L’assemblée générale de la CSNAF (Chambre Syndicale Nationale de l’Art Funéraire) s’est tenue le 23 mai dernier à Paris. Présidée par Sylvestre Olgiati, elle a permis d’acter le changement de nom de la Chambre, mais également de faire un dernier point d’étape sur le salon FUNÉRAIRE PARIS 2025 à venir, de réaffirmer les engagements du Syndicat ainsi que ses objectifs, et de présenter les résultats d’une nouvelle étude du CRÉDOC sur la relation que les Français entretiennent avec leurs cimetières.

L’assemblée s’est ouverte, après le petit déjeuner de bienvenue, sur les remerciements de Sylvestre Olgiati envers les adhérents, mais également au délégué général Luc Coutelen et aux membres du conseil d’administration : Olivier Bernier, Aubin de Magnienville, Sylvie Dellac, Carmen De Oliveira, Thierry Dubreuil, Bernard Maffre et Charles Wennberg. Il a également salué Bruno Barbe, Didier Belluard et Marc Manzini (absent à l’Assemblée) qui ont quitté le conseil fin juin. Les administrateurs ont été particulièrement sollicités cette année, avec pas moins de 8 réunions, dont un conseil d’administration en région Bretagne.
Les membres des fédérations ont également été salués, tout comme les organismes partenaires, avec notamment, comme l'année passée, une représentante de la Direction Générale des Collectivité Locales (DGCL) en la personne de Marie Gratraud, mais aussi pour la Fédération Nationale du Funéraire (FNF) Guillaume Fontaine, Élisabeth Charrier, Sabrina Amokrane, et Mathieu Garnesson. Martin Julier-Costes. Marie Tournigand, Empreintes. Ingrid Bourgeois-Muller et Maxime Jolibois, Association Nationale des Personnels de Cimetière (A.NA.PE.C) et Mélanie Denecker Centre Technique de Matériaux Naturels de Construction (CTNMC).
Enfin, les réseaux étaient bien représentés, avec OGF (Jean Ruellan), Funecap (Damien Garon), Funeplus (Antony Fallourd), Funeris (Benoit Fourquet et Ophélie Chauffert),
La Maison des Obsèques (Medhi Zigh), POMPES FUNÈBRES DE FRANCE (Olivier Dufour, contraint d’annuler), UDIFE (Bernard Laborde, Julien Le Coustumer et Sandrine Savary), Previséo (Raynald Fernandes) et GOFI (Christelle Caruel).
En 2024, la CSNAF a adopté de nouveaux statuts et une nouvelle charte de l’adhérent. Le cœur de celle-ci est constitué de 4 engagements, qui ont servi de fil rouge tout au long de cette assemblée.


Étudier et faire des recherches
L’engagement dans la recherche, notamment universitaire, se traduit directement par la création de 2 prix de la recherche sur les rites et sur les pratiques funéraires. Les 2 prix sont lancés en partenariat avec le réseau "Les Morts", qui a pour vocation de "construire un réseau collaboratif interdisciplinaire en anthropologie, archéologie, criminalistique, droit, ergonomie, géographie, histoire, histoire de l’art, philosophie, psychologie, science politique, sociologie, et la liste est non exhaustive".
Ces prix visent à récompenser des travaux de recherche approfondis et accessibles portant sur les rites et pratiques funéraires, un axe structurant de toutes les sociétés humaines. Ils sont destinés aux jeunes chercheuses et chercheurs ayant soutenu une thèse de doctorat (3 000 €) ou un mémoire de Master 2 (1 500 €).
Ils seront remis lors de la prochaine édition du salon FUNÉRAIRE PARIS et sont attribués par un jury composé de chercheurs universitaires et de professionnels du secteur funéraire.
Comme le précise Sylvestre Olgiati : "Pour la CSNAF, il est primordial de tisser des liens avec le secteur de la recherche. En effet, de nombreux chercheurs se passionnent pour l’étude des rites funéraires passés et présents, et le nombre d’articles, de mémoires, de séminaires, de journées d’études ne ment pas sur l’attrait de la discipline, et dément ceux qui parlent d’un "tabou de la mort"."


