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Pour donner suite à la publication d’un communiqué de presse alarmiste de la Fédération Nationale du Bois (FNB) concernant le siphonnage des forêts françaises et européennes par la Chine, Aubin de Magnienville, président de la Chambre Syndicale Nationale de l’Art Funéraire (CSNAF), a souhaité s’exprimer sur cette situation pour le moins préoccupante, et sur l’ensemble des répercussions possibles sur le secteur funéraire… Explication !
CSNAF 2011 1

Résonance : Aubin de Magnienville, la FNB vient tout juste de publier un communiqué de presse plutôt alarmant à propos duquel vous avez souhaité réagir… Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Aubin de Magnienville : Une communication générale sur le sujet s’imposait et il me semblait souhaitable que le lecteur soit averti de la situation. Le communiqué de presse de la Fédération Nationale du Bois (FNB) est vraiment édifiant : nos forêts sont pillées ! Mais pas seulement. Nous vivons dans une économie mondialisée, ainsi toutes les ressources de la planète sont convoitées.

R : Selon vous, quelle est l’explication d’un tel siphonnage de nos matières premières et quelles vont en être les conséquences économiques à court et long terme ?

AdM : Le redémarrage de l’économie mondiale est en cours. Les États-Unis, avant nous, ont relancé leur économie grâce à un plan de relance de 1 900 milliards de dollars. Cela a pour effet ricochet de relancer l’économie chinoise car une grande partie de sa production est exportée vers les USA.
La conséquence est un accroissement brutal de la demande chinoise en matières premières. En effet, celle-ci en a grand besoin pour honorer ses commandes. Parmi les ressources les plus demandées, on trouve l’acier, le pétrole, le bois… Les prix flambent et la Chine, avec son gros pouvoir d’achat, rafle les marchés d’approvisionnement, et prive ainsi les autres fabricants de ces ressources indispensables.
L’Europe quant à elle prévoit un montant de 2 000 milliards d’euros pour son plan de relance. Cela va avoir pour effet de tendre encore plus la situation de la demande en matières premières, qui vont donc continuer à flamber… Le coût du transport de la Chine vers l’Europe a également subi une hausse très importante pour les mêmes raisons, et il a plus que doublé en moins d’un an.
Vu la force de la relance, cette situation peut encore largement s’étaler sur 2022.

R : Les répercussions d’un tel phénomène sont bien entendu économiques, comme vous venez de nous l’exposer, mais l’impact écologique est tout aussi important…

AdM : Acheter du bois en France pour le façonner en Chine et le vendre outre-Atlantique ne permet pas d’afficher un bilan carbone exceptionnel.

FNB la Chine continue de siphonner la forêt française Page 1
FNB la Chine continue de siphonner la forêt française Page 1

R : En tant que président de la CSNAF, que craignez-vous pour la filière funéraire et, in fine, quelles vont être les conséquences pour les familles ?

AdM : Les prix des fournitures funéraires vont augmenter dans des proportions inhabituelles. Il faut en être conscient. Le bois est devenu rare et cher. Il faut s’attendre à des augmentations de prix à deux chiffres dans les mois à venir.
Les stocks de bois des fabricants ayant été fortement sollicités durant la Covid-19, il n’y aura plus l’effet amortisseur sur les prix que nous avions dans le passé.
L’acier (avec une hausse de 100 %), l’inox, le carton, le coton (+ 84 %), le granit ont augmenté drastiquement, et l’approvisionnement en tant que tel devient difficile, et il faut parfois commander la qualité supérieure pour être livré. C’est ainsi que l’on peut avoir des ruptures de stock sur le sapin, mais pas sur le chêne, par exemple.
J’engage les clients à se rapprocher de leurs fournisseurs habituels pour comprendre l’impact de la situation sur leurs approvisionnements.

R : Au vu de ces diverses problématiques annoncées, comment doit réagir la branche funéraire et quelle attitude doit-elle adopter vis-à-vis des familles ?

AdM : Je pense que là aussi tout est dans le dialogue et la communication. Le public est au courant par les médias de cette situation. Les gens peuvent se rendre compte des pénuries de matériaux dans les magasins de bricolage, mais aussi du retard pris par les entrepreneurs dans les chantiers par manque de bois, d’acier, etc. On peut même voir à la télévision que des chaînes de montages automobiles sont à l’arrêt par manque de composants électroniques.

R : Plus globalement, comment peut-on endiguer cette situation ? Une pétition a d’ores et déjà été lancée et signée par de nombreux professionnels européens issus de secteurs variés, mais que doivent faire le Gouvernement français ainsi que la Communauté européenne pour stopper cette hémorragie ?

AdM : La Chine a pu remporter des lots de bois en proposant 20 % de plus que les Français. La moindre des choses serait d’imposer la transformation de ce bois en France. Nos forêts sont, en quelque sorte, pillées par l’étranger. C’est tout à fait anormal : le bois est une ressource stratégique qui doit être protégée.

R : Aubin, pour conclure, y a-t-il un dernier point que vous souhaitiez aborder ?

AdM : Plus que jamais, on ressent bien l’importance de la fabrication locale et de la maîtrise des flux logistiques. Quand on dépend de la production de pays lointains, on est à la merci de ruptures de stock pénalisantes ou d’augmentations inopinées. Demander à son fournisseur d’où provient ses produits est devenu une question du plus grand intérêt pour celui qui veut maîtriser son entreprise.
 
Steve La Richarderie

Résonance n° 172 - Juillet 2021

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