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S’ouvrir aux personnes et professions qui gravitent autour du deuil est la mission annexe que Frédéric Piron s’est donnée en lançant "Les Flories", il y a bientôt 2 ans. Après avoir initié en juin dernier les 1res rencontres entre les opérateurs funéraires et les accompagnants du deuil à la réserve sauvage de Sigean, il a passé 3 jours avec 25 thanadoulas pour découvrir un des maillons uniques qui composent le funéraire.
Les Flories 1
Résonance : Vous aimez valoriser les opérateurs funéraires en les sensibilisant à des domaines autres que le rôle premier des pompes funèbres, et ce dans l’intérêt des familles. Vous l’avez fait avec succès dans le domaine du droit des successions et des formalités administratives en créant les GUIDES PIRON en 1999 (26 ans déjà). En créant Les Flories il y a 2 ans, à quel domaine vous attaquez-vous ?

Frédéric Piron : Je vais utiliser deux mots qui vont vous paraitre forts mais c’est bien cela dont il est question : la santé mentale qui est sous-jacente au deuil. Le deuil impacte plus ou moins sévèrement, profondément nos vies. La rupture physique et la connexion avec l’être aimé peuvent être tellement violentes, soudaines et sidérantes qu’elles viennent perturber pendant un temps et parfois à jamais l’endeuillé.

Et le seul qui est vraiment à la charnière de cette rupture de vie est l’opérateur funéraire car son métier le place directement en contact avec la famille du défunt mais aussi ses amis, ses voisins et ses relations professionnelles. Et son rôle, bien qu’il ne l’ait pas choisi, est capital, car il a des conséquences sur le vécu du deuil. Je sais très bien que les opérateurs funéraires ne sont pas formés à ce sujet, mais cela ne les empêche pas d’agir.

Mes clients ne sont pas des notaires mais ils offrent une assistance administrative et juridique à leurs familles. Pour le deuil, le principe est le même. Même s’ils ne sont pas des thérapeutes du deuil, cela ne les empêche pas d’agir positivement sur le ressenti du deuil à plusieurs étapes de leurs services : par leur accueil et leur manière d’être avec les familles, par l’information et le conseil sur des actes et des moments clefs et bien sûr, par l’élaboration d’un cérémonial chargé d’hommages et de sens.

Mais ils peuvent prolonger leur action en fournissant quelque chose qui peut servir à la fois de lien, de rite funéraire et d’outil thérapeutique, comme le sont Les Flories. En agissant positivement sur les endeuillés, sur les vivants, l’opérateur funéraire peut élever la grandeur de sa profession à un degré supérieur, profitable à toute la société. 

R : Pourquoi avoir voulu cette rencontre avec des thanadoulas ? 

FP : Elle n’est pas à mon initiative. Un après-midi, je reçois un appel de Gwenaela Souet-Bereizat, thanadoula de son état, en recherche de financement pour le 1er séminaire national dédié à cette profession. Je n’avais jamais entendu parler des doulas du deuil, une profession pourtant bien implantée en Suisse, en Belgique, au Québec et qui se développe en France. Après une heure de discussion, il m’a semblé indispensable d’apporter une aide financière à ce projet mais j’y ai mis une condition : faire connaissance.

Étonnées puis sensibles à ma démarche, les deux organisatrices ont accepté que j’assiste à une partie du séminaire. Mais le programme était tellement qualitatif et riche de sens que j’ai demandé à participer aux 3 journées. Aidé par le sens profond des Flories, le sésame m’a été accordé. Dès la cérémonie d’ouverture, cette "communauté" de femmes m’a accueilli et m’a fait immédiatement entrer dans son cercle, sans me différencier. De ce cercle, je ne suis jamais ressorti.

Cette rencontre a été l’occasion de faire une véritable présentation des Flories et d’exposer le sens qu’elles pouvaient avoir pour les endeuillés, sans distinction. Les échanges ont été riches et très positifs. Chacune des thanadoulas a pu se projeter dans diverses utilisations et situations possibles, tant au sein de l’hôpital qu’au sein d’une famille. Il a été dit aussi que Les Flories seraient également profitables pour une personne en fin de vie qui pourrait trouver un peu de réconfort en imaginant ses proches et ses amis semer des fleurs en sa mémoire. 

Ces échanges sont très importants pour moi car certains opérateurs funéraires ont besoin d’être rassurés sur la portée des Flories avant de les incorporer dans leurs services.

R :  Vous avez un message à faire passer ?

FP : Même deux :
- J’encourage vivement les opérateurs funéraires à montrer à leur clientèle qu’ils ont des solutions pertinentes pour l’aiguiller vers des personnes ou des produits qui pourront les aider à cheminer durant leur deuil : je pense à des objets mémoriels, des coffrets de condoléances ou de thérapie du deuil. Mais aussi aux thanadoulas, aux accompagnatrices du deuil et peut-être bientôt à des funeral planners qui agiront plusieurs mois après les obsèques pour construire un hommage en toute liberté et sans contrainte de temps. Qu’ils soient une ressource pour leur clientèle.
- J’encourage ces mêmes opérateurs funéraires et chefs d’entreprise à offrir Les Flories car elles sont en totale cohérence avec leur métier et les enjeux RSE et écologiques actuels. Ils ont tout à y gagner dans leur relation client. Et il est gratifiant de se dire que l’on a pu alléger ou apaiser le chagrin de plusieurs personnes.

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Mais qu’est-ce qu’une thanadoula ?

"Une thanadoula accompagne la fin de vie et le deuil. Non-thérapeute mais formée à l’écoute et à la présence, elle offre un soutien humain, émotionnel et pratique aux personnes en fin de vie et à leurs proches, en complément des acteurs de santé et du funéraire. Une thanadoula prend le temps de l’après, là où le silence et le manque s’installent.

Collaborer avec une thanadoula, c’est offrir aux familles une continuité avant, pendant et après les obsèques. C’est aussi enrichir son service d’une dimension profondément humaine, où chaque geste aide à donner du sens à la séparation.

Ensemble, opérateurs funéraires, thanadoulas et Les Flories peuvent construire un accompagnement global – du soin du corps au soin du lien, du rituel au souvenir – pour que chaque passage soit vécu avec dignité, douceur et humanité."


Gwenaela Souet-Bereizat et Nathalie Fouqué

 
Frédéric Piron

Résonance n° 220 - Octobre 2025

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations