Face aux voix qui s’élèvent contre l’inhumationFace aux voix qui s’élèvent contre l’inhumationet la crémation, considérées comme trop polluantes,cette fiche propose de nouvelles alternatives, dont certaines commencent à être autorisées sur d’autres continents.La fiche opérationnelle WEKA, s’intègre dans une solution pratique et innovante pour répondre efficacementà l’ensemble de vos problématiques. Le service documentaire "Pratique des opérations funéraires" estun véritable outil d’autoformation qui vous accompagnera dans l’ensemble de vos missions.

 

Prevotaux Julien2017
Julien Prévotaux,Julien Prévotaux,chef de marché, responsable politique éditoriale.
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Les premières sépultures découvertes indiquent sans conteste que, très tôt dans son histoire, l’homme a souhaité protéger les corps des défunts en les préservant des prédateurs, et leur aménager une vie confortable dans l’au-delà en plaçant dans la tombe des objets familiers, des armes, voire des dépouilles d’animaux domestiques. Les tombes des pharaons égyptiens en sont un exemple remarquable.Les premières sépultures découvertes indiquent sans conteste que, très tôt dans son histoire, l’homme a souhaité protéger les corps des défunts en les préservant des prédateurs, et leur aménager une vie confortable dans l’au-delà en plaçant dans la tombe des objets familiers, des armes, voire des dépouilles d’animaux domestiques. Les tombes des pharaons égyptiens en sont un exemple remarquable.Si l’inhumation consiste à confier le défunt à la terre, la crémation au feu, les marins en mer confiaient leurs camarades décédés à l’eau et certaines tribus indiennes à l’air en déposant leurs défunts en haut de tours, offerts aux condors, oiseaux divins. Les quatre éléments étaient ainsi sollicités.Depuis 1887, en France, les familles ont le choix entre deux seuls modes de funérailles, l’inhumation et la crémation, mais d’autres pratiques jugées moins polluantes pour l’environnement voient le jour dans le monde. Cette fiche se propose de les analyser.

Pourquoi de nouveaux modes de funérailles ?

À l’heure où la sauvegarde de la planète devient une préoccupation de premier plan, certains scientifiques ont souhaité revisiter le traitement post-mortem de la dépouille mortelle humaine et son incidence sur l’environnement.En effet, certains constats mettent à mal le recours traditionnel à l’inhumation puisque, alors qu’il suffisait de 8 à 10 ans autrefois pour que les cadavres soient complètement décomposés, aujourd’hui, leur durée de conservation est plus longue. Ce phénomène se retrouve dans beaucoup de villes d’Europe, notamment en Allemagne, où un tiers des corps enterrés il y a 40 ans ne sont pas encore tout à fait décomposés. Si la présence de conservateurs dans l’alimentation a été mise en cause dans un premier temps, il semble plus probable que l’usage intensif de produits désherbants dans les cimetières ait fini par faire disparaître les bactéries qui assuraient la décomposition des corps.La crémation, qui connaît un essor important en Europe et en France ces dernières décennies, ne trouve pas non plus grâce, et connaît des détracteurs (nous ne reviendrons pas sur le débat philosophique et religieux concernant cette pratique). Il est en effet reproché à la crémation son recours aux énergies fossiles et, au-delà, l’enfouissement définitif des déchets ultimes issus des dispositifs de filtration (charbon actif chargé d’acide chlorhydrique, de dioxyde de soufre, de mercure, dioxydes et furanes).

L’aquamation

En opposition frontale à la crémation, l’aquamation est une pratique qui utilise l’eau à la place du feu. Cette alternative consiste à plonger le corps dans une eau en mouvement enrichie d’agents chimiques alcalins chauffée à 93°C. Après environ 4 heures d’immersion, les tissus ont été dissous, pour ne laisser subsister que les os. À l’instar des calcius, les os sont pulvérisés ensuite, et remis à la famille dans une urne. Dans l’absolu, l’eau utilisée pourrait être transformée en engrais destiné aux cultures.L’aquamation présente le double avantage de ne pas générer de rejets dans l’atmosphère et de nécessiter beaucoup moins d’énergie que la crémation. Symboliquement, la disparition du corps dans l’eau peut être considérée comme un retour du défunt dans les eaux primordiales. L’aquamation est une technique ancienne qui a été brevetée aux États-Unis en 1888 pour éliminer les restes des animaux, tout en s’assurant de la destruction des virus dont ils seraient porteurs, notamment celui de la maladie de la vache folle.

723dfccc985b5fd10d7910cb6975a97e aquamationAquamation.

La résomation

Cette autre alternative, la résomation, est proche de la précédente aquamation. On l’appelle également bio-incinération. Mise en place il y a une dizaine d’années par une société écossaise, elle consiste à plonger le corps du défunt dans de l’eau contenant de l’hydroxyde de potassium chauffée entre 150 et 180 °C avec une mise sous pression. Le procédé est ensuite identique, puisque les os sont pulvérisés et remis à la famille dans une urne. La consommation d’énergie est plus importante que l’aquamation, mais le procédé est plus rapide.À noterLe terme générique de ces deux pratiques d’aquamation et de résomation est la liquéfaction, ou l’hydrolyse alcaline. Les termes d’aquamation et de résomation correspondent au nom qui leur est donné par les sociétés qui les développent respectivement. Elles ont la particularité de supprimer le recours à l’usage d’un cercueil.

La promession

Cette pratique funéraire au caractère hautement écologique a été développée en Suède par le docteur Wiigh-Mäsak. Elle consiste à congeler le corps du défunt et son cercueil à -18°C pendant 10 jours, puis à le plonger dans l’azote liquide à -196°C. Placés ensuite sur une table vibrante, les éléments solides du corps devenus friables se pulvérisent. Vient ensuite la lyophilisation destinée à débarrasser les résidus de toute trace d’eau, et la filtration dans un dispositif aimanté qui extrait les éléments étrangers (métaux, appareillages divers, mercure, prothèses…). Les poudres récupérées sont rendues à la famille dans une urne biodégradable qui a vocation à être inhumée dans la terre et à se transformer en compost au bout d’une année. La famille peut immortaliser le lieu d’inhumation de l’urne par la plantation d’un arbre sur l’emplacement. Symboliquement, le corps est rendu à la terre, où il se régénère sous forme végétale.

L’humusation

Ce procédé va encore plus loin dans la démarche écologique puisqu’il consiste, comme son nom l’indique, à transformer le corps du défunt en humus. Pratiquement, le défunt emmailloté dans un seul linceul de lin ou de coton est déposé sur un tapis de 50 cm d’épaisseur composé de bois d’élagage et de lignite broyés. Il est recouvert de 2 mètres cubes de feuilles mortes, de paille broyée et des mêmes éléments que ceux constituant la couche. Cette préparation constitue un lieu où la famille peut se recueillir durant l’année que nécessite la transformation du corps du défunt en humus (la quantité estimée est de 1 à 2 mètres cubes).
La famille se voit proposer un seau de cet humus dans lequel sera insérée la pousse d’un arbre préalablement choisi destinée à être plantée dans une forêt dédiée, substitut du cimetière traditionnel.

À savoir

La question avait été posée au gouvernement sur une éventuelle légalisation de l’humusation. Arguant de l’incompatibilité de ce procédé avec l’article 16-1-1 du Code civil qui consacre le respect, la dignité et la décence obligatoirement apportés au traitement des restes des personnes décédées, ainsi que de l’absence de statut juridique des matières organiques issues de l’humusation, le gouvernement a renvoyé cette demande à la nécessité d’une réflexion approfondie.Ces pratiques, pour écologiques qu’elles soient, engendrent un temps d’attente accru avant de pouvoir restituer les "cendres" aux familles. Là où la crémation requiert 2 heures en moyenne, les candidats à la liquéfaction ou à la promession devront compter entre 4 et 10 heures suivant le gabarit du défunt. La perspective dans les années à venir d’un prochain papy-boom et son incidence prévisible sur le nombre de décès annuels risquent d’engendrer un encombrement des sites spécialisés dans ces nouvelles opérations funéraires.

L’aménagement de cimetières verts

Pour répondre au ralentissement du processus de décomposition des dépouilles mortelles, l’aménagement de cimetières naturels commence à se généraliser dans les pays anglo-saxons et, plus récemment, en France (par exemple, le cimetière de Niort en 2014). Ils sont régis par une charte obligatoirement signée par les familles, qui proscrit la pose de caveaux au profit de l’inhumation en pleine terre, la pose de monuments, l’utilisation d’engins motorisés pour creuser les fosses, et interdit d’utiliser des herbicides (la végétation y poussant de manière naturelle est uniquement entretenue par des méthodes naturelles) et de déposer des fleurs artificielles. Les défunts, exempts de soins de conservation, sont vêtus de fibres naturelles et déposés dans des cercueils entièrement biodégradables et non traités.

Existe-t-il d’autres méthodes actuellement ?

Nous aurions pu également citer la sublimation, qui consiste à transformer en quelques minutes un corps de l’état solide à l’état gazeux, l’énergie utilisée étant l’hydrogène. Cette technique a été proposée par un industriel français.

Ces pratiques sont-elles déjà mises en place dans certains pays ?

Oui, la résomation et l’aquamation, très similaires, sont autorisées dans environ quinze États américains, dont la Floride et, à compter du 1er juillet 2020, en Californie. Elles se développent également au Québec et en Australie. La promession est pratiquée en Scandinavie.

Références juridiques :Références juridiques :
- Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT)
- Code de la Santé Publique (CSP)
- Loi n° 2008-1350 du 19 décembre 2008 relative à la législation funéraire
- Loi du 15 novembre 1887 sur la liberté des funérailles- Réponse à la question écrite n° 20504 JO Sénat, 20 octobre 2016


Fiche opérationnelle WEKA

Résonance n° 144 - Octobre 2018

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations