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En cette période de la Toussaint, nombre de nos concitoyens sont allés, par tradition séculaire, se recueillir dans les cimetières et fleurir les tombes et autres lieux de recueillement de leurs défunts. Pourtant, et les crématistes posent régulièrement la question, est-il vraiment nécessaire d’aller se recueillir sur une tombe, dans un cimetière, pour penser à ses défunts ? Un écrit, une photo, une musique, un objet, une odeur ne permettent-ils pas d’y penser aussi fort, sans "programmer" le moment ?

 

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Jo Le Lamer,
président de la FFC.

Le corps mort du proche doit-il, forcément, être déposé dans un lieu unique pour favoriser le "travail de deuil" ? Pourquoi faudrait-il, de préférence, "l’enraciner" dans la terre et le laisser accessible et visible par tous ? Les tenants de cette opinion, rejoignant celle de certaines religions sur le sujet, affirment que, sans trace corporelle, sans lieu de recueillement, le deuil serait impossible. Dans cette logique, disperser les cendres nuirait aux survivants. L’unique demeure du mort serait donc le cimetière communal, un lieu "républicain" sacralisé, comme le dit Arnaud Esquerre, psychologue, auteur de l’ouvrage "Les os, les cendres et l’État" (publié aux éditions Fayard en 2011).

Pour "justifier" le contenu de la loi de décembre 2008, quelques parlementaires – piètres psychologues ? – ont dénoncé à coup d’anecdotes les méfaits de la proximité des urnes sur la santé mentale des proches des défunts ! Serait-ce un "déni de la mort" que d’agir ainsi ? Le débat sur la destination des cendres reste d’actualité, en dépit de la loi de décembre 2008.

D’autres pays européens n’ont pas la même vision que la France sur le sujet. C’est pourquoi l’Union Crématiste Européenne (UCE), dont la FFC est membre, co-organisera (avec la Faculté de Droit de l’Université de Lorraine), en octobre 2017, à Nancy, un colloque sur "la destination des cendres".

Pourquoi ce rappel ?

Le Vatican a cru devoir rappeler récemment pourquoi l’Église catholique, "sans interdire la crémation", garde sa préférence pour "l’inhumation dans des cimetières ou autres lieux sacrés" et considère que "la dispersion des cendres dans l’air, en terre, dans l’eau ou de toute autre manière, n’est pas permise" (par elle). Ce n’est pas une position nouvelle. Elle a déjà été exprimée en 1963, lors de la levée de "l’interdit" de la crémation !

Pourquoi ce rappel ? Parce qu’en France, ce mode d’obsèques atteint 35,44 % des décès fin 2015 ? Comme toujours, depuis des siècles, l’Église catholique procède par "interdits" !
La FFC tient à rappeler qu’elle est fondamentalement attachée à la liberté :
- la liberté du mode d’obsèques et de sépulture, reconnue en France par la loi du 15 novembre 1887,
- la liberté absolue de conscience et le respect des volontés exprimées, que l’on soit croyant ou non.

Pourquoi la dispersion des cendres ne serait-elle plus "autorisée" ?

Est-il vraiment nécessaire d’aller "forcément" se recueillir dans un cimetière pour penser à ses défunts ? Un écrit, une photo, une musique, un objet, une odeur peuvent suffire ! En quoi le fait de ne pas aller dans un cimetière, lieu "sacré" (pour l’Église), auprès d’une tombe ou d’un monument cinéraire, empêcherait-il le recueillement, le "temps de mémoire" ? Ce n’est pas notre opinion.

Pour les crématistes, "le vrai tombeau des morts, c’est le cœur des vivants", pour reprendre l’expression de Tacite, historien romain, et nous faisons nôtre cette belle phrase de Michel Serres, philosophe et académicien : "Si laids sont les cimetières que je ne veux pas que l’on m’enterre. Je préfère brûler, en une dernière flamme, après mes quelques années d’incandescence. Que l’on jette enfin par les quatre vents des restes légers ! Chute dernière ! Que l’on prie, si l’on croit ; que l’on se recueille, si l’on veut, qu’on lise des textes inspirés. Mais qu’enfin, que l’on me confie au feu et à l’air, par l’Univers."

Quant à la conservation des cendres dans les habitations "domestiques, avec l’accord de l’évêque local et seulement dans des situations graves et exceptionnelles" (sic !) (de quel droit un évêque pourrait-il en décider ?), nous tenons à rappeler que la loi s’applique à tous en France, fût-on évêque, en vertu de la loi de 1905 concernant la laïcité, c’est-à-dire la séparation des Églises et de l’État.

En effet, depuis la loi n° 2008-1350 du 19 décembre 2008 relative à la législation funéraire, il n’est plus possible de conserver les urnes à domicile. Enfin, quant à l’opinion que "les cendres des fidèles doivent être conservées de façon régulière dans un lieu sacré, c’est-à-dire un cimetière ou dans un espace dédié dans une Église" (sic !), elle n’engage que l’Église catholique et "ses fidèles", pour autant que ceux-ci veuillent bien lui "obéir".

À ce sujet, nous tenons à préciser que nous, crématistes, sommes toujours en désaccord avec la disposition de la loi qui stipule que les cendres peuvent être conservées ("provisoirement", est-il dit !) dans une église. Et pourquoi pas seulement dans un crématorium (comme c’est le cas le plus souvent) ou dans un local public (mairie, préfecture) ? Nous ne sommes ni "panthéistes, ni naturalistes, ni nihilistes", nous sommes pour la liberté de choix de l’individu, dans tous les moments de sa vie, en toute conscience…

Jo Le Lamer
Président de la FFC

Résonance n°125 - Novembre 2016

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations