Votre panier

Panier vide

À l’heure où la presse nationale s’interroge sur la pollution des cimetières, et plus généralement au sujet de l’emprise CO2 de la mort, selon qu’on ait choisi la crémation, l’inhumation ou, ailleurs, la promession, l’aquamation et bien d’autres possibilités au-delà de nos frontières… À l’heure donc où parler de pollution est "tendance", le silence est d’or pour répondre à nos questions sur les risques que nous encourons à manipuler des défunts traités par la curiethérapie.

 

Fresse Florence2019
Florence Fresse.
FFPFNouveau

Cette question, posée il y a quelques années par une de nos adhérentes, Débora Nunes, installée à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis, nous a incités à rédiger plusieurs courriers, au ministère de la Santé en 2015, à Jean-Pierre Sueur, et à mettre régulièrement le sujet sur la table du Conseil National des Opérations Funéraires (CNOF)… sans réponse à ce jour.

Pire, lors d’une réunion informelle au ministère de l’Intérieur en 2017, alors que nous demandions à ce que le sujet fasse l’objet d’une étude, un des membres présents, représentant de la profession, nous a fait remarquer qu’il n’y avait pas de sujet, un autre qu’une étude canadienne avait fait le tour de la question sans trouver de problème autour de la curiethérapie…

Mais la curiethérapie, qu’est-ce que c’est ?

Selon David Beme, rédacteur en chef du forum "Doctissimo", le principe de la curiethérapie, préconisée dans le traitement de plusieurs cancers, est d’introduire des sources radioactives directement dans la tumeur, à l’aide d’une aiguille. Selon la pathologie et son positionnement dans l’organisme humain, il s’agira de petits tubes placés sous la peau ou directement dans les cavités naturelles de l’organe à traiter (utérus, vagin…).

Le protocole de soin, que l’on peut trouver sur le site de l’Hôpital Gustave Roussy, est le suivant : lors de son opération d’implantation et dans les 6 jours qui suivent, le patient est seul, dans une chambre plombée, qui absorbe le rayonnement, et ses visites sont limitées (https://www.gustaveroussy.fr/fr/curietherapie).

Quel rapport avec nous, opérateurs funéraires, me direz-vous ?

La question se pose dans le cas du décès d’un patient récemment implanté, comme cela est arrivé à notre adhérente. D’autant que ce patient avait souhaité être incinéré. Or, dans une étude destinée à la médecine du travail, publiée en 2012 par l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS), il est écrit que : "Des mesures d’information du patient et d’organisation sont nécessaires. Le patient doit être porteur d’une carte personnelle indiquant la date de la curiethérapie et le nom de l’hôpital où elle a été réalisée." Il est de surcroît ajouté plus loin que : "Ces informations peuvent s’avérer utiles en cas de franchissement de détecteurs particulièrement sensibles dans certains aéroports."
Et le danger ne semble pas s’arrêter là, car on peut lire plus loin: "[…] en cas de décès, il est impossible de demander à recourir à la crémation dans un délai de trois ans après l’implantation." Lors de la séance du CNOF le 16 mai dernier, nous avons de nouveau évoqué le sujet et informé le ministère que la Fédération Française des Pompes Funèbres (FFPF) venait de recevoir un courrier du préfet de la Seine-Saint-Denis.
Or, je viens de recevoir un courrier de la réglementation de l’Autorité de sûreté nucléaire qui contredit cette information qui m’avait été délivrée. Il est dit que, dans le cadre de certains traitements de cancers, notamment la thyroïde, l’intestin et les tumeurs neuroendocrines, on peut avoir à demander systématiquement des dérogations de dépassement au délai. Il faudrait attendre un délai d’au moins deux semaines entre le traitement du patient s’il en décédait, et l’éventuelle manipulation ou crémation de son corps.

La question est posée…

Je soumets cette question, aujourd’hui. Mais je pense que ce développement de la curiethérapie ne peut être qu’exponentiel, car c’est un traitement qui ne fait malheureusement pas ses preuves parce que l’on parle de défunt. Mais ce sera un traitement plutôt bien reçu par les patients atteints de certains cancers, qui risque de se développer avec les risques sanitaires que l’on peut projeter. On aura des défunts extrêmement radioactifs. L’étude évoque enfin un risque de "contamination des personnels à l’iode par les fumées".
J'aborde la problématique liée aux nouvelles thérapies, et notamment la curiethérapie, aujourd’hui pratiquée dans le cas des cancers de la prostate, et les risques engendrés sur l’environnement et les personnels funéraires, en cas de crémation, par exemple. J'ai sollicité le ministère de la Santé en 2015 sur ce sujet car la seule étude alors était une étude américaine préconisant de ne pas pratiquer la crémation avant un certain délai suite aux implantations.
Deux membres du CNOF, non professionnels de santé, ont répondu et assuré qu’il n’y a aucun risque et qu’ils ont en leur possession une étude belge sur la curiethérapie. L’un d’eux ajoutant qu’il n’y a aucun risque lié à la curiethérapie et que le grand-père peut approcher ses petits-enfants dès la sortie d’hospitalisation…

Un dossier qu’on pourrait qualifier de "brulant"…

RP PREF 93 RECOMMANDATON ASN CURITHERAPIE 26 04 2019 1
RP PREF 93 RECOMMANDATON ASN CURITHERAPIE 26 04 2019 2RP PREF 93 RECOMMANDATON ASN CURITHERAPIE 26 04 2019 3b

Florence Fresse
Déléguée générale de la FFPF

Résonance n° 156 - Janvier 2020

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations