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Londres, au petit matin. Sur une table de cuisine, gît un homme vidé de ses organes. L'assassin est une vieille dame à la vie exemplaire. Pourquoi cette femme a-t-elle sacrifié l'homme qu'elle a élevé comme un fils ? Elle est incarcérée. Pourtant, le lendemain, un autre homme est tué de façon similaire. Par la personne qui l'aimait le plus au monde.

 

 

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René Manzor
© portrait Manzor :
Pascale Lourmand

À chaque fois, les tueurs, qui ne se connaissent pas, laissent derrière eux la même épitaphe écrite dans le sang de leur victime : Puissent ces sacrifices apaiser l'âme de "Celui dont le nom n'est plus"...
Trois destins vont se lier autour de ces meurtres incompréhensibles : ceux de McKenna, vétéran de Scotland Yard, de Dahlia Rhymes, criminologue américaine, et de Nils Blake, l'avocat de ces coupables qui ressemblent tant à des victimes. Trois destins, et trois vies détournées à jamais de leur cours. Grâce à une plume parfaitement maîtrisée, René Manzor signe un roman aux frontières de l'amour et de la mort dont on ne sort pas indemne. Un thriller haletant et dérangeant dont vous n'oublierez plus jamais le nom...

L’avis 

Quand on est thanatopracteur, dans nos études, il y a les rites funéraires, selon les us et coutumes, et surtout les religions on prépare nos défunts différemment. Bien sûr, ce n’est pas de la théologie, on survole, mais les traditions autour des morts sont extrêmement intéressantes ; d’ailleurs, William Gladstone disait : "Montrez-moi la façon dont une nation ou une société s’occupe de ses morts et je vous dirai avec une raisonnable exactitude les sentiments de son peuple et sa fidélité envers un idéal élevé."
Bref, j’ai toujours eu une passion, si je puis dire, pour les rites funéraires, avec en plus une grande passion pour les polars, thrillers et autres romans noirs, je ne pouvais pas passer à côté de ce livre… En effet, une série de meurtres, où chaque défunt est mis en scène selon un rituel bien précis, de la théologie, de l’ésotérisme, voilà qui change un peu du tueur sériel qui se venge de sa "moman" en démembrant toutes les jeunes filles dans son "van" après les avoir violées avec un épi de maïs…
Là où Manzor fait très fort, c’est que les scènes de crime sont assez sanglantes, victimes éviscérées et mises en scène plus que morbides, il y a bien sûr moult détails, mais jamais il ne sombre dans le gore, dans la surenchère de "puzzle humain", comme certains aiment à se complaire.
Nous allons donc avoir une série d’homicides violents, des rituels d’un autre âge mis en place, et surtout, à chaque meurtre, on connaît l’assassin, toujours un proche qui aime sa future victime plus que tout au monde…

Qui, ou quoi, le pousse à agir de telle sorte ?

L’histoire vous absorbe dès le départ ; dès les premières pages, Manzor vous a ferré pour vous emmener dans son univers, vous ne lâchez plus l’affaire, vous êtes pris dans les rouages de son cerveau machiavélique. Vous avez besoin, non pas forcément de connaître la fin, ça, tout auteur sait, logiquement, faire, mais de comprendre. "Celui dont le nom n’est plus" est un livre qui vous fait travailler les neurones, car ce n’est pas le coupable que vous cherchez, ni même sa motivation, ça, vous le comprenez au fil des pages, non, vous cherchez le pourquoi et le comment… Pourquoi les tuer de telle sorte, et différemment à chaque fois, et comment le tueur s’y prend-il pour réussir ?
Et ce genre d’exercice est rudement plus compliqué à travailler, ne jamais donner trop d’indices, ce qui ferait tout comprendre au lecteur, mais toujours exciter sa curiosité. L’obliger à tourner les pages, à ne pas reposer le livre. Comme dans beaucoup de thrillers et polars, nous allons avoir le couple d’enquêteurs aux caractères opposés, le tandem indispensable de tout bon roman à trame policière.

Comment tu dis ?

Le truc est éculé ? Non, je ne pense pas, la preuve, il marche encore à merveille cette fois, et surtout le principe du duo de caractères opposés permet de savoureux dialogues, de bonnes répliques :
- Bon… Admettons que quelqu’un les ait forcés à faire ça.
- La criminologue l’encouragea d’un hochement de tête.
- J’ai dit "admettons". Ce serait quoi, son profil ?
- Vous faites allusion à ma "psychologie de bazar" ?
- Au point où j’en suis, je serais même prêt à essayer l’acupuncture.

On s’attache à ce flic ronchon…

Puis, petite cerise sur la gâteau, la fin, non, continue de lire, je ne vais pas te spolier le bouquin, je ne te ferai pas cette vacherie-là, mais crois-moi que même moi qui lis énormément et qui édite un peu, ben, je ne l’ai pas vue venir, et surtout j’ai vraiment apprécié.

Pourquoi ?

Parce qu’un thriller qui a un arrière-goût de roman noir, moi, j’dois vous avouer que cela me met en joie, donc, un seul conseil, lisez-moi ce bouquin et régalez-vous !

celui dont le nombande fmt

La rencontre :

Sébastien Mousse : Bonjour René, tout d’abord merci de m’accorder un peu de ton temps pour Résonance. Quand j’ai su, lors du Bloody Week-End(1) de l’an dernier que tu écrivais, j’ai été étonné, pour moi, Manzor, c’est surtout le père du génialissime 3615 Code Père Noël(2)… l’écriture, une seconde passion ?

René Manzor : En fait, une première. Mes écrits d’adolescent étaient avant tout romanesques. Si j’ai ressenti une difficulté, ça a été de me détacher de l’écriture romanesque en abordant le cinéma, plutôt que d’y revenir. Je me souviens qu’après avoir lu le scénario du "Passage", Alain Delon m’avait dit: "J’ai beaucoup aimé votre roman." Et il ne plaisantait qu’à moitié. Certains écrivains rêvent de faire du cinéma, moi j’ai toujours rêvé d’écrire des romans. C’est la plus belle façon de raconter une histoire. Car le lecteur n’est pas passif. On ne lui impose pas un imaginaire. On excite le sien. C’est lui qui "imagine", au sens premier du terme, c’est-à-dire qui fabrique des images. C’est lui qui réalise le film. Le lecteur n’est pas un spectateur, c’est un spect’acteur.

SM : Puisque l’on parle passion, pour écrire un livre sur les traditions funéraires autour du cadavre, est-ce parce que tu es passionné par ce genre de rituels ? Par l’approche de différentes sociétés culturelles autour de la mort ?

RM : Les rituels funéraires sont des portes d’embarquement vers une destination inconnue. Les thèmes de la mort et de l’après-vie me hantent depuis ma petite enfance. J’ai toujours eu du mal à envisager la mort comme une barrière infranchissable, je veux dire dans l’autre sens. J’accepte aisément qu’on puisse mourir, mais j’ai du mal à accepter qu’on ne puisse pas revenir. Quand j’achète un billet, je ne prends jamais un aller simple.

SM : Tu es au départ réalisateur et scénariste, comme je l’ai dit plus haut, on peut espérer un jour une adaptation cinématographique de "Celui dont le nom n’est plus" ? On serait dans la pleine lignée de films comme Seven…

RM : Les adaptations au cinéma sont souvent décevantes pour les lecteurs car, en deux heures, on est souvent tenté de réduire un roman à son intrigue. J’ai préféré opter pour une adaptation sous forme de mini série. Une co-production franco-britannique est en place pour un six fois une heure, ce qui permettra de s’attacher plus aux personnages.

SM : D’un côté, ton livre est annoncé comme un thriller, mais il gagne le prix du polar francophone de Cognac, et perso, je lui trouve même un arrière-goût de roman noir sur la fin. "Celui dont le nom n’est plus", c’est quoi, exactement ?

RM : Il est au carrefour de plusieurs genres comme la plupart des histoires que je raconte. Mais ton analyse me semble juste. Le groove des personnages le tire vers le roman noir.

SM : J’ai toujours deux questions qui reviennent dans mes entretiens, la première : Si tu devais faire lire ce livre à une personne, vivante ou décédée, réelle ou fictive, qui serait-elle, et pourquoi ?

RM : Mon père, car il est mort avant de savoir que je pouvais inscrire "romancier" sur mon passeport. Et ma mère, car plusieurs chapitres de ce livre ont été écrits à voix haute, à son chevet. Elle est partie avant d’en connaître la fin.

SM : La seconde, une musique pour écouter avec ce livre palpitant ?

RM : La Gnossienne n° 1 d’Érik Satie, pour des raisons inhérentes au récit

SM : René, quelle est ton actualité littéraire du moment ?

RM : L’écriture de mon troisième roman. L’action se déroule en Caroline du Sud, le pays de Dahlia Rhymes.

SM : Je te remercie de m’avoir accordé de ton temps pour répondre à mes quelques questions, au plaisir.

Sébastien Mousse
Thanatopracteur. Éditeur l’Atelier Mosésu

Nota :
(1) Le Bloody Week-End est un festival créé par mon pote Loïc Bugnon que tu dois faire au moins une fois dans ta vie, c’est le pèlerinage du gore et de l’horreur, dans le cinéma et la littérature, cette année, les 29, 30 et 31 mai à Audincourt (25).
(2) Dis-moi pas que c’est pas vrai ? Tu n’as pas vu ce film ? File acheter le DVD !

Résonance n°110 - Mai 2015

 

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