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L’époque est loin à présent où il n’existait que deux écoles de thanatopraxie dispensant sensiblement le même enseignement. Si la pratique de l’embaumement n’a pas changé et qu’en dehors de quelques modifications de la nomenclature, l’anatomie humaine n’a pas subi d’évolution majeure non plus, un problème récurrent se pose cependant depuis quelques années au moment du concours.

Nombreux sont les thanatopracteurs qui, soit parce qu’ils enseignent dans une école, soit parce qu’ils attendent les résultats d’un futur stagiaire, ou encore par simple curiosité, tentent de s’attaquer à la correction des questionnaires de thanatopraxie. Or, si, par le passé, chaque question était assortie d’une réponse claire et incontestable, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Beaucoup d’entre nous, même parmi les plus expérimentés, s’arrachent les cheveux en essayant de répondre à des questions parfois très éloignées des cours qu’ils ont eux-mêmes suivis.

Le manuel écrit par Michel Durigon et Michel Guenanten est devenu la référence pour la majorité des élèves, mais il ne suffit plus de le potasser pour être assuré de réussir le concours. Concernant le dernier examen théorique, il leur aurait fallu lire également celui de Paul Clerc, la thèse de Mélanie Lemonnier, la Petite Histoire de l’embaumement en Europe au XIXe siècle de Nicolas Delestre, ainsi que consulter Google et Wikipédia. Certes, on n’en sait jamais trop, mais le délai est court, et le programme de médecine est bien étoffé aussi.

Le numerus clausus a été mis en place pour réguler le nombre de nouveaux thanatopracteurs qui sont diplômés chaque année. Ainsi, seuls les meilleurs élèves peuvent accéder à la partie pratique. Il s’agit là de l’idée de départ, mais une question essentielle se pose aujourd’hui : les meilleurs en quoi ?

Lorsqu’ils accèdent à la partie pratique, on demande aux stagiaires de connaître les bases théoriques nécessaires pour être à même de se lancer dans la préparation des solutions d’injection, l’extériorisation des artères et les différentes ponctions. Ces gestes constitueront par la suite la plus grande partie de leur travail.

Il n’est pas question de remettre en question l’intérêt des cours de réglementation, de gestion et de sciences humaines de la mort. Tout cela est indéniablement utile dans la pratique quotidienne de la profession. Nous avons d’ailleurs tous suivi ces cours. Ce qui mériterait d’être cadré, en revanche, c’est le champ de ces connaissances, et surtout le contenu de ces cours.

Un programme unique est semble-t-il en préparation, et cela ne peut que réjouir les écoles comme les élèves. Harmoniser les cours ne rendra pas l’apprentissage plus facile, la somme de connaissances à acquérir en quelques mois reste conséquente, mais cela leur donnera l’assurance de disposer de la matière nécessaire, afin d’être en mesure de présenter des élèves ou de se présenter à un concours théorique dont les questions seront axées sur un contenu bien défini.

Il faut souhaiter qu’en plus des cours, on décide d’harmoniser également la terminologie. Depuis toujours, la thanatopraxie possède son propre lexique. Or, alors que ce dernier n’avait jamais encore été remis en question, il est devenu à présent un tracas supplémentaire pour les candidats, et un nouveau casse-tête pour leurs formateurs.

Décidons une fois pour toutes du sens des injections proximale et distale, qui ne varie pas seulement selon que l’on se trouve dans la partie thanatopraxie ou dans la partie médecine, mais aussi d’un concours à l’autre, ce qui n’est pas juste problématique, mais absolument insoluble, pour les enseignants comme pour leurs élèves. Continuons-nous pour extérioriser une artère, à prendre un séparateur, ou devons-nous vraiment à présent empalmer une lame séparatrice en supination ? Après tout, pourquoi pas ? Simplement, il faut que cela soit défini clairement.

Espérons que ce travail se fasse rapidement, pour que les élèves qui s’apprêtent à commencer leur formation théorique soient assurés de composer tous avec les mêmes chances le jour du concours, dont les résultats ne devraient plus rien devoir au hasard.
 
Claire Sarazin
Thanatopracteur
Formatrice en thanatopraxie

Résonance n° 167 - Février 2021

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