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Suite au rachat du Groupe Hygeco par Abenex, nous sommes allés à la rencontre de Damien Comandon et Carmen De Oliveira, respectivement président et directrice générale. Après un état des lieux du groupe qui fête ses 130 ans cette année, ils ont évoqué avec nous leurs ambitions et leurs objectifs de croissance à court et moyen termes, ainsi que les valeurs qu’ils souhaitent défendre.

 

Damien Comandon, président, et Carmen De Oliveira, directrice générale, du groupe Hygéco.

 

Résonance : Au lendemain de cette reprise du groupe Hygeco, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les divers acteurs de cette transaction, et sur la situation du groupe à l’instant "t" ?

Damien Comandon : Après avoir été accompagné pendant une dizaine d’années par le groupe ‘de Facultatieve’, le groupe Hygeco prend aujourd’hui son indépendance, grâce au soutien financier d’Abenex.
Abenex est un fonds d’investissement français, indépendant - donc détenu par ses dirigeants -, qui gère des fonds pour des institutionnels, des banques, des assurances ainsi que quelques particuliers, et dont l’ADN correspond pleinement à notre culture et à notre statut de PME. Étant de notre côté très portés sur l’opérationnel, ils nous apportent un support et une structuration financière tout en nous laissant une vraie liberté d’action quant au déploiement de notre stratégie.
Enfin, nous concernant, Carmen et moi, comme je viens de vous le dire, nous sommes principalement dans l’opérationnel. Carmen évolue depuis plus de 18 ans dans le secteur funéraire, ce qui lui confère une excellente connaissance de ce marché, doublée d’un tissu relationnel impressionnant. De mon côté, d’aucuns me considèrent comme un manager averti, ouvert et dynamique. Issu d’un milieu totalement extérieur au secteur funéraire, je mets, depuis plus de deux ans, ma culture entrepreneuriale pluridisciplinaire au service du groupe Hygeco. Notre duo, avec Carmen, se veut très complémentaire, et avec le soutien d’Abenex, nous entendons bien "dépoussiérer la vieille dame" !
Aujourd’hui, le groupe Hygeco réalise un chiffre d’affaires de 32 M€ et emploie 340 salariés en Europe par le biais de nos filiales en Angleterre, en Espagne, en Allemagne et en Pologne. Ensuite, au niveau national, nos principales activités se divisent en deux grands secteurs :
- Hygeco Produits, notre pôle marchand, dont la proposition, en matière de gammes, va des fluides et accessoires de thanatopraxie à l’équipement d’un laboratoire clé en main, en passant par certains articles funéraires bien précis tels que les urnes cinéraires.
- Hygeco Post-Mortem Assistance (PMA), notre pôle "Service" avec les transports de corps avant et après mise en bière, et les soins de conservation. Voilà pour l’état des lieux.

Carmen De Oliveira : À propos d’Hygeco PMA, je préciserai simplement qu’à l’heure actuelle, nous représentons environ 30 % de parts de marché au niveau des soins de conservation et des services post-mortem. C’est un leadership que nous entendons bien mettre au service, non pas de la seule entité Hygeco, mais de la profession tout entière.

R : Comme tout bon acquéreur, vous devez avoir une stratégie et des objectifs à court et moyen termes…

DM : Bien entendu, fort de ces chiffres et à l’aube du 130e anniversaire du groupe, notre stratégie devrait s’inscrire dans la continuité, aussi bien en matière d’objectif que de croissance. Cela étant, concernant la France, nous souhaitons tout de même porter l’accent sur deux points, d’une part les services, afin de consolider encore un peu plus cette activité, et d’autre part le déploiement de nos fluides "SafeBalm".
Pour ce qui est de l’étranger, ne pouvant y dupliquer le modèle français pour ce qui est des services, nous nous concentrons sur notre activité produits : fluides et accessoires de thanatopraxie bien sûr, mais aussi urnes cinéraires et autres équipements spécifiques – dans les secteurs funéraire et médical… Des secteurs que nous sommes aujourd’hui amenés à proposer à de grands comptes, partout en Europe, grâce au concours de nombreux partenaires industriels. Objectivement, nous avons encore de belles perspectives de développement, et c’est dans leurs exploitations que résident toutes nos ambitions en matière de développement.

R : Pour ce qui est de la communication et de la visibilité de l’entreprise, quel va être votre positionnement ?

CDO : Concrètement, il est encore trop tôt pour en parler… Je dirai simplement que nous venons tout juste d’ouvrir une page "Facebook" et une page "LinkedIn"… Ça, c’est déjà un scoop, non ? (rires)

DC : Plus sérieusement, au niveau de notre communication, nous avons une réelle volonté de nous concentrer sur l’essentiel afin de servir au mieux nos objectifs de développement.

CDO : Tout à fait. Nous allons également nous recentrer sur l’humain. Au niveau d’hygeco PMA – mais il en sera de même pour le groupe dans sa globalité –, nous disposons d’un certain nombre d’antennes régionales ou départementales, et autres filiales, au sein desquelles œuvrent des professionnels hors pair, voire de vraies figures locales qui, jusque-là, sont trop souvent restées dans l’ombre. Nous souhaitons leur donner un peu plus de visibilité afin de réinstaurer une communication de proximité.
"Nos collaborateurs sont nos ambassadeurs", c’est une notion qui nous semble très importante !

R : Parlez-nous des fluides "SafeBalm". Décriés lors du lancement, les produits ont été reformulés, et, aujourd’hui, vous envisagez un déploiement à grande échelle. Qu’en est-il exactement ?

DM : Les fluides "SafeBalm" sont, à ce jour, les seuls produits sans formaldéhyde qui ont démontré leur efficacité sur le marché. C’est l’avenir de la thanatopraxie ! Bien sûr, leur utilisation en situation réelle aura révélé, dans quelques rares cas, la nécessité d’ajuster les dosages de principe actif… C’est aujourd’hui chose faite et, de plus, nous maîtrisons parfaitement les modes opératoires. Cela étant, notre plus grande difficulté aura été, et est toujours aujourd’hui, de former les thanatopracteurs au bon usage de ces fluides. En effet, il va de soi que je ne me permettrai pas de remettre en cause les compétences et le professionnalisme des thanatopracteurs, mais, bien que le protocole d’utilisation de "SafeBalm" se veuille très proche de celui des produits formolés, il existe néanmoins un certain nombre de points divergents dont la prise en compte, ou non, peut avoir des conséquences plus ou moins visibles sur le résultat final.

CDO : À ce jour, nous enregistrons plus de 150 000 soins réalisés, avec "SafeBalm", sur le territoire national, et plus de 2 000 en Grande-Bretagne, c’est dire si le produit est éprouvé. De plus, notre percée sur le marché anglais, en soi, représente un vrai gage de crédibilité.
Ensuite, comme l’a indiqué Damien, la bonne utilisation du "SafeBalm" réclame un minimum de formation.
Il faut bien être conscient que les produits ne font pas tout… D’autres facteurs prépondérants entrent en ligne de compte : le mode opératoire en est un, et le corps du défunt en est un autre. Beaucoup oublient que les traitements médicaux subis par le défunt, pour ne citer qu’eux, auront une influence considérable sur le rendu final et sur sa stabilité dans le temps. Outre-Manche, nous formons quotidiennement de nouveaux thanatopracteurs sur le "SafeBalm", et les retours sont très positifs.

DC : L’Angleterre est une belle perspective de développement pour nos produits dédiés thanatopraxie. Nous espérons y doubler nos parts de marché sous peu.

R : C’est plutôt prometteur… En est-il de même pour votre activité équipement Post-Mortem ?

DC : Dans ce secteur, nous disposons de trois marques ayant chacune sa vocation :
- FrigoMed : gamme packagée pour les installations médicales ou funéraires de petite taille,
- Hygeco : gamme modulaire pour les installations médicales ou funéraires de toutes tailles,
- Funéralia : haut de gamme funéraire.
Depuis de nombreuses années, notre proposition, en matière d’équipements, se voulait plutôt funéraire.
Aujourd’hui, la partie médicale prend une dimension considérable. Nous traitons, dans ce domaine, de très gros projets. Par exemple, dernièrement, nous avons rénové toutes les installations de la morgue centrale de Riyad, nous sommes actuellement en train d’équiper une grosse université au Pakistan ; de même, nous sommes excessivement sollicités pour la mise en place de salle "catastrophe"… Domaine où nous disposons d’une solide expertise, reconnue dans le monde entier.
Dernier point, il faut savoir qu’à l’échelle mondiale, il n’existe qu’une dizaine de marques à même de répondre à des appels d’offres de ce type… et nous en possédons deux.
De fait, là encore, c’est un marché que nous maîtrisons bien, dont on connaît les évolutions à court et moyen termes, et où nos perspectives de développement sont extrêmement étendues.

R : Pour conclure, revenons au niveau national. Quelles sont vos positions vis-à-vis des évolutions du secteur, tant techniques, avec la dématérialisation du certificat de décès, que réglementaires, notamment au sujet des soins à domicile et autres interventions sur corps présentant des risques infectieux ?

DC : Pour ce qui est de la dématérialisation, nous sommes 100 % pour… même si la gestion et la mise à disposition, en ligne, du certificat de décès aux différents intervenants n’en sont qu’à leurs balbutiements. Quoi qu’en dise l’Administration, je pense qu’il y a encore quelques ajustements à faire avant de généraliser la pratique.
Nous-mêmes, au sein du groupe Hygeco, nous avions à cœur d’améliorer nos procédures et nos démarches. C’est dans ce même esprit de dématérialisation et d’optimisation que nous avons créé TWIMM, notre application multi-plateformes, qui nous a permis d’instaurer une collaboration en flux tendus, tant avec nos clients qu’avec nos thanatopracteurs.
Concernant TWIMM, une fois la prise en main effectuée, nous n’avons eu que des retours positifs… Il n’y a pas de raison qu’il n’en soit pas de même pour la dématérialisation des certificats de décès. C’est juste une question de temps.
De plus, lorsque la pratique sera étendue au niveau national, nous serons parfaitement à même de l’intégrer à TWIMM.

CDO : Concernant les interventions sur corps à risque infectieux, d’une certaine façon, c’est un faux problème… Je m’explique.
Dans de nombreux cas, ni le défunt, avant son décès, ni le médecin qui complétera le certificat, ni les professionnels funéraires qui auront à intervenir, ne sont au fait de la présence potentielle d’un quelconque risque infectieux.
Partant de là, et c’est ainsi que nous formons nos collaborateurs, il faut utiliser systématiquement un mode opératoire affichant un niveau de protection maximal et le port des EPI.
De plus, le législateur nous parle essentiellement d’infections VIH ou hépatiques, mais il existe bien d’autres risques… Tout corps est potentiellement contagieux.

R : Et les soins à domicile ?

DC : C’est très particulier. C’est une pratique qui concerne environ 30 % de nos interventions, et qui a plutôt la ferveur des zones rurales. Pour en avoir fait l’expérience, je comprends parfaitement l’attachement de certaines familles à la veillée au domicile. Cela confère une dimension tout autre à l’accompagnement et au souvenir du défunt. Cela étant, il faut également prendre en compte les contraintes que cela peut engendrer pour le thanatopracteur. Toutes les familles ne peuvent pas systématiquement mettre à disposition du professionnel funéraire un pièce adaptée et conforme à la réglementation.
Ensuite, est-ce que tous les thanatopracteurs respecteront le mode opératoire qui leur est imposé par cette même réglementation… je n’en suis pas sûr.

CDO : Au sein du groupe Hygeco, nous avons une préférence pour la pratique du soin en milieu adapté (hôpital ou chambre funéraire), puis un retour au domicile pour les familles qui le souhaitent. Mais ce n’est pas encore systématique.

R : Un dernier mot ?

DC et CDO : Comme nous l’avons dit, Hygeco est une "vieille dame" qui affiche 130 ans d’expérience dans le secteur funéraire, et plus particulièrement dans la thanatopraxie.
C’est une profession qui nous est chère et que nous avons à cœur de défendre… tout entière.
Qu’on se le dise !

Propos recueillis par
Steve La Richarderie

Résonance n°130 - Mai 2017

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