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Les véhicules électriques sont fortement encouragés par les pouvoirs publics afin d’accompagner la transition énergétique. Présentés comme moins polluants, ils bénéficient d’aides et de bonus, mais restent onéreux à l’achat, et des interrogations persistent quant à leur véritable coût et leur autonomie réelle. Qu’en est-il réellement aujourd’hui ? Jérôme Cao, dirigeant d’Atlantic Autos Concept (AAC), nous livre une lecture concrète du sujet.
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Peut-on faire un point d’étape du marché de l’électrique en France aujourd’hui ?

Les pouvoirs publics, au niveau national comme européen, soutiennent aujourd’hui une demande en véhicules électriques qui progresse chaque année, entre actions incitatives (bonus, aides, gratuité de stationnement…) et coercitives (ZFE, notamment). Les mentalités évoluent également dans le sens des mobilités plus respectueuses de l’environnement.

Ces facteurs font que, dans le secteur automobile global, l’offre est vaste et que de nombreux constructeurs proposent des véhicules particuliers et utilitaires 100 % électriques. Pour ce qui concerne le funéraire, tous les modèles d’utilitaires légers carrossables ont aujourd’hui leur version électrique.

Ainsi, le groupe Stellantis propose les Peugeot Expert, Citroën Jumpy, Fiat Scudo et Opel Vivaro en électrique avec 2 tailles de batterie différentes. Renault et Nissan proposent le Trafic et son équivalent, Mercedes propose le Vito, le Classe V et même le gros volume Sprinter en électrique. Volkswagen annonce déjà son tout nouveau T7 sur une base électrique. Enfin, Ford commercialise avec succès depuis cette année son nouveau Custom en électrique, mais également en hybride. Il y en a vraiment pour tous les goûts, sans compter les nouvelles marques chinoises.

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Et du côté des utilisateurs ?
Le funéraire suit-il ce mouvement ?

Dans le funéraire, la demande reste encore timide, ce qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs : le surcoût à l’achat est le premier. L’autonomie est ensuite évidemment un sujet pour les professionnels, tout comme le coût de l’adaptation technique nécessaire pour intégrer des équipements spécifiques (caisson réfrigéré, sièges arrière, etc.).

Nous sommes donc toujours dans une phase d’observation et d’expérimentation : quelques pionniers investissent déjà dans l’électrique, principalement dans les grandes agglomérations comportant des contraintes de circulation urbaine. Leur retour d’expérience est très positif, surtout pour les véhicules de cérémonie. Le reste des opérateurs reste attentif à l’évolution de l’offre et aux retours d’expérience du marché.

Quels sont les avantages d’un véhicule électrique pour les dirigeants de pompes funèbres et les familles ?

Les atouts de l’électrique sont désormais bien connus : plus de confort de conduite, un silence de fonctionnement et une absence d’odeurs d’échappement qui renforcent la solennité des cérémonies, une image moderne et écoresponsable en phase avec les attentes des familles et des collectivités, et enfin un coût d’utilisation réduit par rapport aux versions thermiques.

De plus, dans les grandes villes, un véhicule électrique vous offre l’assurance d’être aux normes quels que soient les changements de la réglementation, et peut vous offrir des opportunités de stationnement plus larges. Enfin, l’autonomie augmente progressivement, tous les constructeurs profitent des avancées technologiques des batteries, comme indiqué dans notre précédent article dans Résonance n° 213 de mars dernier.

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Parlons chiffres : quel est le bilan économique d’un corbillard électrique ?

La pierre angulaire de la réflexion électrique est le TCO (Total Cost of Ownership, coût total de possession). Il faut raisonner sur la durée totale d’utilisation du véhicule pour avoir une véritable idée de son coût réel. Le premier facteur le plus immédiat est le prix d’achat :
- chez Stellantis, le surcoût est d’environ 10 000 € à niveau d’équipement équivalent,
- chez Renault/Nissan, il sera moindre, entre 5 000 et 8 000 € selon les versions,
- chez Mercedes, le Vito électrique demande 7 000 à 8 000 € de plus que sa version diesel, ce différentiel est moins important pour le classe V. Le gros modèle Sprinter, lui, demande 9 000 € de plus en électrique,
- chez Ford, les prix des versions thermiques, électriques et hybrides sont très proches à puissance et finition équivalentes.

Le surcoût des versions électriques a sensiblement diminué en 2025. La nouvelle taxe CAFE, incitant les constructeurs automobiles à s’orienter vers l’électrique, produit ses effets. Cette taxe est à la base un cadre réglementaire visant à limiter les émissions de CO2 des voitures neuves vendues dans l’UE.

Enfin, il faut rajouter au prix du véhicule le budget pour l’implantation d’une borne de recharge semi-rapide (une borne de 11 kW suffit pour recharger le véhicule en une nuit) pour environ 2 000 à 3 000 €.

Quels sont les éléments qui viennent compenser ces surcoûts ?

Pour commencer, il y a les aides sur le prix d’achat. La plus pertinente est celle liée aux CEE, ou Certificats d’Économies d’Énergie. Elle permet d’économiser 500 à 3 000 € sur l’achat d’un corbillard électrique. Il y a ensuite le carburant : concernant un véhicule thermique consommant entre 7 et 8 l de gazole aux 100 km, le coût du carburant pour une entreprise qui récupère la TVA va varier entre 11 et 12,5 centimes par km.

Le même en version électrique va coûter entre 3 et 4 centimes du km quand on le recharge dans son entreprise, soit une économie de 8 centimes par km. Sur les bornes de recharge publiques, le prix du kWh est encore très variable.

Concernant l’entretien, il est beaucoup moins onéreux sur un électrique : il n’y a ni vidange moteur, ni filtre à huile ou à carburant, ni distribution, ni embrayage. La transmission est beaucoup plus simple, il y a moins de pièces en mouvement, donc moins de pannes.

Les freins ont une durée de vie doublée, voire triplée, grâce au freinage régénératif. L’entretien périodique d’un véhicule électrique se concentre sur les filtres d’habitacle, le liquide de frein, les contrôles électroniques, les pneumatiques. L’économie est de l’ordre de 3 000 € sur 5 ans.

Chaque professionnel doit considérer ces 4 postes pour établir un bilan. Pour exemple, une agence de pompes funèbres qui achète un véhicule électrique 8 000 € HT plus cher que son équivalent thermique, qui bénéficie d’une aide CEE de 1 000 €, et qui économise 3 000 € de frais d’entretien sur 5 ans, devra parcourir 50 000 km pour arriver à l’équilibre financier, ce qui devient raisonnable et mérite réflexion.

Chez Atlantic Autos Concept, nous sommes présents pour conseiller les professionnels du funéraire, en fonction de leur activité, de leurs besoins, du kilométrage parcouru annuellement, de leur zone géographique, pour faire le bon choix. Les prix des véhicules, les autonomies, les aides, les taxes, les restrictions d’utilisation pour les véhicules thermiques évoluent vite. Il est parfois difficile de s’y retrouver quand on veut renouveler son utilitaire. Nous vivons une mutation, et en tant que professionnels de l’automobile, c’est notre rôle de rester en veille sur les dernières évolutions et d’en restituer une synthèse au cas par cas.
 
Résonance n° 220 - Octobre 2025
 

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations