Vous rappelez-vous mes 3 premiers textes sur le management et les situations dans lesquelles je me suis retrouvé, notamment pour créer un cours sur le management d’une équipe et sur la création d’un cours en ligne qui fut le premier, en France, sur la réglementation funéraire ?
Aujourd’hui, LinkedIn regorge de commentaires et d’articles sur la gestion d’une équipe et sur les "vertus" à cultiver pour être un bon manager. Plusieurs racontent avoir "souffert" de managers ingrats, indélicats, imbus d’un pouvoir qu’ils croient avoir. Ces postes sur LinkedIn relatent des anecdotes où sont présentés des managers qui se pensent libres d’infliger impunément des violences à leurs subordonnés. S’il est possible de brosser le portrait du mauvais manager, à quoi ressemble le bon ? Nous allons tenter de répondre à cette question.
Ces commentaires m’inspirent une question et un constat. La question : y a-t-il méprise sur la fonction de manager ? Je pose la question aux managers ainsi qu’à la hiérarchie qui les met en place. Le constat : j’en déduis aujourd’hui que plusieurs managers ont en tête une image, celle du manager qui contrôle et qui mène à la baguette des personnes dont on doit se méfier. Visiblement, le XVIIIe siècle a de beaux restes… Être manager c’est autre chose pour peu que l’on veuille travailler pour le groupe et la structure qui nous emploi.
Le manager devrait se poser 3 questions avant de penser occuper ces fonctions :
1. Est-ce que je travaille pour me sauver moi-même d’une image déplorable que j’ai de moi-même ? L’auteur de ce texte dit "prudence". Les fonctions de manager ne sont pas des séances de psychothérapie.
2. Est-ce que je travaille pour montrer à ma hiérarchie que je me crois plus compétent qu’eux ? L’auteur de ce texte dit "prudence". Vous n’allez pas occuper ces fonctions managériales pour que vos observateurs vous disent : Tu es gentil, tu es sympa, on t’aime tous.
3. Est-ce que je travaille pour assurer la pérennité d’une structure que l’on me confie et, quand je la quitterai, elle sera en meilleure position que celle qu’elle avait à mon entrée en fonction ? L’auteur de ce texte dit "bravo". Vous êtes là pour améliorer ou faire vivre une structure, et votre succès, qu’il soit grand ou petit, parlera de vous par lui-même.
Le manager n’aurait-il pas plutôt besoin de clairvoyance et de goût pour la vérité ?
Pourquoi la clairvoyance ? Le manager doit avoir la capacité de savoir regarder une situation avec clarté, et non de la rêver ou de rêver le rôle qu’il aura dans cette situation, en invoquant, notamment, toutes les valeurs qui l’animent. De cela découlera la dose de courage nécessaire pour simplement pouvoir faire… son travail.
Pourquoi la vérité ? Le manager tirera un avantage certain dans sa capacité à pointer, d’une part, les difficultés et les besoins de la situation. D’autre part, il devra jauger l’état d’esprit des collaborateurs et prendre toutes ces informations pour en déduire la capacité ou l’incapacité à agir dans le cadre dans lequel il sera.
Tout cela pour conclure que le manager, tout comme les parents, le directeur d’entreprise ou l’enseignant dans sa classe, ne pourra jamais faire l’économie d’avoir une idée claire des motivations de chacun pour ensuite en déduire :
• Ce qu’il peut espérer ou non des fonctions qu’on lui propose ;
• De la somme d’énergie qu’il devra déployer pour convaincre sa hiérarchie, mais aussi ses subordonnés, et du besoin de certains changements, ajustements ou abandons ;
• De ce dont il aura besoin pour réussir sa mission. Ou bien si cette mission est vouée à l’échec parce qu’on ne lui donnera pas les moyens de réussir, puisqu’on peut tout à fait la mettre en échec dès le départ.
Le manager n’est pas gardien de prison ou l’héritier des Thénardier. Ses subordonnés ne sont pas par essence des "paresseux incompétents". Il n’est pas là non plus pour se prouver ainsi qu’à l’entourage qu’il est beaucoup mieux que l’image qu’il a de lui-même. Le manager comprend l’environnement, recense les ressources dont il dispose et dresse un plan pour faire progresser le groupe dont il a la charge.
Le manager, selon moi, devrait être un virtuose de l’équilibre et du réalisme. Autant dans les collectivités locales que dans les centres de formation où je suis intervenu, et j’ai côtoyé des managers dont la vision du groupe était le déséquilibre dans les rapports et le désordre dans les décisions.
En effet, ces managers étaient là pour se faire obéir et, à leurs yeux, il fallait régler la vie des incompétents qui les entouraient. Dans tous les cas, les choses se sont mal finies pour ces personnes.
Yves Messier
Intervenant auprès des collectivités et des entreprises
Résonance n° 215 - Mai 2025
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