Étude "Les Français et les représentations et usages des cimetières". Bonne nouvelle : les Français aiment leurs cimetières !
Cette étude, commanditée par la CSNAF, vise à avoir une idée précise de l’image que les Français ont de leurs cimetières, en l’élargissant à d’autres dimensions que le recueillement et l’entretien du souvenir des défunts. Franck Lehuede, directeur d’études et de recherche au CRÉDOC (Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de vie), a présenté cette étude et en a explicité les conclusions.
La méthodologie mise en œuvre par les chercheurs a consisté en un questionnaire qui a été adressé à 2 000 Français âgés de 18 ans et plus. Ce questionnaire était découpé en 4 grands thèmes :
- Fréquentation des cimetières ;
- Représentation des cimetières ;
- Usage des cimetières pour d’autres dimensions que le recueillement et l’entretien du souvenir ;
- Perspectives d’évolution des cimetières.
10 questions sur ces thèmes ont ainsi été posées entre le 10 et le 24 mars dernier.
La conclusion générale est plutôt encourageante : les Français ont une représentation très majoritairement positive des cimetières. En effet, ils sont 67 % à répondre avoir une "plutôt bonne" ou "excellente" image des cimetières. En effet, 75 % des personnes interrogées considèrent que les cimetières sont essentiels pour réaliser le travail de deuil et se recueillir. C’est là le cœur de la fonction des cimetières.
Le vieillissement de la population, faisant que de plus en plus de Français seront confrontés à un deuil dans les années à venir, renforce cette vocation du lieu et la rend plus importante encore. L’autre grand volet de cette image positive des cimetières se construit sur la dimension patrimoniale et historique de ces lieux, un élément cité par 72 % des interviewés. L’appétence des Français pour leur patrimoine (en 2023, 45 % des Français ont ainsi visité un monument historique et 36 % ont fréquenté les musées ou les expositions d’art, de sciences ou d’histoire) explique en partie ce résultat.
Sur l’ensemble de l’échantillon, les répondants sont surtout critiques de la qualité des services que les cimetières dispensent : 58 % du total des interrogés regrettent le manque de places pour de nouvelles sépultures et 54 % le manque d’équipement. Les personnes entretenant des monuments funéraires sont plus nombreuses à regretter leur manque d’équipement. De même, la moitié des interrogés (50 %) regrette le côté trop minéral et le manque de fréquentation des cimetières.
Sans aller jusqu’à dire que les cimetières sont "généralement laids" (seuls 25 % le déclarent), ils ne sont que 30 % à estimer que la proximité d’un cimetière ferait baisser le prix de l’immobilier. Dans cette même veine, seulement 15 % des personnes interrogées pensent que les cimetières prennent trop de place dans des communes, qui manquent d’espaces pour les équipements sportifs ou de loisir. Les opposer n’est donc pas pertinent.
Par ailleurs, il est intéressant de constater que 70 % des Français entrent dans un cimetière chaque année, dont 40 % au moins quelques fois par an. Concernant leur usage, si le recueillement, l’entretien des monuments et les obsèques arrivent largement en tête, il est à noter que 50 % des Français sont entrés dans au moins un cimetière pour une autre raison au cours des 12 derniers mois.
Par ailleurs, 30 % des Français ont déjà visité un cimetière lors de voyages à l’étranger, dont 14 % plusieurs fois. C’est 1/3 des personnes ayant voyagé hors des frontières de l’Hexagone au cours de leur vie. Les Français fréquentent les cimetières en dehors des obsèques pour deux raisons principales : découvrir les tombes et monuments funéraires, l’histoire du cimetière ou les personnes inhumées (54 %), et se promener, prendre l’air (32 %). Ils citent également des raisons comme y remplir une bouteille d’eau ou une gourde (20 %) voire participer à un concert ou à des lectures (7 %).


Perspectives : les attentes des Français pour leurs cimetières
Deux actions ressortent du questionnaire concernant l’avenir des cimetières : pour 56 % des Français, il faut restaurer les tombes et monuments remarquables, ce qui affirme encore leur lien avec la dimension patrimoniale des cimetières. Ils sont également 49 % à penser qu’il faut développer les espaces verts et favoriser la biodiversité. Cela fait écho à l’usage de ces endroits comme lieux de promenade, mais également aux préoccupations environnementales, toujours plus présentes dans les discours du grand public. Viennent ensuite, proposer des explications historiques, créer des parcours thématiques de visite (30 %) et ouvrir les cimetières aux sépultures d’animaux (21 %).
Paradoxalement, les Français ont une vision assez traditionaliste sur certaines questions : ils refusent d’envisager de ne pas déposer de fleurs naturelles sur les tombes (76 %), ils refusent également de ne pas installer de monument funéraire sur la concession, ou d’interdire de placer des plaques sur le lieu de sépulture (68 %). Ils sont également opposés à l’idée de ne pas réaliser de soins de conservation du corps du défunt (66 %).
En conclusion, il ressort de cette étude que le cimetière n’a pas perdu de son importance dans le processus de deuil, ainsi que dans son caractère historique et patrimonial. Les Français sont attachés à leurs cimetières, même s’ils font quelques récriminations (manque d’équipements, de places disponibles). Conséquemment, les attentes pour les cimetières sont dans la droite ligne de ces constatations : la restauration des tombes et monuments, leur valorisation, ainsi que le développement des espaces verts et de la biodiversité viennent en tête des priorités des personnes interrogées, sans toutefois aller jusqu’à un encadrement des pratiques, même si ce dernier pourrait justement aller dans ce sens.
Par la suite, Hélène Chaudeau, consultante funéraire, et Marie Fruiquiere, architecte DE-urbaniste, ont présenté un exposé sur le thème complémentaire "Le cimetière, espace de rencontre de pratiques professionnelles funéraires : comment les concilier pour répondre aux attentes et évolutions sociétales ?". Souvent ignoré ou laissé de côté, le cimetière est pourtant un élément central des villes et un dénominateur commun pour beaucoup d’entre nous. Il est donc important de se pencher sur des manières de lui faire suivre les évolutions de la société, en termes d’usage, de perception par le grand public, de développement durable...
Enfin, la CSNAF va poursuivre son partenariat de mécénat avec l’association "Empreinte – accompagner le deuil" avec une nouvelle enquête sur le deuil en France et ses conséquences. Les conclusions en seront connues lors des prochaines Assises du deuil, le vendredi 10 octobre prochain au Sénat à Paris. Les adhérents ont pu également prendre connaissance de larges extraits de l’étude FUNESCOPE, une étude économique de la filière funéraire qui documente le marché, ses évolutions et les forces en présence.


Communiquer et promouvoir des actions de communication auprès de tous les publics
La CSNAF est engagée dans une démarche de communication auprès de tous les publics afin de mettre en avant les professions du funéraire et de lutter contre les idées reçues. Par son agence de relations publiques "Le bonheur est dans la com", elle diffuse régulièrement des communiqués de presse pour peser dans le débat et devenir un interlocuteur privilégié auprès des médias.
Le site Internet a également été mis à jour, et permet de tenir à disposition toutes les publications et les noms de ses nouveaux adhérents. Dans la même optique, le compte LinkedIn a dépassé les 2 200 abonnés.
Enfin, le livre "Les Métiers de l’art funéraire en France" est toujours disponible. Gratuit, édité à 10 000 exemplaires et envoyé gracieusement à plus de 6 500 agences de pompes funèbres en France, il reste plus de 2 000 exemplaires que la CSNAF envoie sur simple demande.
Le Printemps des cimetières, temps fort du mois de mai
Le Printemps des cimetières a eu lieu du 16 au 18 mai dernier, et encore une fois, cela a été un franc succès. Lancé en mai 2016, cet événement a accueilli pour sa 10e édition plus de 8 000 visiteurs au fil de plus de 450 événements. Cette initiative est soutenue par la CSNAF, mais également par de nombreux acteurs locaux : collectivités, associations, bénévoles et professionnels du secteur funéraire.
Nouveauté 2025, la CSNAF a créé "Le Printemps des Arts Funéraires", animé par les adhérents. Ainsi, 10 adhérents ont ouvert leurs ateliers au public pour une immersion dans les métiers et savoir-faire des artisans funéraires le temps d’une journée, le vendredi 16 mai. Le président a tenu à remercier les entreprises ayant participé à cet événement : Bonna Sabla, Carles, Frima Concept, Funepro, GPG Granit, Granit Michel Maffre, Les Empreintes, Simo Cercueils, Stonest et Velay Capiton.
Cette partie s’est conclue par l’annonce des dates du prochain salon FUNÉRAIRE PARIS, dont la 20e édition se tiendra au Parc des Expositions Paris - Le Bourget les 19, 20 et 21 novembre prochains, avec une soirée VIP le mercredi 19.
Veiller et défendre
La CSNAF tient une veille sur l’émergence de modes de sépulture alternatifs tels que l’humusation, l’aquamation ou la promession. Elle est également consciente que ces nouveaux modes sont portés par des militants actifs et bons communicants. C’est pourquoi Sylvestre Olgiati et Luc Coutelen se sont déplacés à Grenoble à la journée de la Transition funéraire portée par l’agglomération en vue d’étudier les obsèques alternatives ; ils y ont fait valoir les positions de la CSNAF en mettant en garde contre "les risques de compliquer le processus de deuil en voulant changer les techniques".
Ils se sont notamment appuyés sur une étude menée avec le cabinet Oui Act sur le bilan carbone des obsèques. Il en ressort que les obsèques sont 25 fois moins coûteuses en carbone qu’un mariage, que la crémation a un impact légèrement supérieur à l’inhumation mais très proche, et que la principale source d’émission de carbone lors d’obsèques est le déplacement des personnes assistant à la cérémonie.
Ainsi, la CSNAF propose de conseiller les familles pour qu’elles appliquent les gestes simples de réduction carbone : moyens de transport écologiques, covoiturage, repas moins carboné en circuit court... Sylvestre Olgiati a conclu par une mise en garde : "Méfions-nous de fausses bonnes idées qui, sous couvert de respecter la volonté écologique de l’un, créent du trauma dans le deuil et dans la vie des autres."
Il a également remercié Aubin de Magnienville, le représentant de la CSNAF au CNOF, qui participe au groupe de travail sur les nouveaux modes de sépulture, ainsi que le groupe de travail funéraire du Centre Technique des Matériaux Naturels de Construction.
Formation : faciliter la montée en compétences des acteurs du funéraire
Le projet de créer des outils pédagogiques destinés à faciliter la formation des opérateurs funéraires, lancé il y a 2 ans, rencontre des difficultés dans sa mise en place, alors que la technicité des savoir-faire de la filière est mal appréhendée par les programmes de formation actuels. La constitution d’un vrai centre de ressources pédagogiques sur le secteur est donc un des gros chantiers de la CSNAF. Le président a d’ailleurs remercié Luc Coutelen et Didier Belluard, fortement engagés dans ce projet ambitieux.
Rassembler et représenter
Dernier axe directeur de l’action de la CSNAF, ce volet est également un des plus importants, et un marqueur fort de sa volonté d’avancer. L’évolution des statuts qui a eu lieu l’année dernière a tout d’abord permis d’accueillir 7 nouveaux adhérents : Enaos avec Derek d’Ursell, Funefor avec Mario Metta, JPV Assurances avec Jennifer Dupont qui représente Jean-Pierre Viollier, Obsèques Impayées avec Hugues Wostyn (absent), Pierre et Cristal avec Kevin Quersin qui représentait Louis Riou, Stonest avec Franck Leroy, et Suli Prévoyance avec Bruneau Marti.
En conclusion, le président a annoncé le changement de nom de la Chambre afin de mieux refléter son ouverture et ses ambitions. Ainsi, la Chambre Syndicale Nationale de l’Art Funéraire (CSNAF) devient le Syndicat de l’Art Funéraire, ou SAF. Cette nouvelle appellation, plus simple à prononcer et plus moderne, symbolise le désir de cet organisme de se projeter dans le futur sans renier ses racines, et d’accompagner ses adhérents tout au long de leur parcours.
Mathieu Bougaud
Résonance n° 216 - Juin 2025
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