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Le sacré et le profane, affaire de spiritualité ?

Parler du sacré et du profane en quelques lignes est certes très ambitieux, aussi tenterons-nous de rester simple dans nos propos et audible pour tous. Si nous parlons de ces deux notions aujourd’hui, c’est tout simplement parce qu’elles font partie de nos quotidiens professionnels et que, ce faisant, elles nous renvoient à nos pensées les plus intimes, craintes ou espérances selon nos humeurs. La conduite d’une cérémonie d’hommage revêt un caractère sacré, même si elle est d’essence laïque. La laïcité n’empêche pas la spiritualité, et, si l’on se penche sur l’étymologie du mot "sacré", on s’aperçoit que son périmètre est beaucoup plus vaste qu’il n’y paraît de prime abord. Ce mot vient du latin "sacer", qui désigne ce qui est saint et, par extension, renvoie à ce qui a vocation à être respecté, protégé, sanctuarisé… et vénéré. L’adjectif "profane" – son contraire et d’une certaine façon son frère jumeau – vient du latin "pro fanum", qui signifie "en dehors du temple".

Quelques millénaires d’histoire se chargeront de creuser le fossé entre ces deux conceptions, ce qui nous renvoie à sa position d’un point de vue philosophique : cette dernière notion se définit par opposition à celle de sacré : est profane tout ce qui n’est pas sacré. Elle est définie dans un groupe humain fondé sur une initiation ou une révélation.

Et la spiritualité, dans tout ça ? Reconnaissons que celle-ci revêt des costumes différents selon le contexte et l’usage que l’on veut bien lui prêter. Est-ce pour autant un terme fourre-tout, un alibi en réaction aux dogmes religieux ? Ce serait un raccourci facile, qu’il faut éviter. L’ère post-moderne occidentale a bouleversé bon nombre de principes millénaires, notamment le fait religieux en France. La remise en cause de la séparation de l’Église et de l’État par certains, le refus de la soumission religieuse par d’autres, la propagation des moyens de communication numérique, la découverte de philosophies non occidentales font que l’homme moderne ne sait plus toujours où se tourner, se cherchant des clones préfabriqués auxquels il pourrait adhérer, comme le consommateur infidèle qu’il devient parfois.

Bien comprise, la spiritualité est fondée sur la notion plus large de "l’expérience intérieure" ou de la croyance. Pour le philosophe Kant, le discours devrait toujours faire référence à une expérience possible et ne jamais spéculer sur du vide. La philosophie concerne donc plutôt la "pensée", là où la spiritualité s’intéresse à "l’esprit", dans le sens spiritualiste du terme. Celle-ci est une notion valide aussi longtemps qu’elle ne fait pas "référence à des croyances, religieuses ou autres", et qu’elle se définit comme "l’incidence de la vérité sur le sujet".

Dans le contexte funéraire que nous connaissons bien, il est grand temps d’admettre que les familles ne se satisfont plus vraiment de pseudo-rituels qui mixent et singent le fait religieux quel qu’il soit, et qu’elles sont en recherche de moyens d’expression qui révèlent ce qu’est ou ce qu’a été leur existence. L’art subtil et sensible de l’opérateur va consister à mettre en œuvre des réponses et des moyens qui traduisent ces espérances, en réalité des exigences intimes.

La réflexion qui s’engage est profonde et essentielle. Sortir des sentiers rebattus du confort douillet du conformisme est toujours un exercice compliqué qui demande du temps, une introspection critique qui peut ne pas être agréable, mais qui finalement doit déboucher sur une nouvelle lecture de nos pratiques. Cela passe notamment par remettre au centre du dispositif l’humain dans toutes ses dimensions. Le temps est peut-être venu, pourquoi pas, de s’attacher des conseillers philosophiques pour éclairer nos pas ?
 
Maud Batut
Rédactrice en chef

Résonance n° 169 - Avril 2020

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