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Effectif à la suite de l’Assemblée générale extraordinaire du 21 novembre 2023 et officialisé, dès le lendemain, lors de l’ouverture des portes de FUNÉRAIRE PARIS 2023, l’UDIFE est devenue la première coopérative funéraire de France. Afin de bien comprendre la philosophie de cette démarche, ses enjeux, mais aussi et surtout ce vers quoi elle tend, nous sommes allés à la rencontre de Julien Le Coustumer, directeur général de l’UDIFE.
UDIFE COOP 2024 1

Résonance : L’évolution de l’UDIFE en coopérative funéraire aura été une si ce n’est l’annonce phare de cette fin d’année 2023… mais aussi une étape majeure dans l’histoire du premier réseau coopératif funéraire de France, et ce, depuis sa création il y a maintenant plus de 30 ans. Concrètement, Julien, qu’est-ce que cela signifie pour les adhérents de l’UDIFE et comment cette évolution va-t-elle se traduire ?

Julien Le Coustumer : La transformation de l’UDIFE en coopérative s’inscrit autant dans la continuité de l’histoire de notre Groupement qu’au service de sa nécessaire adaptation à un monde en profonde mutation. Continuité, car voilà déjà trois décennies que l’UDIFE a adopté un fonctionnement de type coopératif : elle était déjà en ce sens assimilable à une coopérative de commerçants, mais n’en n’avait pas adopté les statuts. Nos adhérents, et désormais coopérateurs, peuvent donc envisager cette transformation comme une mise en conformité avec ce que nous revendiquions déjà être ; une formalisation dans notre constitution d’un ensemble de règles que nous avions déjà adoptées pour notre collectif.

Notre transformation est également un acte de modernisme. Nos réflexions et notre démarche nous ont conduits vers une autre forme que la coopérative de commerçants en lui préférant le statut de Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC). En acceptant d’abandonner une partie de leurs droits sociaux et patrimoniaux, nos adhérents précédemment actionnaires ont à l’unanimité permis à l’UDIFE d’ouvrir son capital à l’entièreté de ses parties prenantes, qu’elles soient salariés, fournisseurs, partenaires, utilisateurs ou encore collectivités et associations.

L’UDIFE n’est plus un objet de valorisation ou de distribution de dividendes, c’est une aventure collective qui se veut défendre une autre vision du funéraire et qui, pour y parvenir, a conscience qu’elle doit rassembler largement autour d’elle tous ceux qui partagent ses valeurs. Par nos nouveaux statuts, nous gravons dans le marbre que la recherche de profits n’est pas une finalité pour l’UDIFE, et que nous préférons poursuivre un objectif de transformation durable et vertueuse de notre secteur d’activité, respectueux de notre mission de service public, et des enjeux sociaux et environnementaux auxquels notre société est confrontée.

CA

R : Cette évolution a été votée à l’unanimité par l’ensemble de vos adhérents lors de l’Assemblée générale extraordinaire du 21 novembre 2023, la veille de FUNÉRAIRE PARIS 2023… c’est une belle preuve de confiance, n’est-ce pas ?

JLC : En effet, et en confidence, nous n’avions pas imaginé avec les membres du conseil d’administration emporter une adhésion si massive à ce projet. C’est d’autant plus appréciable que cette Assemblée générale extraordinaire a affiché la plus grande participation depuis près de 10 ans, c’est dire l’intérêt que nos adhérents ont porté au sujet. Cette unanimité témoigne de la confiance solide et réciproque que nous entretenons avec nos adhérents, soulignant elle-même l’adhésion collective à notre vision pour l’UDIFE, et renforçant notre engagement envers une gouvernance partagée au service de valeurs affirmées.

R : L’acronyme UDIFE signifie désormais "Union Des Indépendants pour un Funéraire Engagé". Pourquoi ce changement ?

JLC : Il y a dans notre changement de dénomination une volonté de modernisme également. La précédente, "Union Diffusion Information Funéraire Européenne", si elle faisait sens en son temps, ne représentait plus suffisamment les valeurs et la mission de notre collectif. "L’Union Des Indépendants pour un Funéraire Engagé" nous semble mieux traduire notre positionnement, notre projet, notre raison d’être.

