMIF prévoit déjà de prolonger cette dynamique. En 2026, elle participera à une action conjointe avec l’ARS sur le risque chimique (formaldéhyde notamment), en collaboration avec des professionnels de terrain. Autant d’occasions de continuer à faire vivre ce dialogue entre prévention, innovation et terrain.
Ainsi, la CRAMIF, par ses actions, n’entend pas seulement produire des outils ; elle ambitionne de tisser des liens solides et constructifs avec les instances et professionnels du secteur funéraire, de nourrir une réflexion collective, et de rappeler que la santé au travail est, au fond, une forme de respect : respect du vivant, respect du métier, respect de soi.
| Témoignage de Sébastien Bourges, ingénieur conseil à la CRAMIF "Quand je repense au chemin parcouru, de la première réunion d’échanges avec les Fédérations à l’élaboration du Guide, je ressens une véritable fierté. Nous avons réussi à fédérer tout un secteur autour d’un objectif commun : faire de la prévention une évidence. Ce Guide, c’est le fruit du dialogue, de la volonté de donner des repères simples et utiles. Il ne s’agit pas d’imposer, mais d’accompagner. Voir aujourd’hui le funéraire s’emparer de ces outils, participer à cette évolution, c’est une belle récompense. J’espère que ce salon permettra à encore plus de professionnels de s’en saisir, et qu’ensemble, nous continuerons à faire progresser la sécurité et la reconnaissance de ce métier exigeant et profondément humain." |
Steve La Richarderie
Résonance n° 221 - Novembre 2025
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