Votre panier

Panier vide

Un peuple qui oublie son passé n’a pas d’avenir 

Cette citation de Winston Churchill pose une bonne question. La mémoire est-elle le souvenir ? À bien y regarder, il semblerait qu’il ne faille pas les confondre, et que si ce sont les deux faces d’une même pièce, ce n’est qu’en apparence. Le mot "mémoire" est largement usité, notamment lorsque l’on évoque le "devoir de mémoire". Celle-ci nous permet d’avoir conscience à l’instant présent de ce qui n’est plus. Elle est un concept générique qui englobe les souvenirs. De ce point de vue, l’être humain est faillible et a souvent tendance à effectuer un tri de façon inconsciente pour ne conserver que certains aspects d’une période ; et à oublier ou à atténuer en surface les autres trop douloureux. Le terme "mémoire" invoque la psychopathologie, notamment les processus psychiques hétérogènes, voire contradictoires qui font que celui-ci ne signifie pas nécessairement "se souvenir" et "se rappeler".

Le concept de "devoir de mémoire" est récent. Il est venu sur le devant de la scène à l’aube des années quatre-vingt, et a migré inexorablement vers le discours politique. On pense immédiatement aux grands cataclysmes que furent les conflits mondiaux du XXe siècle, et plus particulièrement à la Shoah et à ses atrocités associées. Ce "devoir" s’applique également à d’autres périodes noires et récentes de l’humanité… Citons la traite des esclaves - qui perdure aujourd’hui sous d’autres formes -, le génocide arménien, les crimes contre l’humanité en ex-Yougoslavie, au Rwanda, etc., la liste est longue… Hélas trop longue et trop contemporaine, ce qui en dit long sur les leçons à tirer du passé et sur la capacité de l’homme à y parvenir.

Qui dit "mémoire" doit se pencher sur "l’oubli", inévitablement, ce qui fait dire que "le devoir de mémoire est justement destiné à valoriser ce qui est choisi pour être souvenu".
Or, la mémoire n’est pas une simple aptitude à se souvenir, car elle deviendrait alors un ordinaire disque dur de stockage de données sensorielles. La psychanalyse avec Freud offre une affirmation radicale : "La conscience naît là où s’arrête la trace mnésique". En termes clairs, conscience et mémoire sont "exclusives l’une de l’autre". Cette dernière relève de l’inconscient et se manifeste en délivrant un message dans les actes conscients faisant que le sujet peut se rappeler une situation ou un épisode, mais sans s’en souvenir précisément. Ce fait se vérifie au niveau de nos rêves qui ne sont que des succédanés de notre mémoire. Ce retour sur nous-même se fait à notre insu, nous visitons parfois notre passé sans pour autant nous en rappeler.

L’histoire tente de comprendre la complexité de ce qui s’est passé et de mettre en rapport les détails et les contradictions de la réalité. La mémoire peut simplifier la réalité pour devenir collective et, ce faisant, en néglige les détails et les contradictions. Si l’Histoire a un caractère scientifique, la mémoire, elle, est par nature collective. Le philosophe Emmanuel Kattan pose avec justesse le délicat problème de sa transmission. "Les idéaux et les valeurs qui ont animé la vie, inspirent les descendants et contribuent à orienter leurs choix. En se rapportant au souvenir de ses ancêtres, l’homme se situe lui-même au sein d’une trame narrative."

Qu’il s’agisse d’événements historiques ou de passé familial, le devoir de mémoire doit laisser peu à peu la place à une certaine forme de "droit à l’oubli"… dans un subtil mélange des deux, pour se réaliser au final dans une forme plus "apaisée", dans un rapport au passé de groupe ou d’individualités assumant leur histoire. L’Histoire est indispensable pour comprendre le passé, la mémoire est indispensable pour construire et vivre pleinement le présent.
Comme vous pouvez le constater, rien n’est simple dès lors que l’on pénètre dans l’inconscient de l’homme, une complexité qui ne souffre pas de manipulation, mais bien d’une prise en compte des réalités individuelles, de leur écoute et d’un accompagnement attentif. N’est-ce pas là justement notre vocation morale première ?

Maud Batut
Rédactrice en chef

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations