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Un moment vulnérable, des conséquences durables. Le décès d’un proche est un moment de bouleversement total. Dans cette période marquée par la douleur, la fatigue et parfois la sidération, les familles doivent enchaîner de nombreuses démarches administratives. Ce contexte émotionnellement instable est propice aux erreurs, qu’elles soient dues à une méconnaissance des procédures, à un stress intense ou à une surcharge cognitive. Pourtant, certaines de ces erreurs peuvent avoir des conséquences financières, juridiques ou psychologiques majeures.


En tant que professionnel du funéraire, vous êtes souvent le premier interlocuteur des familles. Votre posture, vos conseils, vos outils peuvent éviter bien des malentendus ou des oublis. Dans cet article, nous passons en revue les erreurs les plus fréquentes observées après un décès, et vous donnons des clés pour les anticiper, les expliquer et les prévenir.

1. Oublier de déclarer le décès à certains organismes : une cascade de problèmes

Après la déclaration à la mairie, de nombreux organismes doivent être prévenus : banques, caisses de retraite, assurance maladie, impôts, mutuelles, etc. Certaines familles pensent qu’une seule démarche suffit, ou croient à tort que les institutions communiquent entre elles. Résultat : des prélèvements continuent, des aides sont versées à tort (puis réclamées), et les délais se rallongent.

Que faire a minima pour prévenir cette erreur ?
• Fournir une liste clé en main des organismes à prévenir (disponible gratuitement sur notre site tranquillite.fr) ;
• Mettre à disposition un modèle de courrier de déclaration de décès ;
• Expliquer que les conséquences peuvent être lourdes si un organisme n’est pas informé à temps.


Attention néanmoins à ne pas faire paniquer la famille par la tenue d’un discours trop anxiogène.

2. Commander trop peu (ou perdre) les actes de décès

L’acte de décès est la clef de voûte des démarches administratives. Pourtant, certaines familles n’en commandent que quelques exemplaires, pensant pouvoir en refaire facilement. D’autres les égarent, les mêlent ou les transmettent sans copie.

Comment prévenir cette erreur ?
• Recommander de demander au moins 10 à 15 exemplaires dès la déclaration en mairie ;
• Proposer une pochette de conservation ou un espace numérique sécurisé pour archiver les documents ;
• Rappeler que certains organismes n’acceptent que les originaux récents (moins de 3 mois).


3. Ne pas faire les demandes d’aides dans les délais

Certaines aides financières (capital décès, pension de réversion, aide de la CAF, etc.) sont soumises à des délais légaux stricts. Or, les familles, débordées ou désorientées, laissent parfois passer ces échéances. Cela peut entraîner dans certains cas la perte irréversible de droits.

Comment prévenir cette erreur ?
• Afficher clairement les délais à respecter sur vos guides ou outils : 1 mois pour le capital décès de la CPAM, 6 mois pour la succession, etc. ;
• Proposer un service de relance automatique ou intégrer un service administratif à vos devis ;
• Rappeler que certains documents, comme les actes de naissance du conjoint, prennent en général 3 semaines à être reçus.


4. Fermer trop tôt les comptes bancaires

Une erreur fréquente consiste à demander à la banque de clôturer le compte du défunt immédiatement après le décès. Or, cela peut bloquer le versement de la pension de réversion, du capital décès ou de remboursements médicaux. À l’inverse, un compte inactif non clôturé peut engendrer des frais injustifiés.

Comment prévenir cette erreur ?
• Expliquer que le compte du défunt doit être gelé, mais pas fermé sans concertation avec le notaire ou les héritiers ;
• Préciser que certaines sommes (factures obsèques, frais médicaux) peuvent être prélevées sur le compte gelé ;
• Rappeler que la fermeture définitive doit intervenir après le règlement de la succession.


