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Alors que la liste des soixante reçus au concours du diplôme national de thanatopracteur vient de paraître, certaines écoles de thanatopraxie ont déjà fait leur rentrée 2018.

 

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Lucie.

Un parcours long et difficile attend ces nouvelles recrues, et pourtant les aspirants sont toujours plus nombreux, d’année en année. Très masculine il y a encore une dizaine d’années, la profession ne cesse de se féminiser et de rajeunir. Qu’est-ce qui pousse ces jeunes femmes à se lancer dans la thanatopraxie ? J’ai rencontré Lucie dans une école parisienne.

Comme la plupart des jeunes femmes de sa session, Lucie ne correspond en rien à l’image qu’une personne étrangère au monde funéraire pourrait se faire d’un thanatopracteur. Et pourtant, malgré son allure de sage étudiante, c’est bien à l’art de l’embaumement qu’elle se destine.

Après un parcours scolaire qui l’a menée dans un premier temps en bac pro esthétique, c’est à l’occasion d’un stage de dernière année en milieu professionnel qu’elle décide de découvrir la thanatopraxie : "Nous devions effectuer un stage de 3 semaines en rapport avec l’esthétisme, mais autre que traditionnel, par exemple salon esthétique, parfumerie, parapharmacie… C’est alors que je me suis orientée vers la thanatopraxie. Après avoir été moi-même concernée par la perte de proches, j’étais curieuse de connaître ce procédé."

Le stage à la découverte du métier de thanatopracteur

Jonathan Jourdain accepte de l’accueillir, après l’avoir soumise à une série de tests, comme lui présenter un défunt et s’assurer qu’elle était bien capable de le toucher "avec des gants !" précise-t-elle. "Il voulait voir ma réaction, et surtout si j’étais capable de rester à côté d’un défunt."

Par la suite, Lucie assiste à des soins dans différentes pompes funèbres : "Il m’a expliqué clairement ce qu’il faisait et m’a honorée de sa confiance en me laissant effectuer quelques tâches simples, comme la pose des couvre-œils, le méchage du nez et de la bouche. J’ai même pu extérioriser une carotide avec un crochet et un séparateur. Cette expérience m’a permis de me familiariser avec les termes techniques et les différents instruments. J’ai pu en apprendre davantage sur les protocoles liés aux cas spéciaux, comme les corps prélevés ou atteints de certaines pathologies."

Loin de l’avoir découragée, ce stage en immersion conforte Lucie dans son désir de devenir thanatopracteur : "À partir du moment où on participe, même de manière anecdotique, à un soin, c’est une fierté de voir les effets de cette technique sur un défunt. C’est merveilleux de me dire que j’ai présenté une personne, le temps que la famille puisse se retrouver et se recueillir autour d’elle, de pouvoir leur rendre l’être cher quelques jours avant la séparation définitive, avec un visage apaisé, débarrassé des stigmates de la mort. Ce défunt a eu une vie, et reste pour moi une personne à qui l’on doit le même respect qu’à toute autre. Je trouve qu’il est normal de s’occuper des morts, il méritent d’être apprêtés et présentés dans de bonnes conditions d’hygiène et de sécurité pour leurs proches."

Au-delà de l’aspect humain, Lucie est également attirée par le côté technique de ce métier : "On voit et sent énormément de choses du corps humain en faisant des soins. Je pense qu’avec l’expérience, on devient capable de voir à travers, comme s’il était transparent."
Son expérience ne s’est pas arrêtée là, puisque la jeune femme a également eu l’occasion d’assister à une réquisition de police : "J’ai appris énormément sur la procédure concernant les suicides ou les homicides, par exemple."

La mort… au bout de tous les chemins

Cette plongée dans le milieu funéraire a apporté à Lucie "une vision différente des choses de la vie". Elle a réalisé à présent que "tout ne tient qu’à un fil, et peu importe notre âge, nous sommes tous exposés à la mort chaque jour. Une fois qu’on l’a compris et accepté, on aborde la vie différemment, et on affronte la mort avec plus de simplicité".

L’émotion la gagne lorsqu’elle évoque son "maître de stage" : "Il m’a transmis sa passion. Nous sommes toujours en contact, et il me suit et me soutient dans ce parcours difficile. Il continue à m’apprendre des choses, et cet échange humain est particulièrement important dans cet univers sombre, socialement parlant."

Sa vision de son futur métier est claire : "Les thanatopracteurs travaillent pour obtenir le meilleur résultat possible, le plus minutieux. Je suis sûre qu’on s’améliore de jour en jour en exerçant cette profession. Ils se consacrent aux défunts, car cela empiète sur leur vie de famille ; il est essentiel de l’accepter avant de se lancer dans l’aventure."

C’est à Lucie que je laisse le soin de conclure cet article, en lui souhaitant de mener à bien son projet et en espérant la compter bientôt parmi nous : "Cela fait deux ans que je me bats pour intégrer cette formation, et j’y suis arrivée malgré les écueils. Persévérance est le maître mot pour un élève thanatopracteur. Je rêve à une future collaboration avec Jonathan. Son activité se développe car son secteur est très étendu. Comme pour moi, je conseillerais aux élèves d’avoir des projets concrets avant de se lancer. C’est un milieu très concurrentiel, et il faut être fort mentalement. Surtout, le plus important est de toujours garder les pieds sur terre."

Claire SarazinSarazin Claire 2017
Thanatopracteur et formatrice en thanatopraxie

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations