Funéraire Évolution suit une matrice depuis sa création : promouvoir l’esprit d’équilibre par une analyse fine de la réalité et la recherche de solutions viables sur les plans économique et réglementaire.
Dernièrement, j’ai reçu la commande de créer un cours sur la végétalisation des cimetières. La viabilité réglementaire et l’ancrage économique de ce projet me sont apparus. Les végétaux paraissent inoffensifs, mais la réalité peut nous surprendre : une branche d’arbre blesse un passant, des racines endommagent une allée ou une stèle funéraire est déstabilisée par un mouvement du sol. Ces événements sont visibles sur le terrain et non uniquement dans les films de science-fiction. Et tout ceci a un coût qui peut provoquer des maux de tête aux équipes municipales.
L’enfer peut se cacher dans bien des détails alors que l’on se croit en chemin vers la vertu. La question ministérielle du 26-9-2024 de Mme Kristina Pluchet est révélatrice. En somme, la sénatrice pose la question du coût de l’entretien d’un cimetière, puisqu’il est impossible de compter sur les désherbants. Le bien-fondé de la végétalisation est établi, mais le coût de l’entretien et les commentaires des citoyens qui assimilent leur cimetière à une décharge sont à prévoir.
Les herbes folles qui poussent partout abîment l’image du cimetière et aussi celle du maire. Ceci me rappelle un voisin qui a fait installer des lattes de bois sur la façade de son domicile. Il trouvait cela très beau et "écolo". Il a maudit ensuite le jour où cette idée lui est venue. En effet, le ponçage et le vernissage des lattes de bois sont au rendez-vous tous les étés pour garder l’aspect originel de sa rénovation. Le revers de la médaille est inhérent à toute chose…
La végétalisation des cimetières par les communes est une idée vertueuse. C’est un refuge en cas de forte chaleur. Les végétaux promeuvent la biodiversité. Le lieu devient un espace de recueillement et de paix pour ceux qui le fréquentent. Mais des précautions existent et elles sont à prendre en compte au moment de la conception du projet.
Lors de la conception de notre formation, nous avons pensé à quelques points inévitables, par exemple :
• Au budget disponible pour mener à bien le projet et pour entretenir la réalisation ensuite ;
• À la place disponible : on ne réalise pas le même projet sur une surface de 2 m² et sur une surface de 100 m² ;
• Quel effet il est prévu de donner ;
• Aux responsabilités de la commune ;
et…
• Aux responsabilités du maire.
En effet, les végétaux paraissent inoffensifs quand ils sont petits, mais ils grandissent… Ceci me rappelle une femme qui me disait, lorsque j’étais conservateur de cimetière, qu’elle était effarée que la sépulture de son mari soit pleine de feuilles mortes à l’automne. Je lui ai demandé pourquoi elle avait choisi ce lieu de sépulture alors que d’autres emplacements étaient disponibles ?
De plus, ils étaient déjà très grands quand elle l’a choisi. Ceci n’avait donc rien d’inattendu. Et les feuilles qui tombent à l’automne… Elle m’a répondu qu’elle trouvait agréable l’ombre qu’elle y trouvait pendant les jours d’été… Ne dit-on pas en français qu’on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre ? Si je cite la réaction de cette femme, c’est qu’elle est étonnamment représentative. Ce type de commentaire doit être pris en compte même s’il nous désarçonne.
Comme j’ai toujours dit à mes étudiants, autant ceux que j’ai formés à EFFA que les élus que j’ai formés ensuite : il faut connaître la réalité pour ensuite agir avec justesse.
Végétaliser, c’est planifier et anticiper. Planifier le budget, les besoins, l’impact des végétaux (autant ce qu’ils apporteront, que ce qu’ils détruiront). Nous pourrions aussi ajouter l’effort pédagogique à produire autour de ce projet.
Dans notre formation, nous aidons les communes à prendre un certain nombre de décisions pour organiser leur projet et réduire au maximum les pertes financières qui seraient dues. Un projet est souvent une œuvre d’art. Son résultat est souvent le carrefour de plusieurs choses : la vision du départ, les sommes consacrées, les embûches rencontrées et les imprévus gérés.
Qui sommes-nous : Funéraire Évolution propose des formations sur la réglementation funéraire, la gestion des cimetières, la violence contre les élus. Ce qui nous anime : l’enseignement de la réglementation et de son esprit pour permettre aux citoyens de bénéficier de ce dont les gratifie la réglementation, mais tout en respectant les limites énoncées par cette même réglementation. En somme, l’équilibre entre les possibilités et les limites de toute chose.
Yves Messier
Intervenant auprès des collectivités et des entreprises
Résonance n° 217 - Juillet 2025
Résonance n° 217 - Juillet 2025
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