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Diplômée de la VDT (Deutsche Einbalsamierer e.V.), en Allemagne depuis 2017, je promeus les bienfaits et avantages des soins de thanatopraxie dans un pays où la ligature de bouche d’un défunt n’est pas encore autorisée.


Les gestes basiques et plus intrusifs (retraits de pacemaker, ligatures de bouche, sutures simples…) sont enseignés dans le cadre de cours facultatifs pour les collaborateurs funéraires à Lausanne et à Berne, mais les services médicaux cantonaux n’accordent pas encore de validation à ces formations. Premièrement, cela implique que de nombreuses entreprises de pompes funèbres continuent de former leurs employés de manière interne à l’entreprise. Deuxièmement, à moins d’obtenir une dérogation spéciale pour le faire, les gestes intrusifs ne sont pas effectués.

Les défunts sont généralement présentés directement dans leur cercueil et sont placés dans des catafalques réfrigérés. Ainsi, le risque est pris de laisser les corps tenir quelques jours. Les familles sont averties que, dès que le corps de leur bien-aimé changera, le cercueil sera fermé. La méthode de conservation avec la glace carbonique est prisée de quelques entreprises de pompes funèbres. Elle permet également de garder le corps pendant plusieurs jours, en évitant aux familles les odeurs désagréables.

Formation soins

Lorsque, pour un rapatriement, un embaumement doit être fait, les entreprises ont recours aux services de pathologie des hôpitaux universitaires. Ces derniers injectent alors dans le corps une dizaine de litres d’une solution à base de formol créée par leurs soins. Dans ce procédé, aucune ponction n’est effectuée. Le défunt est rarement visible à son arrivée dans son pays.

La seule entreprise en Suisse qui effectue des soins de thanatopraxie pour tous ses défunts se trouve à Genève. Cette pratique se justifie par le fait que sa principale concurrente est française et recourt à l’embaumement systématique. Une thanatopractrice assure ainsi, seule, les quelque 500 soins annuels.

Lorsque j’ai démarré en 2017, j’ai sillonné la Suisse romande avec mon dossier de photos de défunts pris avant et après les soins. Cette année-là, j’ai eu 5 soins. L’année suivante, j’en ai eu 10. En 2024, j’en ai réalisé 85. De nombreuses raisons expliquent cette croissance, mais j’aimerais surtout mettre en avant ma collaboration avec les dirigeants de pompes funèbres qui sont particulièrement à l’écoute des familles. Lorsqu’ils comprennent que le défunt était coquet par exemple, ils n’hésitent pas à m’appeler. Ils savent également trouver les mots pour expliquer mon intervention.

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Certaines pompes funèbres ne m’appellent que pour les cas obligatoires de rapatriement. Elles y trouvent un avantage pécuniaire, mais n’ont pas compris qu’elles auraient avantage à recourir à mes services avant de présenter le défunt, et non après. J’ai l’opportunité de dispenser 2 formations de soins aux défunts dans le cadre d’un certificat organisé par l’Association Suisse des Services Funéraires (ASSF) ainsi qu’un cours organisé par le service de la médecine légale à Lausanne, ce qui me permet aussi de me faire connaître.

Ces formations sont les seules qui existent en Suisse, et elles servent plus à rassurer les praticiens funéraires sur leurs gestes qu’à leur en apprendre des nouveaux. Ce que je remarque, c’est que le manque de reconnaissance du milieu funéraire au niveau social et politique se répercute sur la pratique. Ainsi, parce qu’ils n’ont pas ou peu de formation reconnue, les employés funéraires ont de la difficulté à proposer (voir imposer) des standards esthétiques de leurs défunts, et accordent le statut d’expert aux familles.

Une discussion classique concerne le maquillage. Les employés funéraires me rétorquent que généralement les familles leur transmettent que le défunt ne se maquillait pas et aimait rester simple. Déterminés à respecter la volonté de la famille, ils n’emploieront aucun maquillage, et laisseront, au pire des cas, des défunts blafards avec des marques sur le visage et sur les mains. Plus grossièrement, j’ai encore parfois du mal à faire passer qu’à moins d’une volonté contraire de la famille, les femmes doivent être rasées.

Salon funéraire

Les cours ont justement comme but de permettre de changer ce point de vue. Les employés funéraires sont des professionnels et des experts, et ils doivent assurer les présentations des défunts respectueuses en toutes circonstances et aussi longtemps que nécessaire. Les volontés et actions de plusieurs acteurs politiques, médicaux, professionnels du funéraire permettent de croire qu’une évolution vers plus de reconnaissance est en cours, mais j’ai quand même parfois l’impression de crier seule dans le désert.

Aussi, mes échanges avec des collègues thanatopracteurs en Europe et ailleurs lors des formations, séminaires, salons funéraires sont toujours hautement inspirants et régénérants. Alain Koninckx, à qui je dédie cet article, compare ma situation à la sienne en Belgique il y a 20 ans. Il me donne ainsi de l’espoir quant à l’avenir de la thanatopraxie en Suisse.
 
Myriame Marti
Thanatopractrice

Résonance n° 219 - Septembre 2025

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations