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Depuis l’assassinat de Jules César à cette période de l’année, les Romains avaient pour coutume de dire qu’il n’y a rien de bon arrivant dans la deuxième quinzaine de mars, principe qui ne sera pas démenti cette année. Un mois après notre précédent dossier relatif au Covid-19, nous sommes comme vous tous un peu assommés par le vécu de ces trente jours qui resteront historiques. Ce dossier se veut alors comme un entre-deux, mi-mémoire, mi-recommandation pour les prochains jours. (rédigé le 15/04/2020)

 

Préambule  

Je crois que, plus que jamais, nous avons besoin de communiquer entre nous, professionnels du funéraire. Ce dossier se veut le vôtre. Il doit dire tout haut, en interne de la filière, ce que nous ne pouvons dire que tout bas, face à la société en général. Cette épidémie sera une grande révélatrice à tous les niveaux. Eu égard aux enjeux humains qu’elle met en œuvre, le silence n’est pas permis tout comme son opposé, jacasser avec un stylo, un ordinateur ou devant un micro. 


Étaler sa science ou sa moralité en de telles circonstances devient vite déplacé, pour ne pas dire intolérable. Puisque le magazine Résonance me permet de vous transmettre ce dossier, ce dont je le remercie, je veux tout d’abord adresser une pensée très chaleureuse et reconnaissante à l’égard tout d’abord de ceux d’entre vous, "d’entre nous", qui ont été touchés par le virus puis à l’ensemble des personnels qui ont accepté de travailler comme tous les jours, en prenant calmement et courageusement un risque calculé.


Pour beaucoup, il y a des choses que vous avez vécues, vues ou entendues qui vous ont donné envie de hurler de colère. Sans les cacher ni même dire ce que j’en pense personnellement, il me semble impossible de les tenir sous silence car la filière funéraire, tout comme la société en général, ne sortira pas de cette crise comme elle y est entrée… 

  1. réalité psychologique
  2. réalité médiatique
  3. réalité juridique
  4. réalité pratique
  5. réalité organisationnelle


a. Ne détournons pas les yeux !


On ne le dira jamais assez, le problème numéro 1 de notre spécialité professionnelle reste le rapport direct que nous avons avec un défunt. En circonstance de décès par atteinte du coronavirus, soit le personnel soignant nous présente un défunt déjà placé dans une housse dont il faut se protéger en la saisissant pour opérer la mise en bière, soit c’est nous-mêmes qui pénétrons dans la chambre où la mort a frappé et où potentiellement elle peut nous atteindre par voie de ricochet.


D’ordinaire, ce type de situation est rare. En ce moment, elle est courante et nos personnels, dans la grande majorité des cas, estiment qu’ils n’ont moralement pas le droit de s’en plaindre au regard des risques pris à une échelle plus intense par le personnel soignant. C’est probablement le fait le plus saillant dans cette période troublée : le personnel de pompes funèbres a tenu, tient et tiendra malgré l’ingratitude de son rôle et la présence avérée d’un danger en bout de chaîne épidémique. Chapeau bas ! Mais il y a aussi le défunt dans ce face-à-face insolite de mise en bière "sous cloche".

Quelle dignité conserve alors le défunt quand il est vecteur de menace virale ?

Quelles pensées prédominent dans notre esprit lorsqu’il faut intervenir engoncés dans nos EPI (Équipements de Protections Individuelles) ? De toute évidence, le souci d’échapper au virus prédomine. Aucun membre de la famille n’assiste, ni même un infirmier dans la chambre au moment de la manipulation, sécurité oblige. Le visage du défunt, ultime signe de condition humaine, n’apparaît plus quand le corps a déjà été placé dans la housse. Une formule reprise dans un article de presse résume bien la situation : "nous ne faisons plus du funéraire mais du sanitaire". 


Les proches du disparu, à l’opposé de l’ordinaire, sont déconnectés, quasi impuissants dans une situation qu’ils subissent. Comment vivent-ils ce rapt dû aux circonstances ? Et comment vivons-nous le contact avec eux ? Nous aurons beaucoup de choses à raconter, plus tard. Cela n’empêche pas, dès aujourd’hui, de nous regarder en face : pourquoi et comment faisons-nous ce travail de pompes funèbres ? Que faisons-nous pour les défunts et les familles, et dans quel état d’esprit ?


b. Le mal médiatique a été le plus le plus fort


De ce premier mois épidémique, nous retiendrons un peu de positif et beaucoup de négatif.


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Premier épisode : panique et n’importe quoi

Dans les premiers jours de confinement, nous avons connu des manifestations d’inquiétude et de tension dans nos entreprises. Surprise parfois : des retraits du travail se sont manifestés dans le personnel à plus ou moins bon escient. Mais le plus spectaculaire fut la réaction des maires, des paroisses et des crématoriums (pour certains). L’arrêté du 14 mars a interdit les rassemblements extérieurs de plus de cent personnes et les cérémonies funéraires ont été limitées le 15 mars à vingt personnes dans les édifices cultuels (dans nos salles de cérémonie par similitude de circonstances).

La notion de distance sociale s’est également imposée. Pour autant, des officiants cultuels ont refusé d’intervenir au vu de leurs risques personnels. Des paroisses ont choisi de ne célébrer qu’en extérieur et non intra-muros. Bon nombre de crématoriums sont allés encore plus loin et parfois même sans prendre l’avis préalable du maire compétent : ils ont tout bonnement fermé leurs portes aux proches des défunts.


Le pompon, s’il faut en discerner un, revient aux communes qui ont bouclé leurs cimetières au moindre public. Dans le Haut-Rhin, il a fallu le ramdam médiatique de cérémonies organisées en extérieur du cimetière, devant le portail, pour que le préfet enjoigne la commune de rouvrir et laisser les proches suivre le cercueil jusqu’à la tombe. Mais dans quasiment toute la France, cette lamentable situation s’est répandue comme un feu de paille. Dans certains cimetières, il fut question de laisser passer les proches deux par deux, comme pour entrer dans une boutique exiguë… Dame bêtise fut encore plus contagieuse que le virus !

Concernant les crématoriums, les gestionnaires ont manifestement craint l’invocation d’un droit de retrait de leur personnel et ont fermé l’espace dédié au public alors qu’il reste possible de se rassembler en extérieur jusqu’à 100 personnes et jusqu’à vingt dans une salle de cérémonie. Pourquoi ce régime restrictif dans les crématoriums ? 

De fait, tout ceci ne peut s’expliquer que par l’ignorance générale à l’égard des réalités épidémiologiques et précisément des caractéristiques du Covid-19.


Fort heureusement, des crématoriums, des paroisses et des cimetières n’ont pas cédé à la panique dénuée de cause proportionnelle. Les intérieurs de locaux ont été aménagés selon la règle du "un banc sur deux, une place sur deux" et les visites en salon funéraire se sont organisées pour respecter constamment la règle de la distance sociale. Dans ces conditions, les proches endeuillés ont été entendus et respectés dans leurs besoins légitimes.


"il a bobo Léon…" 

C’est le titre d’une chanson de Bobby la Pointe et ce fut le refrain maladroit des articles sur les pompes funèbres pendant près de deux semaines sur le thème : "on part en opérations avec aucune protection… nous sommes les grands oubliés…". Il est vrai que les pouvoirs publics ont été durs de la feuille dans un premier temps. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Déjà début 2006, en préparation face à la menace de grippe aviaire, tout avait été prévu pour les soignants, les crèches, etc., et rien pour les pompes funèbres. Personne n’en a rien su parce qu’à l’époque, la catastrophe n’a pas eu lieu. Et suite à cet épisode, nombreux furent ceux qui se sont moqués ensuite des précautions qui leur avaient été recommandées, notamment en matière d’achats d’EPI… 


Concomitamment à ces deux semaines de blues des pompes funèbres est arrivé le second avis du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) qui est revenu sur l’obligation de mise en bière immédiate, entre autres libéralités. Et cette fois, la coupe a été pleine. Les trois syndicats de pompes funèbres ont cosigné une lettre adressée au Premier ministre qui a parfaitement entendu le message, enfin Le décret du 1er avril a désavoué les libéralités-calamités de l’avis du 24 mars et classé cette fois-ci les pompes funèbres au rang des professions prioritaires dans la dotation de matériels de protection (masques, etc.). Entre-temps, Philippe Martineau (UDIFE-Le Choix Funéraire) et Loïck Rodde (Funéplus) ont adressé par courrier des alertes au Premier ministre à propos des difficultés rencontrées au quotidien par les professionnels funéraires.


Il est possible néanmoins de retenir que, tout au long de cette quinzaine, aux "ides de mars", la majorité des messages délivrés sur l’ensemble du pays par les professionnels de pompes funèbres au grand public a été anxiogène, donc contraire à l’intérêt général dans une crise majeure. Ce fut, à titre d’exemple, le message catastrophique contre les soins de conservation, pourtant très utiles face à un virus si les conditions de travail sont suffisamment sécurisées. 


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Mise au pilori malsaine et ingratitude de l’emploi

Les professionnels funéraires ont été parfois la cible de critiques médiatiques manquant souvent d’objectivité. Certes, il est normal qu’il y ait des lanceurs d’alerte et tant mieux si le journaliste aide à rectifier une situation abusive ou non conforme. Néanmoins, cet exercice doit être fondé, prouvé et relaté publiquement en se limitant strictement à l’objet du dysfonctionnement sans déborder sur un déclassement exagéré d’image de marque concernant la personne visée.


Peut-être suis-je naïf en énumérant ces précautions déontologiques. Tant pis, je choisi de persévérer dans ma naïveté en souhaitant vivement que les syndicats funéraires soient de plus en plus efficaces dans leur mission de médiation avant qu’un problème soit exposé bruyamment sur la place publique. Ce sont en effet eux, armés de leur volonté et jouant de leur capacité à agir en toute liberté qui peuvent user de médiation en première ligne de recours. Je crois utile de rappeler cet aspect de la vocation syndicale dont on pourrait souhaiter une permanente application. À réfléchir…


Enfin, fallait-il s’y attendre, le Président n’a pas remercié dans sa dernière intervention télévisée les professionnels funéraires parmi les secteurs d’activité méritant publiquement un hommage pour leur dévouement. Soyez certains que cela n’est pas un hasard. En la circonstance actuelle, remercier les pompes funèbres équivaudrait à tendre la perche à d’amères critiques venant de toutes les oppositions politiques. Soyez cependant certains que l’ensemble du gouvernement et le Président lui même ont particulièrement conscience de votre professionnalisme, de votre dévouement et de vos qualités humaines. Tout comme l’ensemble des élus et personnels territoriaux, n’en doutez pas.

Concernant les livraisons d’EPI parfois défaillantes dans certaines régions, ne concevez surtout pas cette situation comme un mépris de vos qualités et besoins mais plutôt comme le constat d’une situation délicate et tendue pour tous. Faites appel le plus possible à vos propres ressources et à votre ingéniosité. Pour exemple, dans la première semaine critique, des soignants n’ont pas hésité à utiliser des sacs de poubelle pour remplacer ad hoc les blouses à usage unique dont ils ne disposaient pas sur le moment. Lisez plus loin le chapitre concernant les dispositions pratiques mais retenez bien la caractéristique de votre situation de professionnels funéraires : nous sommes exposés, nous ne devons pas tout attendre de l’État et nous devons faire preuve de prudence, certes, mais aussi de créativité, de courage et de bon sens. Serrons les dents.


c. Un pas en avant… deux pas en arrière…


Nous avons assisté à une sorte d’imbroglio à base de réglementation mâtinée d’influence scientifique. Le fait que le pouvoir "normal" s’en remette à l’avis des scientifiques a quelque peu brouillé le message réglementaire. Il y a eu l’avis du 18 février qui a pris force réglementaire, puis deux arrêtés des 14 et 15 mars doublés ensuite d’un deuxième avis, celui du 24 qui assouplissait spectaculairement les premières dispositions plus restrictives face au Covid-19 et, pendant ce temps, les "initiés" savaient que quelque chose se préparait. 


Ce fut alors la rafale du décret du 27 mars et de l’arrêté du 28 mars, le premier ouvrant de manière extraordinaire les contraintes administratives encadrant normalement les activités de pompes funèbres et le second donnant une classification officielle du Covid-19 au sein de la liste des maladies limitant les pratiques funéraires. Deuxième coup de théâtre, le décret du 1er avril apparut comme une véritable reprise en main politique du dossier en lieu et place du HCSP. 


Nous sommes alors revenus illico aux premières décisions restrictives avec en plus une interdiction générale des soins de conservation et l’installation du principe de réquisition possible des personnes, des matériels et des fournitures nécessaires aux pompes funèbres. Nous sommes clairement revenus, ce 1er avril, dans le giron du ministère de l’Intérieur après une parenthèse un peu flottante dans celui du ministère de la Santé tout au long du mois de mars. Vous trouverez en fin d'article un récapitulatif de tous les textes cités(*) consultables sur Internet. 


