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À l’occasion de l’édition 2023 du salon FUNÉRAIRE PARIS, l’économiste et essayiste Nicolas Bouzou avait répondu présent à l’invitation de Manuel Sauveplane, président de l’Union du Pôle funéraire public (UPFP) pour tenir une conférence, suivie d’une table ronde et d’un échange avec le public, sur le thème de l’avenir d’un funéraire non financier, préoccupation majeure du funéraire public que nous vous présentions dans le dernier numéro de Résonance. Revenons sur les échanges de la table ronde.
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Les trois défis auxquels le funéraire est confronté Interventions de Julien Le Coustumer (UDIFE) :

• Le prix des obsèques
" Sur la question du prix, auquel effectivement les familles que l’on accompagne sont confrontées, c’est assez confortable d’être à cette table autour de laquelle on retrouve un acteur qui arrive avec l’ambition de réguler et de corriger des écarts qui ont pu être constatés dans certaines géographies où l’on constate une concentration au profit de certains groupes, et la volonté de La Maison des Obsèques (LMO) d’arriver avec une proposition différente. S’agissant du pôle public, il a depuis toujours eu cette volonté de satisfaire à cette mission d’intérêt général et d’accompagnement des familles qui peuvent, pour certaines, rencontrer des difficultés financières.

Et du côté de l’UDIFE - Le Choix Funéraire, qui a peut-être une approche plus "privée" dans l’esprit, nous avons toujours également eu cette logique d’accompagner toutes les familles indépendamment de leurs revenus et de leur situation, notamment au travers d’offres spécifiques que nous proposons sur tout le territoire. Je note également que parmi les valeurs fondamentales qui sont les nôtres autour de cette table, nous avons tous choisi la "solidarité", qui s’exprime entre nos trois réseaux, dans le fonctionnement interne de chacun d’eux, et bien évidemment envers les familles."

• Le défi technologique   
"La position de Nicolas Bouzou me fait plaisir, parce qu’en effet je pense qu’il y aura toujours des acteurs pour aller vous expliquer qu’ils ont inventé "l’outil digital extraordinaire" ou encore "la marketplace incroyable" qui vont devenir l’alpha et l’oméga de votre stratégie demain. Moi non plus, je n’y crois pas. Il faut cependant ne pas être fermé et étudier attentivement ce qui existe. […] L’idée n’est certainement pas de balayer d’un revers de la main le sujet des nouvelles technologies dans le funéraire. Il nous intéresse de très près, pour preuve l’UDIFE finance, prend des participations, et développe même avec ses équipes des solutions digitales, en témoigne le premier prix que nous avons remporté hier sur ce salon avec notre portail Le Hub Assurance."

• Sur la Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) 
"Ma certitude est que la RSE doit devenir cet "alpha et oméga" de nos stratégies. Il n’y a pas d’entreprise sans stratégie RSE qui continuera d’exister demain, et la RSE doit même être présente au cœur de la stratégie et à tous les niveaux : cela concerne notamment la gouvernance, mais également le troisième défi cité par Nicolas Bouzou : le défi environnemental.

À ce titre nous assistions hier à une table ronde sur les obsèques alternatives et j’ai dû écouter les propos de certains conservateurs de la profession qui sont venus nous expliquer qu’il était urgent de ne rien faire, qualifiant l’aquamation de "bain d’acide" et l’humusation de "jardinage". Si le propos à pu vous sembler amusant, je souhaite pour ma part m’adresser à la profession avec davantage de sérieux. À titre personnel, je n’ai pas de religion sur le sujet et je pense que nous ne sommes globalement pas prêts, mais je suis convaincu que l’on doit embrasser ces thématiques avec beaucoup plus d’ouverture d’esprit et d’intelligence.

De même, si l’idée du remplacement du cercueil tel qu’on le connaît par autre chose peut faire craindre à certains une fragilisation de leur business model, j’ai beaucoup apprécié une remarque de nos amis de la Fédération des coopératives funéraires de Québec hier qui rappelait que notre travail ne se réduit pas à marger sur un cercueil ; c’est avant tout de proposer un rituel, une cérémonie, un accompagnement… Et par là même, on rejoint la question du prix."

Le défi humain et les prix

FUNERAIRE PARIS Xavier BenoistIntervention de Xavier Benoist (LMO) :

• L’humain 
"Je souhaiterais enchérir sur un des points qui n’a pas été mentionné, c’est le défi humain. Nous sommes confrontés évidemment au respect des familles, mais aussi au défi humain envers les équipes qui travaillent dans nos établissements. En effet, si aujourd’hui on ne tord pas un peu notre manière de penser en disant qu’il y a des valeurs et que la société évolue en matière d’écologie et de développement durable, on aura du mal à recruter des gens de qualité. Et Dieu sait que la qualité est extrêmement importante dans notre métier, où l’on ne doit pas se rater.

Je veux dire par là qu’il va falloir faire évoluer notre mentalité au-delà du métier en tant que tel et dans la façon d’appréhender nos collaborateurs. Je le vois aussi dans d’autres métiers dont je m’occupe pour compléter LMO, je pense notamment aux marbriers, métier extrêmement difficile en termes de formation et de recrutement. Il y a une vraie pénurie, et il est nécessaire de repenser notre discours pour les attirer, mais c’est compliqué."

