Dans la belle région du Médoc, à Pauillac, AFF (Artis Funéraire Fabrication) conçoit et fabrique des articles funéraires, principalement des plaques, en utilisant des matériaux composites (intégrant des poudres de granit, marbre, schiste, etc.) qui offre une palette de textures et une variété de moulages impressionnantes et originales. Nous nous sommes entretenus avec son gérant, Éric Ostins, pour en savoir plus…

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Gamme "Luxe".

 

 Urnes Imprime Tissu01 fmtUrnes imprimées tissu.

AFF a été créée en Gironde il y a une trentaine d’années. La société comprend trois associés : Éric Ostins, Éric Hiriberry et Bruno Le Rouzic. Au départ, l’activité de l’entreprise était orientée vers la sous-traitance industrielle, plus précisément dans la "décoration" d’intérieur (utilisant des matériaux composites) pour les bus Renault et pour des marques de bateaux de luxe. À l’occasion de la réalisation d’une commande particulière pour une société de Cognac (présentoirs de bouteilles en faux marbre), l’idée est venue aux dirigeants, dans le cadre d’une adaptation aux évolutions des marchés économiques locaux, de développer cette technique de marbre de synthèse et de ce savoir-faire acquis dans les "composites".

Le composite, base d’une mutation

"Ainsi, petit à petit, nous avons fait des plaques funéraires, cela commencé à bien se vendre dans notre région. Puis on a développé au niveau national. Et maintenant, nous ne faisons plus que du funéraire. Cela s’est fait progressivement, avec l’aide, si je puis dire, de la disparition (dépôts de bilan) de nos donneurs d’ordres. L’avantage de se retrouver sur le marché funéraire, c’est que nous avions une multitude de clients différents et que nous fabriquions et vendions nos propres produits", indique Éric Ostins.

Le composite est élaboré à partir de charges(1) minérales (marbre concassé, par exemple) venant de fournisseurs situés dans le Sud de la France effectuant des extractions dans les carrières pyrénéennes. Ces charges sont mélangées à de la résine qui sert de liant, de colle pour obtenir un amalgame que l’on peut couler dans les moules. Le procédé du moulage offre un grand nombre de possibilités, tant dans la réalisation de formes "connues", comme le livre ouvert, le parchemin, la croix, la vague, etc., que dans la conception de compositions totalement originales. AFF dispose de son propre bureau de création, avec graphiste et sculpteur. Éric Ostins dessine d’ailleurs de nombreux modèles, cela faisant partie de ses compétences et étant aussi l’une de ses passions.

Une technique innovante et rigoureuse

"Les poudres que nous utilisons sont calibrées, avec une granulométrie très précise que nous avons mise au point. Cela permet d’avoir un équilibre entre charge minérale et résine. C’est une technique rigoureuse qui joue à la fois sur le coût de la plaque (la résine étant onéreuse) et sur la qualité du produit fini. Celle-ci, par rapport au granit qui coûte très cher à usiner, notamment pour des pièces complexes, nous laisse une grande liberté de fabrication, même dans le domaine des couleurs. En effet, on peut élaborer des teintes de marbre qui n’existent pas à l’état naturel, avec des veinages or, argent, vert ou bleu, des pailletés ou des associations inhabituelles."
Les collections produites par AFF sont donc très variées avec, pour les "composites", des plaques funéraires classiques, souvent des best-sellers en matière de vente, mais aussi beaucoup de créations visibles, entre autres, dans le catalogue "Contemporain" (tendance plus design) avec les séries "Black and White" (utilisation ici de poudres minérales blanche et noire), "Moderne" (apparence martelée) ou "Sculpture".

Proposer des collections inédites

AFF étant toujours en quête d’innovations et de nouvelles offres, elle propose maintenant une gamme de produits "Schiste" (aspect ardoise), dont l’une des particularités est le relief de la texture, donnant réellement l’impression d’une plaque d’ardoise. Ce relief est en réalité sculpté, et il peut être ainsi reproduit autant de fois que l’on veut. La charge minérale est noire, mais ce n’est pas de l’ardoise broyée. Au final, le rendu est vraiment bluffant. Et cette méthode autorise toutes sortes d’incrustations.

"Nous avons également mis au point depuis trois ans ce que nous appelons la "stratographie". Il s’agit d’un procédé innovant de reproduction permettant l’impression de tous types d’images, textes, photos ou dessins sur une plaque, avec un résultat d’une qualité exceptionnelle. L’image est transférée sur un "gel colle" incolore, sur la plaque composite. Ensuite, un vernis final est apposé. Le seul inconvénient est sa durée limitée dans le temps, car, pour l’instant, les encres utilisées pour l’image numérique vieillissent moins bien en extérieur que les autres supports. Nous sommes, depuis un an, sur l’étude d’une amélioration de ce système(2). Mais c’est déjà une formule qui fonctionne très bien et qui remporte un réel succès, puisque représentant actuellement près de 40 % de nos ventes."

Explorer de nouveaux marchés

Les plaques "stratographiques" entrent dans le cadre d’une personnalisation quasi infinie (5 formats différents, avec sélection possible du fond, de la photo et du texte) pour l’opérateur funéraire avec un choix de plus 320 images déjà disponibles sur le site d’AFF, plus des nouveautés bientôt accessibles. On peut mettre plusieurs photos, faire des montages graphiques, ajouter du texte, incorporer la ou les photos du défunt, de son environnement, etc. Et cela pour un prix intéressant. Chaque client peut créer sa ligne d’articles personnalisés et cela devient aujourd’hui, pour les familles, un objet coup de cœur.

"Enfin, l’un de nos derniers développements est tout récent, puisqu’il date d’il y a un an. Nous avons étendu notre savoir-faire sur une gamme d’urnes (4 litres, 3,5 litres et 3 litres), segment où nous n’étions pas précédemment présents. Celles-ci comportent un fond sélectionnable parmi 45 décors "Standards", et elles sont personnalisables par ajout de la photo du défunt, de son nom, de son prénom et de la date du décès. Le couvercle est, lui, disponible en trois coloris : bronze, argent, ou cuivre, et on y imprime une médaille assortie au décor de l’urne. L’ajout éventuel de la photo de l’être cher disparu finalise l’individualisation de l’objet. Pour faire simple, la méthode de fabrication utilise notre recette du composite et l’impression sur tissu. La qualité est au rendez-vous, avec une très bonne définition de l’image", conclut Éric Ostins.

Aujourd’hui, AFF est une entreprise de 17 personnes, dont 4 commerciaux, qui couvrent la quasi-totalité de la France. Seules la Bretagne et la Normandie ne bénéficient pas des plaques funéraires manufacturées par la société d’Éric Ostins et de ses deux associés. Mais cela fait bien sûr partie des perspectives de déploiement pour les mois à venir.

Gil Chauveau

Nota :
(1) On désigne sous le nom général de "charge" toute substance inerte, minérale ou végétale qui, ajoutée à un polymère de base, permet de modifier de manière sensible les propriétés mécaniques, électriques ou thermiques, d’améliorer l’aspect de surface, ou bien, simplement, de réduire le prix de revient du matériau transformé.
(2) L’image est imprimée sur un support textile, lequel est mis dans le moule… Le procédé est actuellement en phase de test… Affaire à suivre !

Résonance n°128 - Mars 2017

Instances fédérales nationales et internationales :

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