À l’ère où chaque individu laisse derrière lui une empreinte numérique considérable, la question de la gestion des comptes en ligne après un décès devient incontournable. Fondé il y a tout juste 5 ans, Repos Digital a déjà accompagné 5 000 familles à supprimer les comptes de leur proche disparu, et collabore avec plus de 1 000 agences funéraires. Kilian Weydert, co-fondateur, nous explique comment son entreprise aide les familles à protéger la mémoire et la vie privée des défunts, tout en offrant aux pompes funèbres un service différenciant, qui renforce la fidélité des familles et qui peut devenir une source de revenu complémentaire.

Aujourd’hui, chaque défunt laisse une empreinte numérique : réseaux sociaux, photos stockées sur un cloud, argent qui dort sur des comptes en ligne, abonnements qui continuent sans qu’on y pense. Pour les familles, c’est souvent un choc : quelques mois après le décès, elles reçoivent encore des notifications pour souhaiter l’anniversaire d’un proche disparu, découvrent qu’un profil a été piraté, ou se battent pour résilier des services payants.
Et derrière tout cela, une inquiétude bien réelle : le risque d’usurpation d’identité, de données personnelles qui circulent, de souvenirs qui se perdent. Des démarches lourdes, parfois douloureuses, que les familles ne savent pas toujours comment aborder. Ces situations ont révélé un vide : personne n’accompagnait les familles dans cette partie du deuil. C’est de cette réalité qu’est né Repos Digital.
Trois jeunes entrepreneurs ont voulu aider les familles à reprendre le contrôle de la vie numérique du défunt, en toute sécurité et avec bienveillance. En 5 ans, le service a déjà accompagné plus de 5 000 familles à travers la France, autant d’histoires singulières, mais un même besoin : retrouver la sérénité face au deuil numérique. 
Et parce que, dans ces moments-là, ce sont toujours les pompes funèbres qui sont en première ligne auprès des familles, le service a été conçu pour elles. Repos Digital s’impose comme un nouvel atout métier en renforçant la confiance des familles, en valorisant l’image des pompes funèbres et en anticipant les besoins du funéraire de demain.


Rencontre avec Kilian Weydert, cofondateur de Repos Digital.
Résonance : Pourquoi la gestion de la vie numérique est-elle devenue un sujet incontournable pour les pompes funèbres ?
Kilian Weydert : Le nombre de profils de personnes décédées sur Facebook va bientôt dépasser celui des vivants. C’est dire à quel point le sujet est devenu incontournable. Lors d’un décès, les familles ne pensent pas toujours à la vie numérique du défunt. Et quand elles s’y confrontent, elles découvrent qu’il faut fermer des comptes, récupérer des photos, stopper des abonnements ou retrouver de l’argent en ligne. Sans parler de la douleur provoquée par une notification d’anniversaire ou le piratage d’un profil. Elles réalisent alors l’ampleur du problème, sans savoir par où commencer, ni vers qui se tourner.
En proposant Repos Digital, les pompes funèbres n’attendent pas une demande explicite. Elles anticipent un besoin réel, présent dans presque toutes les familles. Elles se positionnent comme des conseillers proactifs, capables de penser à ce que les familles n’ont pas encore envisagé.
Repos Digital permet de proposer ce soutien sans effort supplémentaire. Nos équipes identifient les comptes du défunt, contactent les plateformes et réalisent toutes les démarches de suppression ou de transformation. Tout est pris en charge, rapidement et en toute sécurité. Pour la famille, c’est un soulagement. Pour l’agence, un service complémentaire simple, valorisant et différenciant, qui renforce la confiance et la satisfaction.
R : C’est simple pour les familles, mais qu’en est-il pour les pompes funèbres, sur le plan pratique et économique ?
KW : Repos Digital a été conçu pour être sans charge pour les pompes funèbres. Nous contactons les familles deux à trois semaines après le décès, lorsque les démarches administratives les plus urgentes sont terminées. Ce moment est idéal pour aborder la question du numérique avec douceur, quand les premières difficultés apparaissent. Chaque contact est réalisé au nom de la pompe funèbre, pour rappeler que le service leur est offert sans frais supplémentaires.
L’agence n’a rien à gérer : elle transmet simplement les coordonnées de la famille, et nous prenons le relais. Nos équipes assurent le suivi complet, depuis l’identification des comptes jusqu’à leur clôture ou leur transformation. Pour aller plus loin dans cet accompagnement, nous avons aussi créé le "Guide de clôture des réseaux sociaux et services numériques", remis aux pompes funèbres partenaires. C’est un support papier simple et clair, qu’elles peuvent transmettre aux familles pour les aider à comprendre et à aborder sereinement la question du deuil numérique. 
Ce Guide joue un rôle essentiel : il matérialise un sujet impalpable et donne aux conseillers un outil concret pour parler d’un thème encore peu connu. Il explique d’abord pourquoi il est important de fermer les comptes d’un proche défunt, puis détaille les documents à regrouper et les principales démarches à réaliser en autonomie, parce que certaines familles comptent sur leurs petits-enfants pour s’en charger, et nous avons à cœur de les aider. Enfin, il fait le lien avec Repos Digital, qui peut à tout moment prendre le relais et effectuer l’ensemble des démarches à la place de la famille.
Repos Digital s’intègre également aux logiciels métiers du secteur, comme FunéUp, Ava, Gesta+ et Carbone14. Le transfert des dossiers se fait automatiquement, sans double saisie, et l’agence est informée à chaque étape, du lancement à la clôture du dossier.
Sur le plan économique, le service fonctionne par inclusion dans les prestations funéraires. Nous savons que les conseillers ne souhaitent pas devenir des vendeurs et qu’un rendez-vous famille est déjà dense en émotions. Le prix de Repos Digital est donc prélevé sur tous les convois, permettant à 100 % des familles d’être accompagnées, sans vente supplémentaire. Certaines agences choisissent aussi de le valoriser, générant ainsi une marge complémentaire automatique, intégrée simplement à leur offre.
R : Qu’est-ce que vos partenaires y gagnent concrètement ?
KW : Il y a trois bénéfices évidents pour les pompes funèbres :
1. Se différencier et renforcer leur image d’expert.
Les pompes funèbres qui intègrent la gestion de la vie numérique montrent qu’elles anticipent les besoins de demain. Elles ajoutent une dimension d’accompagnement global à leur offre, en pensant aussi à ce qui vient après les obsèques. C’est un signe de professionnalisme et de modernité qui renforce la confiance des familles et la réputation de l’agence.
2. Renforcer la satisfaction et fidéliser les familles.
Les familles ressentent une vraie attention quand l’agence s’occupe aussi de la partie numérique. Elles se sentent comprises et soulagées de ne pas avoir à gérer ces démarches seules. Cette qualité de service crée une relation de confiance durable : les familles se souviennent de l’attention reçue et reviennent naturellement vers l’agence lorsqu’un nouveau décès survient.
3. Dégager un revenu complémentaire.
Le service s’intègre facilement à leurs prestations, et certaines agences choisissent de le valoriser pour se dégager un revenu additionnel. C’est simple, transparent et rentable, un vrai plus, à la fois humain et économique.


R : La question de la fiabilité est essentielle pour les pompes funèbres qui vous confient leurs familles. Qu’est-ce qui les rassure le plus dans votre démarche ?
KW : Aujourd’hui, plus de 1 000 pompes funèbres nous font confiance, c’est la meilleure preuve de fiabilité. Nous accompagnons les familles avec la même bienveillance et la même rigueur que les pompes funèbres mettent dans leur accompagnement au quotidien. Au sein de l’équipe, Émilie Soubrane est diplômée du funéraire (niveau 4), ce qui nous permet de garder un lien fort avec la réalité du terrain et la pratique des conseillers.
Sur le plan opérationnel, nous atteignons un taux de réussite de plus de 95 % pour la suppression ou la transformation des comptes identifiés. Nous connaissons les procédures internes de plus de 600 plateformes et assurons un suivi complet de chaque dossier. Au-delà de la technique, nous attachons une importance particulière à la sécurité et à la confidentialité. Nous garantissons la protection de toutes les données traitées, conformément au RGPD et aux recommandations de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés).
La CNIL s’intéresse d’ailleurs de très près à ces enjeux. Elle organise en octobre 2025 une table ronde intitulée "Le numérique face à la mort : accompagner, protéger, encadrer", entièrement consacrée à ces sujets. Fort d’une centaine de plaintes déjà déposées auprès de la CNIL pour contraindre certaines plateformes récalcitrantes, Repos Digital y participera pour faire valoir son expérience de terrain et contribuer à faire progresser la réflexion collective autour de la mort numérique et du rôle des acteurs funéraires.
Et pour aller encore plus loin, nous avons créé un comité d’éthique réunissant des experts du domaine : juristes, professionnels du funéraire et spécialistes du numérique. Ce comité nous aide à aborder les questions sensibles comme la mémoire, la vie privée et le consentement, avec la rigueur et le respect que ces sujets exigent. Sa mission est aussi de créer, faire vivre et faire évoluer la charte éthique Repos Digital, un cadre qui nourrit notre politique interne et guide nos pratiques au quotidien. C’est cette combinaison d’expertise, de conformité et d’éthique qui rassure nos partenaires. Ils savent que leurs familles sont entre de bonnes mains.
R : Certains disent que ce service ne concerne pas les personnes âgées. Que répondez-vous ?
KW : C’est une idée reçue. Sur les 5 000 familles accompagnées, la moyenne d’âge du défunt est de 82 ans, et le plus âgé avait 102 ans. Depuis la pandémie, la Covid-19 a profondément changé les usages : beaucoup de seniors se sont connectés pour maintenir le lien avec leurs proches, échanger des photos ou simplement se divertir. Ils laissent aujourd’hui derrière eux une empreinte numérique importante.
R : Un dernier mot pour nos lecteurs ?
KW : La mémoire numérique fait désormais partie du deuil, au même titre que la mémoire matérielle. Aider les familles à gérer les comptes en ligne, c’est prolonger la mission première des pompes funèbres : protéger, soulager, accompagner jusqu’au bout. C’est aussi une belle façon de se distinguer. Penser à ce que le numérique laisse derrière lui, c’est montrer qu’on pense à tout, et surtout à tous.
Nous serons présents au salon FUNÉRAIRE PARIS (stand D25) pour échanger avec les professionnels qui partagent cette vision. Et pour ceux qui ne pourront pas venir, nos équipes se feront un plaisir d’échanger directement. Parce qu’au fond, nous avons tous le même objectif : accompagner les familles avec justesse et faire évoluer le funéraire avec son temps.
Steve La Richaderie
Résonance n° 220 - Octobre 2025
	Résonance n° 220 - Octobre 2025
        
						
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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