5. Oublier ou ignorer les dettes du défunt

Beaucoup de familles se focalisent sur les biens hérités, mais oublient que les dettes se transmettent également. Ne pas identifier les créanciers à temps ou ne pas refuser la succession dans les délais peut entraîner des responsabilités imprévues.

Comment prévenir cette erreur ?
• Informer sur la possibilité de refuser une succession ou de l’accepter à concurrence de l’actif net ;
• Encourager la consultation d’un notaire ou d’un conseiller juridique avant toute décision ;
• Proposer une checklist des éventuelles dettes : impôts, crédits, loyers, charges, etc.


6. Attendre trop longtemps avant de consulter un notaire

Certaines familles tardent à contacter un notaire, pensant que ce n’est pas obligatoire. Mais un retard dans l’ouverture de la succession peut entraîner des pénalités, des blocages bancaires ou des conflits familiaux.

Comment prévenir cette erreur ?
• Identifier les 4 situations où un notaire est obligatoire (testament, bien immobilier, donation entre époux, patrimoine > 5 910 €) ;
• Rappeler que la déclaration de succession doit être faite dans les 6 mois ;
• Conseiller une prise de contact rapide avec un notaire, même pour une simple information (la première consultation avec un notaire est souvent gratuite…).


7. Mal remplir les formulaires administratifs

Un formulaire mal complété peut retarder l’accès à des aides, entraîner des rejets ou des relances épuisantes. Erreurs de dates, d’identité, documents manquants : ces "petits" détails ont souvent de grandes conséquences.

Comment prévenir cette erreur ?
• Proposer une aide à la complétion des formulaires (en agence, en visio ou via un partenaire) ;
• Mettre à disposition des modèles préremplis ou annotés ;
• Insister sur l’importance de la lecture attentive et de la vérification croisée avec les documents officiels.


8. Ne pas prioriser les démarches

Face à la masse de tâches, certaines familles ne savent pas par où commencer. Elles s’éparpillent, se concentrent sur des détails secondaires ou reportent les urgences.

Comment prévenir cette erreur ?
• Fournir une feuille de route par priorité : ce qui est à faire dans les 7 jours, 15 jours, 1 mois, etc. ;
• Organiser un entretien post-obsèques pour planifier les étapes ;
• Proposer un agenda de suivi avec rappels personnalisés.


9. Vouloir tout faire seul, trop vite

Par orgueil, culpabilité ou volonté de "gérer", certains proches prennent toutes les démarches à leur charge. Mais l’accumulation de stress, d’erreurs et de fatigue finit souvent par les submerger.

Comment prévenir cette erreur ?
• Normaliser le recours à des services d’accompagnement administratif ;
• Proposer une présentation claire des partenaires ;
• Valoriser l’équilibre entre autonomie et soutien, et rappeler que demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse.


10. Sous-estimer l’impact émotionnel des démarches

Chaque démarche post-décès est une piqûre de rappel de l’absence. Ce facteur est souvent oublié, mais il explique de nombreux blocages, reports, oublis ou refus d’agir.

 Comment prévenir cette erreur ?
• Adopter un langage empathique dans les explications ;
• Créer un sas d’écoute après les obsèques ;
• Proposer des ressources psychologiques ou thérapeutiques, en particulier dans les cas de deuil complexe.


Conclusion : un rôle d’accompagnement préventif

Les erreurs administratives post-décès ne sont pas le fruit de l’inattention ou de la négligence : elles sont le reflet d’une période de grande vulnérabilité. En tant que professionnel du funéraire, votre rôle ne se limite pas à l’organisation des obsèques. Il s’étend à l’accompagnement, à la prévention et à l’information. En identifiant les erreurs les plus fréquentes, en les expliquant aux familles et en proposant des solutions concrètes, vous devenez un allié administratif de confiance.

Et cela, dans un monde où la clarté, l’humain et la proximité font toute la différence.
 
Teddy Bredelet
Président – Fondateur de tranquillite.fr

Résonance n° 219 - Septembre 2025

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