La conservation de l’acronyme "UDIFE" reflète une volonté unanime de notre réseau de conserver ce bien commun et la force d’un nom auquel nous sommes tous attachés, fruit de la longue et belle histoire dont nous portons le flambeau avant de le transmettre à d’autres.

Une fois encore, notre transformation se veut le reflet de notre identité qu’elle préserve tout en exprimant un changement profond.

R : J’imagine que devenir une coopérative ne se résume pas à la seule organisation d’une Assemblée générale. Vous avez maintenant pris la direction générale du groupe UDIFE il y a deux ans, quelles étapes ont précédé cet acte majeur ?

JLC : Si je vous indiquais précédemment que notre transformation en coopérative pouvait s’envisager comme une mise en conformité de nos statuts avec notre histoire, je pense en effet que l’opération a été rendue possible par les différents chantiers ouverts ces deux dernières années. Il était important de redonner du sens à notre aventure collective, de fédérer nos coopérateurs autour d’une vision claire et de valeurs fortes, et dans un pacte démocratique renouvelé.

Le projet UDIFE Ambitions préfigurait par certains aspects notre future SCIC. En effet, la création d’un véhicule participatif mêlant dans son capital salariés, assureurs et adhérents constituait quelque chose de nouveau qui a introduit la logique d’ouverture ayant dicté à la transformation de l’UDIFE.

Un profond travail – mené au sein du conseil et largement débattu auprès de nos adhérents – sur nos visions, missions et valeurs fondamentales a également facilité le processus de transformation, et notamment la rédaction du préambule de nos nouveaux statuts. Tous nos adhérents sont alignés sur la raison d’être de l’UDIFE, et les valeurs qui nous rassemblent dans nos différences et notre indépendance.

R : Vous avez fait preuve d’une détermination sans faille pour fédérer les adhérents de l’UDIFE autour de ce projet porteur de sens. De fait, la voie de l’économie sociale et solidaire vous semble être le modèle le plus vertueux pour votre réseau, tant en matière de fonctionnement, que de réponse aux attentes des familles ?

JLC : Je considère en effet qu’aucune organisation ne peut ignorer les deux enjeux majeurs auxquels notre société est confrontée : le creusement des inégalités sociales, autrement percutant encore si on l’observe au niveau mondial, et la nécessité vitale d’accélérer la transition écologique. L’entreprise dans sa version capitaliste a été pensée comme un modèle d’exploitation des ressources humaines et naturelles, dans le but de permettre à certains d’en tirer un profit trop souvent démesuré.

Il faut selon moi sortir de ces modèles essoufflés et que les organisations assument leur rôle politique. Nous devons prendre soin du capital humain de nos entreprises tout autant que du capital naturel qui leur permet d’exister et de se développer. Au sein de l’UDIFE, nous sommes convaincus qu’il n’y pas de logique entrepreneuriale qui puisse encore s’extraire de ces nouvelles règles du jeu.

Emprunter la voie de "l’Économie Sociale et Solidaire" (ESS) nous semble également relever du bon sens dans notre profession, elle-même mission de service public. Je continue de ne pas comprendre comment notre marché a pu permettre à des groupes capitalistiques et financiarisés, de se développer si fortement ces dernières années. Nous allons en effet continuer de défendre une autre vision du funéraire pour permettre aux familles de choisir un modèle davantage en phase avec leurs aspirations et le respect qu’elles entendent témoigner à leurs proches disparus.

R : Dans votre manifeste, vous évoquez la RSE de la coopérative…quelle place prend-elle dans votre stratégie.

JLC : La RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) est érigée comme premier pilier de la stratégie de l’UDIFE, elle conduit donc chacune de nos décisions. Il n’y a pas pour l’UDIFE de croissance ou de projet de développement qui ne soit pas vertueux ou durable. Cette boussole nous a conduits à prendre des positions fermes, et à refuser de simples "opportunités business" que nous considérions contraires à notre responsabilité sociétale. La commission "durabilité" de notre Groupement et chaque collaborateur de l’UDIFE dont moi-même y veillons chaque jour.

