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Cette année, les candidats au concours national ont dû répondre à une question sur un célèbre tableau de Rembrandt : "La Leçon d’anatomie du docteur Tulp". Tout le monde connaît Rembrandt, mais qui était le docteur Tulp ?


Le jeune peintre, alors au milieu de la vingtaine, fut choisi en 1632 par la guilde des chirurgiens pour exécuter ce portrait de groupe, le tout premier de sa carrière. Plutôt qu’une simple représentation statique, il opta pour une scène animée, avec l’approbation du personnage principal, le docteur Tulp.

Si c’est sous ce nom qu’il passa à la postérité, Nicolaes Tulp, né Claes Pieterz en 1593 à Amsterdam, ne choisit ce pseudonyme, inspiré de la fleur la plus populaire de son pays, que bien plus tard. Il fit par la suite de la tulipe son emblème, l’affichant sur son blason, ses navires ou encore la façade de sa maison. La légende raconte que sa mallette de médecin en était également ornée. C’est d’ailleurs ce patronyme qu’il transmit à sa descendance.

Fils d’un riche marchand de tissus, il suivit les traces d’un oncle médecin et partit étudier la médecine à Leyde, la ville natale de Rembrandt, en 1611. Élève de Petrus Pauw, connu sous le nom de Pieter Pauw pour être à la fois le plus grand anatomiste de son époque et le créateur du Théâtre anatomique de Leyde, premier du genre, Tulp y obtint son doctorat avant de rentrer s’établir à Amsterdam.

Il mena alors deux carrières parallèles, médecin d’une part et politicien d’autre part. D’abord échevin, l’équivalent d’un élu, du conseil municipal du quartier de Herengracht dès 1622, puis de Prisengracht et enfin de Keizergracht, il effectua ensuite quatre mandats de bourgmestre d’Amsterdam.

Juge, administrateur de l’orphelinat local, ainsi que directeur de deux écoles, il fut aussi trésorier de la ville durant vingt-sept ans. Le Palais royal, ou Paleis op de Dam, chef-d’œuvre baroque du XVIIe siècle, fut bâti par l’architecte Jacob van Campen afin d’abriter l’hôtel de ville, sous la direction de Nicolaes Tulp. Ce dernier fut plus tristement mêlé aux querelles qui opposèrent les "remontrants" et les "contre-remontrants", deux courants du calvinisme qui déchirèrent l’Église réformée hollandaise et qui donnèrent lieu à de nombreuses exactions de part et d’autre.

Le docteur Tulp soignait des patients de la bonne société amstellodamoise, ainsi que des politiciens et des artistes. C’est grâce à l’un d’eux, un peintre qui souffrait d’une sensation d’ "os en caoutchouc", qu’il mit en évidence l’effet placebo. On lui doit, entre autres découvertes, le béribéri qu’il décrivit en détail sans pour autant en connaître l’origine.

Il donna également son nom à la valvule iléo-cæcale et fut l’auteur d’ouvrages de référence, dont un sur la pharmacopée qui fut traduit dans de nombreuses langues, notamment durant la grande épidémie de peste en Europe, et Observationes Medicae, rédigés entièrement en latin. Tulp considérait que le peuple ne devait pas avoir accès à la littérature médicale, pour éviter que les malades ne cherchent à se soigner par eux-mêmes.

En 1628, Nicolaes Tulp fut nommé "praelector anatomiae", littéralement "lecteur d’anatomie", par la guilde des chirurgiens d’Amsterdam. Grâce à ses relations privilégiées avec la classe politique locale, il obtint le droit de disséquer des cadavres à des fins de recherche scientifique et médicale, à la seule condition qu’il s’agisse de corps de criminels exécutés. Il pratiqua ainsi une dizaine d’autopsies publiques.

L’une d’elles passa à la postérité grâce au talent d’un jeune artiste peintre encore inconnu mais prometteur dont l’histoire n’a retenu que le seul prénom : Rembrandt. La guilde des chirurgiens lui passa commande en 1632 d’un portrait de groupe. Sur cette peinture à l’huile figurent, outre le docteur Tulp, les chirurgiens Jacob Blok, Hartman Hartmanszoon, Adraen Slabran, Jacob de Witt, Mathijs Kalkoen, Jacob Koolvelt et Frans van Loenen, et bien sûr le sujet, un voleur de quarante et un an ans pendu le jour même, nommé Aris Kindt.

Dès lors, ce tableau, à cause des imprécisions anatomiques qu’il comporte, donna lieu à quantité de théories. Il faut cependant se souvenir qu’il s’agissait de réaliser un portrait de groupe et non d’illustrer un manuel d’anatomie, et que Nicolaes Tulp était opposé à la vulgarisation scientifique. De plus, chacun des personnages, à l’exception du condamné à mort, avait payé pour figurer sur cette toile.

En 1828, "La Leçon d’anatomie du docteur Tulp" faillit être vendue au bénéfice des veuves de chirurgiens, mais le roi Guillaume Ier s’interposa et la fit acheter afin qu’il trône dans son cabinet royal. Grâce à lui, il est possible aujourd’hui de l’admirer, au musée Mauritshuis de La Haye.
 
Claire Sarazin
Thanatopracteur
Formatrice en thanatopraxie

Résonance n°177 - Février 2022

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