Ce tâtonnement réglementaire reflète le parcours de réflexion de nos dirigeants qui ont pris conscience très tôt du danger généré par le Covid-19. Constatez par vous-mêmes le délai qui a existé entre la délivrance du premier avis le 18 février et sa prise de connaissance générale dans le pays deux semaines après alors que le deuxième avis, celui du 24 mars, a été connu de la grande presse le soir même du 24. Cette différence est à interpréter à propos de l’hésitation qu’a pu avoir le gouvernement face à la perspective de quasiment bloquer l’économie en imposant le confinement. On imagine pourquoi…


Comprendre le second avis, du 24 mars, implique il est vrai de se rappeler de l’exaspération qui s’est manifestée devant ce qui a été jugé comme abusif dans les mesures consécutives au confinement. L’émotion des familles endeuillées était légitime devant l’impossibilité de revoir le défunt une dernière fois. La tentation de desserrer les boulons a été présente politiquement parlant. Mais la croissance du nombre d’hospitalisés, admis en réanimation, et l’exaspération des professionnels funéraires, proches du moment où ils auraient jeté l’éponge, ont finalement emporté la décision du gouvernement. Cap sur la fermeté avec des mesures qui ont clôturé le débat à propos des droits familiaux et rassuré les professionnels funéraires concernant leur demande légitime de sécurité au
travail…


Et pendant ce temps-là…

Nous avons été obligés de revoir trois fois en un seul mois nos protocoles d’intervention, nous avons couru après les consommables à usage unique, nous avons jonglé pour maintenir nos capacités d’intervention, il a fallu s’informer et informer, beaucoup d’entre nous ont conseillé les EHPAD, les maisons de retraite, le public, les usagers de nos entreprises et de nos bâtiments. Il a fallu mesurer la réaction de chaque hôpital, fournir parfois un peu de consommables pour dépanner, savoir comment s’organisait chaque commune, chaque cimetière, intégrer les changements autour de nous (journaux, paroisses, états civils, cimetières, marbriers, fleuristes).


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Pendant ce temps là aussi… 

Le ministère de l’Intérieur était sur la brèche. Une première note datée du 16 mars est assez succincte. Celle du 30 mars développe en détail l’application des largesses réglementaires découlant du décret du 27 mars (dont le contenu a coûté un énorme travail préparatoire). Deux notes sont ensuite sorties, le 2 et le 9 avril pour prendre en compte le contenu du décret du 1er avril et résumer par une abondante liste de conseils la bonne pratique des pompes funèbres en ces temps spécifiques. Un coup de chapeau bien mérité doit être adressé à la Direction Générale des Collectivités Locales (DGCL) pour l’ampleur et la qualité de son travail. La note de la DGCL datée du 9 avril doit être minutieusement étudiée par vous tous. 


d. Synthétiser en pratique conseils et obligations

À l’issue de cette compilation successive d’avis, d’arrêtés, de décrets, de notes ministérielles, concernant en particulier les activités de pompes funèbres, vous tirerez profit de tout ce qui vous est utile en respectant strictement les obligations par ordre de fraîcheur, la dernière règle prévalant toujours sur celle qu’elle démode. En fait, il y a des choses prescrites le 18 février qui sont toujours valables, idem pour le 24, et a fortiori, bien sûr, il faut appliquer le décret du 1er avril. 


Voici donc les consignes telles qu’elles peuvent s’appliquer sur le terrain quand il faut intervenir sur un défunt atteint du Covid-19 ou supposé comme tel. D’ores et déjà, je peux vous confirmer que les conseils suivants, qui figuraient dans mon dossier le mois dernier sur le coronavirus, ont porté leurs fruits :

  • l’obligation de procéder à la mise en bière dans une pièce différente de celle où le défunt a été mis en housse a été adoptée par nombre de services de santé ou de résidences pour personnes âgées ou handicapées, indépendamment du fait que le HCSP n’avait rien précisé à ce propos ;
  • l’emploi de film alimentaire pour recouvrir le visage du défunt avant de le manipuler a été largement approuvé parmi vous. C’est plus logique qu’utiliser une ouate instable et surtout plus étanche, donc plus protecteur antiviral. Le retour de l’impossibilité d’une reconnaissance du corps dans la housse a définitivement supprimé les arguments contraires à cette recommandation ;
  • le saisissement du corps par le drap du dessous évite au maximum tout contact avec le bassin qui est à pouvoir contaminant.

L’avis du 24 mars a induit une distinction utile entre le lieu de décès bénéficiant d’une chambre mortuaire et les autres n’en bénéficiant pas. Les règles en vigueur depuis le 2 avril s’appliquent donc dans ce contexte.

1- Décès dans un établissement disposant d’une chambre mortuaire

Dans le service de soins :

  • Le défunt n’est pas reconnu par la famille (mais le Président a demandé une souplesse prenant en compte l’affection des plus proches, s’appliquant normalement dans les dernières heures de vie du mourant). Si le défunt est sommairement toiletté, l’intervention se réalise à sec, sans eau (recommandation du 18 février).
  • Le certificat de décès doit indiquer sur sa partie visible qu’une mise en bière immédiate est requise (décret du 1er avril) et que les soins sont interdits (arrêté du 28 mars).
  • Les proches renseignent sur la présence d’un pacemaker (mais le service doit être au courant) et se prononcent sur la récupération ou non des bijoux. Dans l’affirmative, ces derniers sont désinfectés avec de l’alcool titré à 70° avant d’être placés sous enveloppe. Les vêtements sont disposés sous plastique afin d’être isolés pendant au moins dix jours ou sont éliminés par filière DASRI (recommandations du 24 mars). Le pacemaker est récupéré en service de soins ou ensuite par un thanatopracteur, toujours avant le placement en housse (depuis la restauration le 2 avril de la mise en bière immédiate, et donc sur place).

 

2- Le défunt est placé en housse par le personnel soignant de la façon suivante : 

  • disposition d’un brancard recouvert d’un drap à usage unique et placé à côté du lit ;
  • placement facultatif mais recommandé d’un film alimentaire (replié en double épaisseur et plaqué sur le visage pour limiter les exhalations lors de la manipulation). Vérifier la présence du bracelet d’identification au poignet ;
  • le défunt est saisi à l’aide du drap pour être déposé dans la housse (attention au contact avec les selles) ;
  • la housse est entièrement refermée, le drap support étant glissé dans la housse avec le défunt, son nom, la date de décès et l’heure étant alors marqués au feutre indélébile ;
  • la housse est désinfectée extérieurement avec spray et lingette imprégnée ;
  • le défunt en housse est recouvert d’un deuxième drap à usage unique ;
  • le défunt rejoint alors la chambre mortuaire et le service procède ensuite à la désinfection de la chambre.


3- En chambre mortuaire

L’établissement déterminera si le défunt contaminé peut rejoindre ou non les casiers réfrigérés si le volume intérieur est partagé ou si chaque case est indépendante. Le défunt ayant vocation à être mis en bière le plus rapidement possible, le service aura tout intérêt à garder le défunt protégé par la housse sur un espace extérieur dédié (brancard, table, etc.) et facilement désinfectable ensuite. 

Procédé d’intervention :

  • l’équipe de pompes funèbres effectue une nouvelle désinfection extérieure de la housse, attend ensuite trois minutes et place le défunt dans le cercueil ;
  • le cercueil fermé est désinfecté extérieurement (spray et lingette) avant d’être chargé dans le corbillard ;
  • le personnel funéraire a endossé son EPI dans le vestibule d’entrée de la chambre mortuaire et ne quitte celui-ci qu’après avoir effectué le chargement du cercueil.


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4- Décès dans un établissement dépourvu de chambre mortuaire

  • L’équipe de pompes funèbres prend en charge le placement dans la housse, selon les mêmes dispositions techniques que celles décrites pour l’intervention du service de soins.
  • Le personnel de l’établissement (EHPAD, maison de retraite) reste chargé de la désinfection de la chambre et récupère les bijoux, le pacemaker étant récupéré soit par le médecin, soit par un thanatopracteur. La désinfection d’une chambre à domicile reste préoccupante et posera un problème essentiel au vu des dispositions qui prévaudront à partir du 11 mai prochain. Les professionnels funéraires doivent très rapidement trouver une solution pour les familles, en concertation avec le maire et les services de la commune.
  • Immédiatement après le placement du défunt dans sa housse, le personnel opère la mise en bière dans une pièce différente de celle où le défunt a été mis en housse. Dans un service organisé, une chambre libérée de tout équipement peut servir à cet effet. Les deux pièces - chambres de mise en housse et pièces de mise en bière - sont désinfectées par l’établissement après l’opération. La situation d’un domicile sera traitée au cas par cas.