• Les prix 
"À titre personnel, je suis également pour une pluralité des prix, et chacun a son offre. Le modèle mutualiste est assez simple. Nous sommes des mutuelles qui avons investi dans LMO, qui ne demandent pas une rémunération du capital, comme on pourrait le demander à un actionnaire traditionnel. Cela permet d’économiser environ 10 à 15 % de dividendes à donner tous les ans, donc de baisser nos prix et de les redonner au consommateur.

Nous sommes donc dans une dynamique de pouvoir d’achat. Ces valeurs sont pour nous essentielles, d’autant que nos implantations, dans l’esprit historique de la mutualité, sont surtout dans des territoires où il y a un besoin et où il y a un manque : que ce soit une offre médicale, un EHPAD ou une pharmacie."

Le développement durable

FUNERAIRE PARIS ChantalCazalIntervention de Chantal Cazals :

"Je trouve très intéressant d’intervenir sur ce sujet du développement durable et de la RSE après Nicolas Bouzou, qui effectivement met en avant le fait qu’il est libéral et qui défend la concurrence. Trop souvent, ces problématiques de RSE et de développement durable sont présentées comme quelque chose de bien-pensant, et il me paraît intéressant de replacer cela par rapport au fait qu’effectivement vos entreprises du funéraire, qu’elles soient publiques ou privées et quelles que soient leurs formes juridiques, doivent rester profitables.

Le développement durable dit juste que le profit d’aujourd’hui ne doit pas compromettre les générations futures. Et je pense qu’au fond de nous chacun pense que c’est une bonne idée de ne pas compromettre le futur de nos enfants. Et le premier sujet en termes de développement durable, c’est le respect de la personne humaine. Et ce que nous avons voulu faire quand nous avons conçu le référentiel du Label F, c’est naturellement mettre en avant le respect de la personne humaine, les droits du défunt et tout ce qui fait fonctionner vos entreprises en termes de droits de vos collaborateurs et de vos fournisseurs."

Intervention de Julien Le Coustumer :

"Je suis arrivé il y a un peu moins de deux ans à la direction de l’UDIFE, et assez rapidement, j’ai été confronté à la nécessité de devoir avancer. La RSE est un sujet de direction générale. Il faut le prendre à bras-le-corps et avoir des ambitions importantes. J’ai regardé ce qui existait déjà ailleurs. Certains ont posé des ruches devant chez eux et planté un arbre dans une stratégie de défiscalisation, mais je ne pense pas que ce soit vraiment de la RSE.

J’ai donc réfléchi à ce que l’on pouvait essayer de faire d’un peu plus pertinent que ça, et je suis tombé sur le Label F. Nous avons bien réfléchi, travaillé ensemble, et ce que je trouve intéressant dans cet outil, c’est de pouvoir mettre à disposition de nos concessionnaires une méthodologie, un accompagnement qui leur permettent d’embrasser les rails d’une démarche un peu plus équilibrée, un peu plus vertueuse.

Non pas qu’ils ne le fassent pas, car très souvent on le fait déjà spontanément avec beaucoup de logique, mais il peut y avoir des aspects qui sortent de notre scope de lecture et de compréhension. J’ai donc trouvé l’outil particulièrement intéressant. Nous avons réussi à créer un groupe pilote au sein de notre réseau. Des concessionnaires ont suivi des formations et ont embrassé le processus de labellisation, et j’espère qu’un jour, l’entièreté de notre réseau détiendra ce label RSE. Et, au-delà de nos réseaux, tous ceux qui veulent rejoindre notre Label F sont les bienvenus."

FUNERAIRE PARIS ManuelSauveplaneIntervention de Manuel Sauveplane :

"Je souhaite également préciser qu’il y a trois structures qui se sont déjà engagées dans cette labellisation. Je reprécise que ce label est à l’initiative et est l’idée du Pôle funéraire public, mais que c’est un label qui ne lui appartient pas. Preuve en est, il est porté par une association dans laquelle peuvent venir tous les acteurs, qu’ils soient petits, gros, publics, semi-publics ou privés, et je me réjouis que nous soyons de plus en plus nombreux, deux ans après, à porter et à faire ce choix."

Conclusion de Manuel Sauveplane (UPFP) le funéraire public

"Pour parler un peu plus du funéraire public, je comprends des collectivités qui puissent dire qu’elles ne souhaitent pas gérer les pompes funèbres et les crématoriums en régie et qui préfèrent les confier au privé. J’aurais préféré l’inverse, mais c’est leur choix. Je partage complètement les collectivités et les maires qui se disent qu’ils veulent tout gérer : cimetières, crématoriums, pompes funèbres.

En revanche, je me pose vraiment la question pour celui qui a une pompe funèbre publique qui fonctionne bien et qui va déléguer son crématorium au privé, et c’est malheureusement de plus en plus fréquent. C’est dangereux pour l’équilibre dont on parle, parce qu’il met en péril la régie municipale. Ce sont des enjeux qui peuvent être mis en péril par des choix qui ne sont pas toujours objectifs, me semble-t-il."
 
Propos retranscrits par Me Xavier Anonin

Résonance n° 199 - Janvier 2024

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations