Le GOFI (Groupement des Opérateurs Funéraires Indépendants) s’est réuni le 23 janvier dernier pour la tenue d’une journée de réflexion et de stratégie, une splendide occasion de faire le point et de définir les priorités pour le Groupement. Bien comprendre ce que veut dire "indépendance", vision prospective du marché funéraire pour les années à venir et mutations prévisibles de la profession, d’excellentes questions qui appellent des réponses claires et des actions rapides. Entretien avec Nicolas Grenouilleau, adhérent au GOFI et entrepreneur dans la vie professionnelle, comme dans la vie tout court…

 GOFI

Touchard Valerie Grenouilleau Nicolas
Valérie Touchard. Nicolas Grenouilleau.

Présidé par Valérie Touchard et accompagné par Denis Lourdelet, son vice-président, le GOFI affiche depuis sa création une forte volonté fédératrice des indépendants du funéraire. Ce secteur professionnel du funéraire rassemble les PME de l’Hexagone afin de mieux faire valoir leurs spécificités face aux grands groupes, ainsi qu’auprès du secteur financier désormais omniprésent.

Nicolas Grenouilleau pour sa part est représentatif de ce segment économique. PME indépendante, bonne emprise sur son territoire, savoir-faire indéniable, esprit d’entreprise et d’innovation, une volonté permanente d’apporter le meilleur service et accueil au meilleur coût… Nicolas Grenouilleau est un peu l’archétype de l’opérateur funéraire indépendant et qui veut le rester, mais pas n’importe comment. Rejoindre le GOFI est donc porteur de sens pour sa démarche, et il le fait savoir sans détour.

Résonance : Nicolas Grenouilleau, être indépendant aujourd’hui est-il porteur de sens ?

Nicolas Grenouilleau : Oui, cela a un sens. Pour notre part, nous avons repris avec mon frère Gaëtan l’activité de nos parents il y a maintenant cinq années, et lors de cette reprise, nous avions deux petites maisons funéraires et nous avons surtout cherché à aller à contre-courant de ce qui se passe dans la profession ; c’est-à-dire, plutôt que de faire de la croissance externe, nous nous sommes lancés dans la création d’établissements avec un concept dupliqué et une même volonté de service et de proximité.

Nous sommes venus au GOFI parce que nous sommes partisans de la solidarité sur le plan professionnel et que l’échange d’expérience est vecteur de progrès pour tous. Nous avons eu connaissance du projet GOFI et, lors de nos premiers contacts avec Valérie Touchard, nous avons été séduits par l’esprit collaboratif qui règne et la recherche de solutions pour des problèmes que nous avons tous en commun. Notre volonté de nous impliquer concrètement et de faire bouger ensemble les lignes fait le reste. Donc, nous retroussons les manches et nous avançons pour le bien commun.

R : Y a-t-il un esprit GOFI ?

NG : Oui, il y en a un. Être indépendant a une signification, c’est une philosophie qui impose un certain nombre de prérequis et il faut en accepter les conditions. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Nous n’avons pas envie de devenir des exécutants, car cette posture se ferait au détriment du service apporté aux familles. Le contexte d’une opération funéraire n’est pas que la réalisation d’une prestation financière, c’est avant tout et surtout la prise en compte d’une souffrance, celle d’une famille affectée par la perte d’un proche, c’est également un contexte économique parfois tendu, et notre mission est de mettre en harmonie ces différents facteurs pour que l’instant des obsèques ne soit que celui du recueillement. Il faut donc une lecture intelligente des services proposés, un regard humaniste, mais également celui d’un gestionnaire d’établissement mettant une priorité sur la qualité des services.

R : Concrètement, quel est votre apport au GOFI, et que recevez-vous en partage ?

NG : Il y a eu une véritable montée en puissance du Regroupement, le dynamisme des fondateurs y est pour l’essentiel ; maintenant, il faut faire vivre le quotidien et le développer. Pour rassurer les porteurs de contrats obsèques, il faut bien sûr l’assurance d’un niveau qualitatif homogène sur l’ensemble du Regroupement funéraire. La solution réside sûrement pour partie dans la mise en œuvre d’un label commun et reconnu. Bien sûr, cela ne se fait pas en un jour, et le but de nos rencontres professionnelles est justement de tracer des perspectives nouvelles, de consolider le GOFI et de structurer nos moyens opérationnels par des apports de compétences efficients.

Pour ma part, je considère que le Regroupement est bien fourni, il y a une richesse dans les différents savoir-faire des indépendants qui le composent. Maintenant, il faut valoriser ce savoir-faire, affirmer le savoir-être, donc le faire savoir haut et clair auprès des bons interlocuteurs et décideurs du funéraire et des intérêts financiers en présence. Le partage d’expérience permanent que nous effectuons les uns les autres est une richesse et profite à la valorisation de nos entreprises. L’émulation fait ses preuves, c’est une marque de qualité du GOFI.

R : Lorsque vous parlez de réseau, est-ce réellement la signification entendue dans le funéraire ?

NG : Nous n’avons pas vocation à devenir une centrale d’achat ou de référencement. Nous respectons l’indépendance des adhérents au GOFI et leurs spécificités. En revanche, le partage d’expérience, la valorisation de nos activités auprès des portefeuilles obsèques est le but affiché de notre Groupement. Personne n’ignore que les obsèques de demain sont détenues pour partie par des opérateurs financiers de premier rang, mais la problématique obsèques n’est pas qu’une histoire d’argent, il ne faut pas sous-estimer le maillon sensible de la chaîne, constitué par les familles, et l’impact désastreux qu’aurait un seul regard financier sur la gestion de cet épisode.

Notre volonté est donc d’afficher un discours commun, des services de qualité reconnue et prouvée, un maillage étroit du territoire national, une proximité avec les familles, qui sera bénéfique pour tous en fin de compte. Nous conjuguons nos différentes expertises au sein de commissions internes.
D’un discours B2B (business to business), nous évoluons vers une communication B2C (business to consumer). Nous aurons donc un affichage labélisé commun qui affirmera notre identité, notre savoir-faire, et personne ne pourra nous confondre avec d’autres "indépendants" qui n’en sont plus vraiment. La transparence tant envers les donneurs d’ordre qu’envers les familles est essentielle pour l’avenir de nos activités.

R : Cette “labellisation“ devient-elle le fer de lance du GOFI ?

NG : Bien sûr, ce qui se comprend bien s’énonce clairement. Depuis la libéralisation du secteur funéraire, on a assisté notamment à une atomisation des opérateurs. Aujourd’hui, nous sommes dans un schéma inverse, les grands groupes achètent de nombreuses PME pour constituer des réseaux, qui à leur tour se revendent. Sans être un oiseau de mauvais augure, nous ne sommes pas loin d’une problématique monopolistique sur certains points de l’Hexagone, de position dominante certainement. Or donc, faire valoir et faire savoir notre spécificité GOFI est essentiel dans l’information des familles usagères du funéraire, consommateurs assurément.

Le service et sa qualité auront donc un rôle déterminant à jouer, et notre Groupement y aura une place de choix. Nous évoquions également le savoir-être de nos adhérents, des opérateurs qui pratiquent avec conscience leur activité. Cette attitude positive et de confiance méritée fait partie des valeurs fondatrices du GOFI et comptez sur nous pour le faire savoir auprès de qui de droit : les familles. Le GOFI n’est donc pas un réseau de plus, mais bien la première puissance des opérateurs indépendants, une puissance économique, une puissance éthique, un authentique levier qualitatif sur nos territoires. Les familles ne s’y trompent pas.

Jérôme Maniaque

Résonance n° 157 - Février 2020

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