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Le bilan comptable présente l’état du patrimoine d’une entreprise au jour de la clôture de l’exercice, et intègre le solde du compte de résultat (bénéfices ou pertes), qui traduit son activité au cours de l’exercice écoulé. Ces deux documents sont établis selon des principes et des règles stricts et communs à l’ensemble des entreprises. Leurs finalités sont multiples : analyse financière de l’activité par l’entreprise elle-même, mais également par un éventuel acquéreur, par les établissements financiers, dans le cadre de la négociation d’un prêt bancaire par exemple, ou encore par l’administration fiscale pour le calcul ou le contrôle de l’impôt.

 

Anonin Xavier 2019 Jerome Le Lay 2

Généralement établi par un expert-comptable en raison de la technicité de sa réalisation, le bilan doit se conformer à deux types de règles : en amont par un enregistrement conforme au plan comptable général des opérations tout au long de l’exercice, et au moment de l’établissement du bilan, par le respect des règles de présentation.
Après avoir évoqué la structure des comptes annuels, nous évoquerons ce que leur lecture peut nous apprendre sur la situation financière et l’activité de l’entreprise.

Compte de résultat et bilan

Le plan comptable général regroupe les données chiffrées de l’entreprise dans sept familles de comptes, appelés classes. La classe 1 regroupe les comptes de capitaux, la classe 2, les comptes d’immobilisations ; la classe 3, les stocks ; la classe 4, les comptes de tiers ; la classe 5, les comptes financiers ; la classe 6, les charges, et la classe 7, les produits.
On le voit, les comptes des classes 1 à 5 traduisent les éléments de patrimoine de l’entreprise, contrairement aux comptes des classes 6 et 7 qui, eux, ont trait à son activité. Les comptes des classes 1 à 5 seront donc utilisés pour établir le bilan, et les comptes des classes 6 et 7 pour établir le compte de résultat. Enfin, le solde du compte de résultat, qui représente les bénéfices ou les pertes réalisés par l’entreprise au cours de l’exercice, sera intégré au bilan dans un compte de classe 1 intitulé "résultat de l’exercice" pour équilibrer le bilan.

La structure du compte de résultat

Le compte de résultat a un caractère obligatoire au titre de l’art. L. 123-12 du Code de commerce (CC). Sa présentation est régie par les articles R. 123-192 et R. 123-193, de sorte qu’il doit différencier de façon distincte : les charges et produits d’exploitation, les charges et produits financiers, et enfin, les charges et produits exceptionnels. S’agissant du résultat, il doit, aux termes de l’art. R. 123-194 du CC, "dégager successivement le résultat d’exploitation, le résultat financier, le résultat courant avant impôt et le résultat exceptionnel". Le résultat est toujours obtenu par la soustraction des produits aux charges correspondantes, que celui-ci soit positif (bénéfices) ou négatif (pertes).
Le tableau – Compte de résultat de l’exercice – présente de façon très simplifiée la structure d’un compte de résultat tel que présenté habituellement dans les plaquettes de comptes annuels éditées par les cabinets d’expertise comptable. Une présentation en deux colonnes (Charges/Produits) peut également être envisagée, apportant un autre angle de lecture.

Compte de résultat de l’exercice

Produits d’exploitation (chiffre d’affaires réalisé dans le cadre de l’activité courante de l’entreprise : vente de marchandises et de prestations de service ; production stockée ou immobilisée ; subventions d’exploitation…) [comptes 70 à 75 + 781]
- charges d’exploitation (charges courantes de l’entreprise : achats divers, services extérieurs, impôts, charges de personnel…) [comptes 60 à 65]
- dotations aux amortissements (parts d’amortissement des immobilisations de l’entreprise sur l’exercice) [comptes 681]

= Résultat d’exploitation (résultat de l’activité courante de l’entreprise dans son "cœur d’activité")

Produits financiers (revenus de produits financiers, actions, intérêts de placements…) [comptes 76 + 786]
- charges financières (charges d’intérêts, escomptes accordés…) [comptes 66 + 686]

= Résultat financier

Produits exceptionnels (sur opérations de gestion, produits de cession d’éléments d’actifs…) [comptes 77 + 787]
- charges exceptionnelles (sur opérations de gestion, valeurs comptables des éléments d’actifs cédés…) [comptes 67 + 687]

= Résultat exceptionnel

Résultat d’exploitation
+ résultat financier
+ résultat exceptionnel

= Résultat de l’exercice (excédents ou pertes)

 Les modalités de calcul du résultat fiscal n’apparaissent généralement pas dans les plaquettes de compte de résultat réalisées par les cabinets d’expertise comptable. En revanche, elles apparaissent dans la liasse fiscale transmise aux services des impôts des entreprises :

Résultat exploitation
+ résultat financier
+ résultat exceptionnel
+ réintégrations fiscales (montant des amendes et pénalités diverses, part d’amortissement des véhicules de tourisme dépassant le plafond (ou en location), et d’une façon générale dépenses somptuaires ou non utiles à l’exploitation)
- déductions fiscales

= Résultat fiscal

Résultat fiscal
- impôt sur les sociétés (calculé sur la base du résultat fiscal)
- participation aux salariés

= Résultat net comptable

Les indicateurs financiers de l’exploitation

- La marge commerciale
Cet indicateur est obtenu par soustraction entre les produits obtenus par la vente de marchandises (comptes 707) et les charges correspondant au coût d’acquisition des marchandises vendues (comptes 607). Il ne concerne pas les prestations de service, même celles réalisées en sous-traitance. Les marchandises non consommées sont retirées des achats par le biais de la variation de stock. La marge commerciale permet de calculer le taux de marge en la divisant par le prix d’achat total des marchandises vendues au cours de l’exercice.
Une évolution de la marge commerciale à la baisse d’un exercice à l’autre doit nécessairement interpeller et amener le chef d’entreprise à s’interroger : S’agit-il d’une baisse de chiffre d’affaires ? Si oui, pourquoi ? S’agit-il au contraire d’une augmentation des prix d’achat ? Si oui, peut-on envisager de renégocier les prix avec ses fournisseurs ? Changer de fournisseurs ? Ou encore augmenter ses prix de vente ?
En matière funéraire, les principaux postes de produits concernés sont les ventes de cercueils et de monuments.

Bien qu’il ne s’agisse pas stricto sensu de la marge commerciale, le même type de raisonnement peut être appliqué aux prestations de services vendues mais réalisées en sous-traitance (convois funéraires, travaux de marbrerie, par exemple), pour évaluer la rentabilité de ces activités.

- L’Excédent Brut d’Exploitation (EBE)
Dans le domaine funéraire, l’excédent brut d’exploitation constitue un indicateur financier beaucoup plus pertinent que la marge commerciale, dans la mesure où il intègre également dans son calcul les produits et charges afférents aux prestations de services, qu’elles soient sous-traitées ou non. L’EBE s’obtient en retranchant aux produits issus des ventes de produits fabriqués, de prestations de services et de marchandises (comptes 70), les charges constituées par les achats consommés par les services extérieurs (comptes 60, 61 et 62), les charges de personnel (comptes 64) et les impôts et taxes (comptes 63).
Le résultat de son calcul permet d’évaluer la rentabilité du cœur d’activité de l’entreprise, c’est-à-dire si l’activité commerciale de l’entreprise permet de couvrir l’ensemble des frais généraux de l’entreprise. L’EBE correspond donc à la trésorerie théorique que l’entreprise aurait dégagée à la fin de l’exercice si tous les produits qui le composent avaient été encaissés et toutes les charges payées.
Il doit bien entendu être positif pour pouvoir assurer la pérennité de l’entreprise et sa solvabilité à moyen terme. Dans le cas contraire, on parlera d’Insuffisance Brute d’Exploitation (IBE). Cette situation doit alerter le chef d’entreprise sur le fait que, s’il ne prend pas les mesures nécessaires à la relance de son activité, sa trésorerie risquera de venir rapidement à manquer, mettant ainsi en péril la survie de son activité.

Le résultat d’exploitation

Le résultat d’exploitation exclut de son calcul les charges et produits financiers, les charges et produits exceptionnels, l’impôt sur les sociétés et l’éventuelle participation versée aux salariés. Il fournit une information précise sur la rentabilité de l’activité "normale" et globale de l’exploitation de l’entreprise au chef d’entreprise lui-même, mais également aux tiers tels que, par exemple, les établissements bancaires et les éventuels investisseurs ou acquéreurs. Contrairement à l’EBE, il intègre notamment les dotations aux amortissements. Le résultat d’exploitation renseigne donc sur la rentabilité de l’entreprise au regard également de ses investissements à long terme.
Il doit être bénéficiaire, au risque de mettre en péril la pérennité de l’activité à moyen terme. S’il est négatif ou très faible, la situation doit être prise très au sérieux, dans la mesure où cela reflète le fait que l’activité n’est pas rentable (au moins sur l’exercice considéré). Dans ce cas, une analyse approfondie de l’activité doit être menée afin de prendre des mesures visant à augmenter le chiffre d’affaires de l’entreprise (développement commercial, augmentation des prix) ou à diminuer ses coûts d’exploitation (renégociation avec ses fournisseurs, licenciements, changement de locaux…).
Enfin, si le résultat de l’EBE apparaît satisfaisant alors que le résultat d’exploitation ne l’est pas, cela peut signifier que l’entreprise a réalisé des investissements que son exploitation ne permet pas de supporter. Dans ce cas, il pourra être pertinent d’envisager de céder des actifs immobilisés (véhicules, gros équipements, biens immobiliers, etc.).

Bilan de l’exercice
Actif Passif
Actif immobilisé Capitaux propres
Immobilisations [comptes 20 + 21 + 26 + 27] Capital, réserves et compte de l’exploitant [comptes 10]
Report à nouveau [comptes 11]
Résultat de l’exercice [comptes 12]*
Provisions [comptes 14 et 15]
Actif circulant Dettes (passif circulant)
Stocks [comptes 32 à 35 et 37]
Créances clients [comptes 41]
Débiteurs et créditeurs divers [comptes 46]
Valeurs mobilières de placement [comptes 50]
Comptes bancaires et caisse [comptes 51]
Dettes financières (à long terme : emprunts bancaires, …) [comptes 16]
Dettes diverses (clients, sociales, fiscales…) [comptes 40]
Personnel et rattachés (salaires à payer…) [comptes 42]
Organismes de sécurité sociale (cotisations à payer : URSSAF, prévoyance…) [comptes 43]
Etat et collectivités publiques (impôts et taxes à payer…) [comptes 44]
Total actif Total passif

La structure du bilan

À l’instar du compte de résultat, le bilan a un caractère obligatoire au titre de l’art. L. 123-12 du CC, et sa présentation est régie par les articles R. 123-181 à R. 123-191. D’une façon générale : "Les éléments du patrimoine de l’entreprise sont classés à l’actif et au passif du bilan suivant leur destination et leur provenance. Les éléments destinés à servir de façon durable à l’activité de l’entreprise constituent l’actif immobilisé." (art. R. 123-181)
Le tableau – Bilan de l’exercice – présente de façon très simplifiée les principaux éléments composant le bilan. Habituellement, les plaquettes des experts-comptables présentent l’actif et le passif de façon successive et non en colonnes actif/passif comme ici. La présentation en colonnes actif/passif permet une lecture en vis-à-vis du passif et de l’actif, alors que la structure présentant successivement l’actif et le passif permet de reprendre en vis-à-vis les chiffres de l’année précédente pour pouvoir les comparer avec les évolutions sur lesquelles portent les comptes annuels.

* Bénéfices ou pertes. Le résultat de l’exercice est intégré au bilan. C’est lui qui équilibrera le total du bilan. En effet, dans un bilan, le total de l’actif est toujours égal au total du passif.
Les indicateurs patrimoniaux de l’entreprise

Le bilan fournit des informations stratégiques sur la valeur de l’entreprise, sur sa puissance financière et sur le respect de ses équilibres financiers, indispensables au bon fonctionnement de l’entreprise. La vérification de ces éléments permettra au chef d’entreprise d’ajuster sa politique de gestion et d’apprécier le risque de nouveaux investissements. Les éventuels acquéreurs pourront évaluer les perspectives de rentabilité de l’entreprise, et les établissements financiers susceptibles de prêter de l’argent à l’entreprise apprécieront le risque à travers une évaluation de la solvabilité de l’entreprise.
Bien que découlant de l’activité et des stratégies de gestion de l’entreprise, les données fournies par le bilan sont essentiellement financières et ont une relation moins directe avec l’exploitation que celles fournies par le compte de résultat. L’analyse du bilan apparaît donc, en apparence, plus abstraite que l’analyse du compte de résultat pour le chef d’entreprise peu familier de l’analyse financière.
Quelques indicateurs significatifs et faciles à calculer lui permettront cependant de faire une première analyse de son bilan :

Le Besoin en Fonds de Roulement (BFR)

Le BFR permet de comparer les actifs et les passifs à court terme, c’est-à-dire qu’il permet d’apprécier le décalage entre les encaissements et les décaissements. Il se calcule par soustraction entre l’actif circulant et le passif circulant (tous deux figurant au bilan). Si le résultat est positif, cela signifie que la trésorerie de l’entreprise ne permet pas de couvrir ses dettes à court terme. En revanche, s’il est négatif, cela signifie que l’entreprise n’a pas de besoin de financement à court terme.

Le Fonds de Roulement (FR)

Le FR s’intéresse au financement de l’entreprise à long terme. Il rend compte des ressources à disposition de l’entreprise (par ses associés ou résultant de son activité) pour financer ses investissements. Le fonds de roulement est le résultat de la soustraction de l’actif immobilisé aux capitaux propres.

La Trésorerie Nette (TN)

La TN correspond à la trésorerie de l’entreprise disponible à court terme. Elle se calcule par soustraction entre le besoin de fonds de roulement et le fonds de roulement. Si elle est positive, cela signifie que le fonds de roulement remplit son rôle : financer le besoin en fonds de roulement. Si elle est en revanche déficitaire, cela signifie que l’entreprise est contrainte de trouver d’autres modes de financements (découvert ou prêt bancaire à court terme). Cette situation, fragilisante et coûteuse pour l’entreprise, ne peut avoir qu’un caractère très temporaire, et le chef d’entreprise devra rechercher les moyens durables de revenir à une situation financière excédentaire.

Conclusion

La mise en perspective avec les années antérieures : un impératif incontournable

Quel que soit son degré de maîtrise des outils comptables et financiers, le chef d’entreprise ne peut faire l’économie d’une mise en perspective systématique des comptes annuels de l’exercice avec les exercices précédents. Toute variation, à la hausse ou à la baisse, qu’elle soit constatée au compte de résultat ou au bilan, doit nécessairement faire l’objet d’une analyse. Il pourra ainsi être constaté une baisse ou une hausse du chiffre d’affaires global, ou ciblé sur un type de vente ou de prestation en particulier, ou encore une augmentation ou une diminution d’un poste de charge d’un exercice à l’autre dans le compte de résultat détaillé (compte par compte).
Contrairement à son expert-comptable, le chef d’entreprise connaît son activité dans le détail, et lui seul saura trouver les raisons d’une baisse ou d’une hausse d’un poste. Les raisons peuvent être multiples : baisse ou hausse significatives du nombre de décès sur sa zone de chalandise, installation d’un nouveau concurrent sur cette même zone, par exemple ; ou encore, une augmentation des prix des fournisseurs non répercutés sur les prix de vente, ou simplement des prix de vente trop bas, entraînant des marges trop faibles.
Tout au long de son activité, mais bien sûr au moment de l’établissement du bilan, le chef d’entreprise peut créer ses propres indicateurs de performances (couramment appelés KPI, pour Key Performance Indicator). Cette discipline, pompeusement appelée "contrôle de gestion", prend appui sur les données comptables. Les KPI susceptibles d’être créés et utilisés par l’entreprise sont infinis, et n’auront de limites que la créativité du chef d’entreprise.
De plus, l’activité funéraire, en raison de la très grande diversité des biens et prestations qu’elle fournit à ses clients, offre de très nombreuses possibilités de création de KPI et de suivi affiné de l’activité. Il apparaît donc incontournable pour le chef d’entreprise de maîtriser les fondamentaux de la comptabilité générale, de tenir régulièrement, tout au long de l’exercice, sa comptabilité et d’y avoir un accès permanent même s’il a fait le choix d’une externalisation totale auprès de son expert-comptable. Attendre l’établissement des comptes annuels pour s’apercevoir de difficultés ne peut constituer qu’un choix peu stratégique, voire dangereux pour la pérennité et le développement de son activité.

Xavier Anonin
Docteur en droit

Jérôme Le Lay
Expert-comptable, cabinet ASF

Résonance n° 157 - Février 2020

Instances fédérales nationales et internationales :

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