L’innovation, que ce soit dans le funéraire ou dans d’autres secteurs industriels, peut se révéler parfois surprenante, voire inattendue. Michel Georges, inventeur de son état depuis quelques années, ne déroge pas à la règle, et ne manque pas de susciter la curiosité avec l’une de ses récentes créations, un automate funéraire érigé en cénotaphe.

 

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Michel Georges.

Cet Alsacien de 67 ans, ancien professeur de mécanique au lycée de Sainte-Marie-aux-Mines, a le virus de l’invention et de la fabrication depuis de nombreuses années (inventions : vélo à double pédalier, siphon anti-fuite… côté fabrication : la plus grande grue de cinéma du monde sur rail, etc.), étant même détenteur d’une médaille d’argent de l’une des catégories du concours Lépine 2014.

Ayant son propre atelier, il conçoit et fabrique donc ses prototypes chez lui. L’aspect singulier du monument réalisé ici est la mise en mouvement des cendres. C’est l’idée principale qui a nourri son projet initial. D’où le concept de cénotaphe imaginé comme un automate funéraire (brevet FR 17 700 48). En effet, ce dernier comporte plusieurs "animations" en son sein. En premier lieu, à l’intérieur, on découvre un ensemble de double plateau tournant comportant chacun six réceptacles (dont un sablier pouvant effectuer une rotation).

L’extérieur se présente sous la forme d’un double module hexagonal superposé. La totalité de ce polygone est de 2,50 m de haut pour 1,50 de diamètre. L’un des six côtés de la partie haute est vitré, avec un volet occultant qui s’ouvre (de haut en bas) soit grâce à un détecteur de mouvement (plus particulièrement dans le cas d’un défunt "célèbre"), soit via un système type digicode, clé, carte à puce, etc., dans le cas d’une personne privée, la famille (et les proches) désirant alors être la seule à avoir accès au cénotaphe, préservant ainsi une certaine intimité.

Le niveau inférieur abrite les différents mécanismes, automatismes, moteurs et motoréducteurs. L’architecture générale est pensée pour être facile à fabriquer en grande série. Le monument est composé d’éléments autoportés à assembler une "ceinture" hexagonale assure la position des colonnes, les rainures aménagées dans les colonnes guident les panneaux, le toit à 6 pans coiffe l’ensemble). Le matériau utilisé pour le modèle prototype est le béton armé, mais d’autres matières sont utilisables, comme le granit.

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La partie interne est conçue comme un "présentoir" composé de douze niches (2 fois 6, sur deux étages). Sur le principe du plateau tournant mû par un moteur électrique, celles-ci se présentent successivement (durée programmable) au regard de la personne.

Ces petites alcôves peuvent accueillir, sous différentes formes, des représentations symboliques liées au défunt : des objets lui ayant appartenu ou illustrant sa vie, des photos, des dessins, des tableaux, etc., tous types d’expressions racontant l’histoire du cher disparu et/ou rendant hommage à celui-ci… Il est même possible aujourd’hui d’inclure des hologrammes et des scénettes avec des figurines issues d’impressions 3D.

Dans l’une des niches, on peut aussi mettre un écran (format tablette) à déclenchement automatique afin de diffuser un petit film vidéo. Dans une autre, un sablier design est installé, destiné à recevoir les cendres du défunt. Le procédé est dynamique et réversible. L’écoulement se produisant comme pour du sable, une fois que le contenant bas est plein, le sablier effectue une rotation, et le flux reprend. La giration est réalisée par un petit moteur électrique, faisant penser ainsi à un mouvement perpétuel, celui du temps qui passe…
Tout est programmable, personnalisable en fonction des souhaits exprimés. Différentes options pourront être choisies. Les douze réceptacles sont éclairés, et de la musique peut être diffusée. Afin que ceux-ci soient alimentés électriquement, un collecteur rotatif est utilisé. C’est un élément nécessaire pour créer une connexion électrique entre une partie fixe (stator) et une partie tournante (rotor) dans le cas d’une rotation multi-tours, là où une transmission par câble serait impossible.

Du point de vue technique, les motorisations sont alimentées par des batteries autonomes, rechargeables par des panneaux solaires. Le processus de fabrication industriel est relativement facile à concevoir, et l’utilisation du béton laisse un champ de possibilités assez large avec l’apparition ces dernières années de compositions décoratives avec une réelle variété de textures et de coloris.

Visuel, sonore, lumineux et en mouvement, sont réellement les maîtres mots de l’automate funéraire de Michel Georges.

Gil Chauveau

 

Résonance n°138 - Mars 2018

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