Le cercueil reste choisi par la famille, la fermeture de cercueil reste soumise à autorisation du maire et la présence policière est incontournable pour procéder ensuite à une crémation. Toutes ces conditions peuvent ralentir la rapidité de mise en bière, fût-elle à caractère immédiat. C’est pourquoi le contact doit être le plus rapide possible entre la famille et l’opérateur funéraire de son choix.


Soignants Robert Kneschke Sitee. Questions d’organisation et d’intendance


Très rapidement, la plupart d’entre vous se sont équipés de vitres en plexiglas à poser sur le bureau comme interférence d’atmosphère dans la pièce. Des distributeurs de gel hydroalcoolique ont dû être accessibles au public et tout aussi rapidement, vous avez affiché des consignes aux usagers, notamment pour éviter les rassemblements trop importants de personnes et filtrer l’accès aux salons. Tout ceci coule de source tout comme dans les parties techniques, vous avez prôné l’obligation de désinfecter les véhicules en insistant particulièrement sur l’habitacle avant de pilotage. Il est de bonne règle d’affecter deux véhicules au convoi pour ne pas embarquer plus de deux personnes en cabine. Quelques règles aussi de bon sens : éliminez l’emploi des goupillons, laissez les portes ouvertes (entrées visibles, bureaux d’accueil).

Désignez quelqu’un en particulier pour désinfecter les poignées de portes, etc.

Intégrez que si l’avis du 18 février évoquait pour désinfecter une solution d’eau de Javel titrée à 0,1° de chlore actif, cette proportion a été remontée à 0,5° (notamment pour désinfecter la housse contenant le défunt). Sachant que l’eau de javel courante titre à 2,6°, vous devez la diluer au cinquième, un volume pour quatre (20 cl d’eau de javel, 80cl d’eau). Rappelez-vous que la bonne combinaison de produits repose sur l’emploi de deux classiques : le savon de Marseille pour nettoyer (décontamination) et le chlore pour la désinfection, ensuite ou entre deux désinfections.

En interne 

Vous vous organiserez pour que deux circuits distincts permettent d’isoler le parcours dans vos services des défunts porteurs du Covid-19 : affectation d’un véhicule dédié, réquisition d’un salon pour les cercueils en transit, en attendant leur départ. Si vous êtes confrontés à une accélération locale des décès dus au Covid-19, vous pouvez faire appel à quatre types de lieux adaptés pour le transit prolongé :

  • l’endroit de votre choix qui est à votre disposition (salle de cérémonie, dépôt technique, etc.),
  • un dépositoire communal (créé par la commune en dehors du cimetière),
  • un caveau provisoire (existant à l’intérieur du cimetière, dédié de préférence aux inhumations différées au-delà du délai assoupli de 21 jours),
  • un endroit réquisitionné par arrêté préfectoral (le dépôt de Rungis, par exemple).


En externe 

Vous devez prendre contact avec chaque mairie pour savoir comment elle s’est organisée afin d’assurer la continuité du service public de l’état civil et des cimetières. La première période de confinement a connu des difficultés dues au fait que des fonctionnaires territoriaux ont pris un recul à leur avantage et au détriment du fonctionnement du service. Les maires ont aujourd’hui instruction d’assurer une fluidité parfaite de leur service 7 jours sur 7 en s’appuyant sur une permanence téléphonique, la capacité de déléguer et la transmission électronique des documents. Comme, d’une mairie à l’autre, les mesures d’organisation peuvent changer, renseignez-vous auprès de chacune d’entre elles. Encore une fois, nous vous recommandons d’étudier en détail la note du 9 avril émise par la DGCL, très instructive à bien des égards.


Je vous donne désormais rendez-vous dans un mois pour la suite des évènements. Songez dès à présent à la commande de vos masques trois plis que d’aucuns ont constamment confondus avec les masques FFP2 (des stocks entiers de ces masques FFP2 ont été portés par des affolés de tout poil dans n’importe quelles circonstances alors qu’il en manquait cruellement dans les services de santé. Jugez par vous-mêmes de l’imbécillité coupable de ce type de comportement…

Olivier Gehin

Professionnel funéraire

Journaliste

Nota : (*) Relatif au Coronavirus.

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations