Depuis de nombreuses années, les crématoriums récupèrent les métaux issus des crémations, notamment les prothèses, implants médicaux et objets métalliques. Ces pratiques étaient déjà autorisées et encadrées, les revenus issus de ces récupérations étant reversés à des associations ou servant au financement des obsèques des personnes sans ressources.
Cependant, un vide juridique persistait sur un point essentiel : ces objets font-ils encore partie du corps du défunt après la crémation ? En d’autres termes, leur revente constituait-elle une atteinte à l’intégrité du défunt ?
Pourquoi ces objets ne leur sont-ils pas restitués ?
De nombreuses familles s’interrogent sur la possibilité de récupérer les bijoux ou implants de leurs proches après une crémation. Pourtant, cette restitution est impossible pour plusieurs raisons :
• Une transformation irréversible
Lors de la crémation, les objets métalliques sont exposés à des températures extrêmes. Ils ne sont plus dans leur état d’origine, ce qui altère leur structure et les rend difficilement identifiables.
• Des impératifs sanitaires et environnementaux
Les résidus métalliques issus de la crémation peuvent contenir des éléments toxiques ou présenter des risques sanitaires. Les réglementations interdisent donc leur restitution aux familles, imposant leur recyclage par des entreprises spécialisées.
• Une valorisation encadrée au service de l’intérêt général
Ces objets ne sont pas conservés à des fins commerciales. Les bénéfices issus de leur revente sont strictement affectés au financement des obsèques des personnes en situation de précarité ou à des dons pour des associations reconnues d’utilité publique.
À savoir
Toutefois, les familles ont toujours la possibilité de demander le retrait des bijoux avant la crémation si elles souhaitent les conserver.
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Ce que change la loi de février 2025
Avant cette loi, il n’existait aucun texte précisant si les implants et prothèses faisaient encore partie du corps du défunt après crémation. Ce flou juridique ouvrait la porte aux débats éthiques et aux contestations légales.
La loi de février 2025 vient clarifier cette situation :
- Les implants et prothèses récupérés après crémation ne sont pas considérés comme faisant partie du corps du défunt ;
- Leur récupération et leur revente respectent pleinement la Constitution et les principes juridiques en vigueur.
À savoir
Cette reconnaissance officielle élimine toute ambiguïté et sécurise les pratiques des crématoriums et des collectivités locales.
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Un cadre légal enfin clarifié
1 - Les obligations des crématoriums et des pompes funèbres
Cette clarification légale s’accompagne d’exigences renforcées pour les professionnels du funéraire.
- Une information claire et transparente aux familles
Les pompes funèbres doivent systématiquement informer les familles que les objets métalliques seront récupérés après crémation, sauf opposition expresse. Cette mention doit être intégrée dans les contrats et affichée dans les crématoriums.
- Une traçabilité rigoureuse des fonds
Les revenus issus de la revente de ces objets doivent être documentés et intégrés dans les comptes des collectivités ou des gestionnaires de crématoriums. Une justification claire de leur usage doit être apportée, garantissant leur affectation à des causes d’intérêt général.
- Un encadrement strict du processus de récupération
Seules des entreprises spécialisées sont autorisées à traiter ces objets, empêchant toute dérive ou usage inapproprié des métaux récupérés.
2 - Un cadre éthique renforcé et une réponse juridique attendue
La crémation est un moment chargé de symboles, nécessitant une gestion transparente et respectueuse. Si la récupération des implants et prothèses était déjà une pratique établie, la loi de février 2025 élimine toute ambiguïté juridique, et renforce la confiance des familles. Désormais, ces objets ne sont plus considérés comme faisant partie du corps du défunt, garantissant ainsi une valorisation conforme aux principes légaux et éthiques.
Hugues Wostyn
Obsèques Impayées by DF Recouvrement
Résonance n° 215 - Mai 2025
Résonance n° 215 - Mai 2025
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