Je souhaite également que l’UDIFE assume pleinement son rôle d’accompagnement de nos adhérents coopérateurs en mettant à leur disposition des outils "clefs en main" pour piloter la part autonome de leur propre stratégie RSE. C’est pourquoi l’UDIFE a rejoint l’Association pour un Funéraire Responsable et Engagé (AFRE) et commence à déployer le Label F – unique label RSE du funéraire – au sein de son réseau d’opérateurs.

L’UDIFE est également fière de vous annoncer avoir rejoint le mouvement "IMPACT France", qui représente les acteurs de l’économie sociale et solidaire et les entreprises engagées de nos territoires. Nous entendons au sein de ce collectif dynamique contribuer à faire évoluer le paradigme entrepreneurial, en conditionnant développement et impact positif.

R : Inévitablement, cette stratégie va également influencer vos critères quant à la sélection de vos fournisseurs ?

JLC : Bien évidemment. Sébastien Apremont, directeur de notre centrale, ainsi que ses équipes sont très sensibles à ces questions. Nous n’aurons plus comme fournisseurs de l’UDIFE ou référencés pour notre réseau que les acteurs justifiant d’une propre démarche RSE probante, et s’inscrivant au service de nos objectifs de transition. Nous privilégions les partenariats avec des fournisseurs partageant nos valeurs coopératives et contribuant à notre engagement envers un futur responsable et durable.

Par le projet "Constellation du granit", l’UDIFE a déjà amorcé son désengagement progressif des approvisionnements asiatiques en monuments. C’est une transition longue, qui appelle d’éduquer et d’accompagner nos entreprises et nos familles, mais l’histoire, je le sais, nous donnera raison. Ce n’est désormais plus qu’une question de temps, d’ailleurs.

R : Vous parlez souvent d’in(ter)dépendance…comment ce concept s’adapte-t-il à la coopérative ?

JLC : L’in(ter)dépendance, au cœur de notre modèle coopératif depuis 30 ans, exprime une synergie puissante. Elle incarne notre capacité à allier indépendance entrepreneuriale et collaboration. Chaque adhérent contribue à notre succès collectif, et, en retour, le collectif à son succès individuel. C’est l’équilibre entre autonomie et solidarité, qui définit notre force et guide notre croissance durable.

Depuis qu’UDIFE est devenue une coopérative, nous pouvons encore plus simplement parler de "coopération", le seul mode d’entreprendre qui ait d’ailleurs selon moi un réel avenir.

R : Vous semblez être très attaché à l’émergence d’un "bloc de l’ESS" dans le secteur funéraire. Est-ce vers cet objectif que tend votre démarche ?

JLC : Effectivement, j’appelle de mes vœux un rapprochement entre tous les acteurs de l’économie sociale et solidaire œuvrant dans le secteur funéraire, sans que cette ambition ait dicté notre démarche de transformation. La coopération est inscrite dans l’ADN des acteurs de l’ESS, et je souhaite, bien qu’il puisse nous arriver d’être compétiteurs sur certains territoires, que nous mettions en commun nos forces et nos visions souvent communes au service d’un autre funéraire, lui-même davantage respectueux de l’intérêt des familles.

L’ESS ne pèse encore aujourd’hui que 15 % du marché face au "bloc capitalistique", qui gagne encore du terrain en 2023 pour atteindre près de 40 %. Il faut rapidement inverser cette tendance, comme d’autres pays que la France y sont déjà parvenus.

R : Quelles pourraient en être les parties prenantes… et sous quelle forme ?

JLC : Chacun identifiera assez simplement les acteurs de l’ESS funéraire française. La constituent notamment le pôle public, le pôle mutualiste et le pôle coopératif.

Si ce n’est pas à moi qu’il appartient seul de définir comment ces acteurs pourraient développer leur collaboration, je me réjouis d’ores et déjà de notre capacité souvent fructueuse à collaborer pour mener à bien des projets communs. Ainsi, nous sommes parvenus à nous retrouver aux côtés de l’Union du Pôle Funéraire Public (UPFP) et de La Maison des Obsèques (LMO) au sein de l’AFRE, avec la volonté commune de faire valoir des ambitions RSE et des valeurs fortes.

Autre réussite notable, l’UPFP a choisi d’accorder sa confiance à Parcours F – filiale de l’UDIFE – pour la formation des collaborateurs de ses membres. Nous avons donc le plaisir de mettre en commun le pilotage scientifique de cette structure avec nos confrères du pôle public.

Je tiens également à préciser que le "bloc des valeurs", expression que je préférerai d’ailleurs à celle de "bloc de l’ESS", ne doit pas être excluant de tous les indépendants souhaitant défendre un funéraire engagé, responsable et durable. Toutes les bonnes volontés doivent s’agréger au service d’une cause commune et d’un funéraire plus vertueux.

R : Merci, Julien, pour ces nombreuses précisions quant à l’évolution de l’UDIFE en coopérative funéraire qui ne manqueront pas d’intéresser nos lecteurs.
Avant de conclure, y a-t-il une dernière précision que vous souhaiteriez nous apporter ?

JLC : Sur notre transformation en coopérative, je tiens à dire que "statuts n’est pas vertu", et que nous mesurons le chemin qui reste à parcourir pour atteindre nos ambitions et faire plus largement encore rayonner nos valeurs. Faire vivre la coopération est une mission sans fin, un travail perpétuel dans lequel nous sommes pleinement engagés.

Nous attendons avec impatience notre prochaine Assemblée générale annuelle, à laquelle d’ailleurs nous aurons le plaisir de vous inviter, Steve, et qui sera marquée par la participation de nombreux coopérateurs issus de nos nouvelles catégories de sociétaires : salariés, partenaires, ou encore institutionnels.

R : Pour terminer, je vous propose de donner la parole à différents acteurs de l’UDIFE au travers de témoignages. En effet, certains de vos administrateurs, adhérents et même salariés nous ont confié leur ressenti quant à la transformation de l’UDIFE en "coop", au sens que la démarche leur inspirait, au rôle qu’ils attendaient y jouer et à la confiance qu’ils portent à leur gouvernance…

Sophie Laborde 1Sophie Laborde : co-opératrice et administratrice, vice-présidente de l’UDIFE

"La transformation en coopérative était impérieuse et vient servir notre feuille de route RSE à laquelle je suis attachée. En tant qu’administratrice, je vois cette évolution comme un renforcement de notre engagement coopératif. L’ouverture de notre gouvernance à davantage d’acteurs offre une voix à chacun, renforçant la confiance et l’unité au sein du réseau Le Choix Funéraire. Je félicite tous nos coopérateurs, les membres de notre conseil, et notre directeur général pour avoir su mener à bien ce projet."

Dejeu Nicolas 1Nicolas Dejeu : adhérent et dirigeant de coopérative

"Ce changement est révélateur des avancées du Groupement depuis deux ans maintenant et incarne un nouveau chapitre stimulant. En tant qu’adhérent, je m’attends à une implication accrue dans les décisions stratégiques. Faisant moi-même partie d’une coopérative funéraire (Ndlr : Coopérative Funéraire de la Corrèze), j’ai naturellement apporté tout mon soutien à Julien et au conseil d’administration lorsque l’idée a germé. La confiance réciproque entre notre coopérative et la coopérative UDIFE est le fondement de notre collaboration."

Sonia Mahe 1Sonia Mahé : directrice des systèmes d’information

"La transformation en coopérative de l’UDIFE crée un environnement de travail plus inclusif. En tant que salariée, je vois cette évolution comme une valorisation de notre rôle dans la mission coopérative. La confiance dans notre gouvernance – qui devient accessible aux salariés – renforce notre motivation à servir nos adhérents et nos familles avec dévouement. Il y a également un réel sentiment de fierté à l’idée de faire partie d’une coopérative, notre action quotidienne a du sens."
 
Steve La Richarderie

Résonance n° 199 - Janvier 2024

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